"Le président maquillé": la sociologue Monique Pinçon-Charlot invente le nouveau surnom de Macron

Anaïs Condomines
Publié le 22 septembre 2017 à 20h41, mis à jour le 22 septembre 2017 à 21h10
"Le président maquillé": la sociologue Monique Pinçon-Charlot invente le nouveau surnom de Macron
Source : LIONEL BONAVENTURE/AFP

ENTRETIEN - A l'occasion de la sortie du livre "Panique dans le 16e", nous avons rencontré la sociologue, spécialiste de la grande richesse Monique Pinçon-Charlot. Elle avait surnommé Nicolas Sarkozy "le président des riches" - titre dont il a eu bien du mal à se défaire. Pour Emmanuel Macron, un nouveau surnom est déjà trouvé.

Sarkozy leur doit beaucoup. Du moins, il leur doit un surnom. Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, sociologues de la très grande richesse, publiaient en 2010 l'ouvrage "Le Président des riches. Enquête sur l'oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy". Repris  dans les titres de presse, le pseudo a largement collé à la peau de l'ex-locataire de l'Elysée.

Nicolas Sarkozy a quitté la vie politique. Mais le duo de sociologues, lui, planche encore. Ils viennent de publier, aux éditions La ville brûle, "Panique dans le 16e", une enquête sur la mobilisation des grands bourgeois face à l'installation d'un centre d'hébergement d'urgence dans leur quartier. Au cours d'une rencontre, ce vendredi 22 septembre, avec Monique Pinçon-Charlot, nous lui avons logiquement posé la question : "Si Sarkozy était le président des riches, qui est Emmanuel Macron ?"

Un "roman marxiste du 19e siècle"

La réponse ne se fait pas attendre - mais elle ne ravira certainement pas l'ancien candidat d'En Marche. "Emmanuel Macron, c'est aussi le président des riches, mais on ne peut pas donner deux fois le même titre" plaisante la sociologue d'inspiration marxiste et bourdieusienne. Elle poursuit : "Pour l'instant, je l'appelerais plutôt le 'Président maquillé', dans le double sens du terme : d'abord parce qu’il a des frais de maquillage importants, mais aussi parce qu’il avance masqué."

Et la sociologue, auteure avec son époux des "Ghettos du gotha", de s'expliquer : "Aujourd’hui, on est en plein dans un roman marxiste du 19e siècle. En Marche, c’est le plus grand bond en arrière qu’on est en train de vivre, c’est une régression sociale incroyable.  Emmanuel Macron avance masqué comme personne ne l’a fait. Il proclame le blanc pour mieux faire le noir. Jamais quelqu’un n’avait été aussi autoritaire avec ces sytèmes d’ordonnances, réalisés tout de suite pendant le mois d’août et détricotant le code du travail à la défaveur massive des travailleurs, à la faveur massive des plus riches."

Celle qui fut candidate sans étiquette (et sans succès) aux élections législatives dans les Hauts-de-Seine déplore enfin ce qu'elle décrit comme " un processus de déshumanisation". " La valeur de la vie humaine est en train d’être plus que malmenée" conclut-elle. "Le Président maquillé" : est-ce ainsi dont on se souviendra d'Emmanuel Macron ? Il ne serait pas surprenant que le surnom résonne désormais dans les cortèges des opposants au gouvernement.


Anaïs Condomines

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