FUITE DES CERVEAUX – Le député frondeur Pouria Amirshahi annonce vendredi qu'il quitte le PS, jetant un regard désabusé sur le système politique en général. Sa démarche en rejoint d'autres, principalement à la gauche du PS, qui ont ponctué le mandat de François Hollande sur le thème du reniement.
Le vieil arbre du Parti socialiste continue de perdre ses feuilles. A 13 mois de la présidentielle, le député de l'aile gauche Pouria Amirshahi, frondeur de la première heure, a annoncé vendredi qu'il quittait son parti pour de nouvelles aventures citoyennes.
Au-delà de cette démission, qui est loin d'être la première, c'est le caractère désabusé de ce départ qui frappe. Dans l'interview au Monde où il l'annonce, Pouria Amirashi explique ainsi qu'il quitte le PS "et le monde des partis en général, rhizomes d'un système institutionnel à bout de souffle". Il fustige des partis qui "sont devenus des machines électorales sans grande conviction", "au mieux incapables, au pire dangereux comme par exemple le Front national". Le député, qui ne se représentera pas en 2017, compte retourner à la vie professionnelle et faire de la politique par d'autres moyens, à savoir le Mouvement commun qu'il a initié courant 2015 avec des personnalités à gauche du PS. Le départ de Pouria Amirshahi, qui s'était opposé aux réformes Macron, à la déchéance de nationalité et très récemment au projet de loi sur le travail, est le dernier d'une longue liste de défections amorcée dès la première année de mandat de François Hollande, et qui s'est accélérée sous les gouvernements Valls. Revue des principales pertes.
La défection du député rappelle le départ récent de Martine Aubry et de plusieurs de ses proches de la direction du PS pour protester contre la tournure prise par le projet de loi El Khomri sur le travail, selon eux, inspiré par le patronat. Si ces derniers n'ont pas pour autant quitté le PS et encore moins renoncé à la vie politique, leur divorce est très symbolique.
Avant Pouria Amirshahi, un autre député avait quitté le groupe PS à l'Assemblée nationale et le PS tout court. En juin 2015, le frondeur Philippe Noguès (Morbihan), très remonté contre la loi Macron, avait claqué la porte en dénonçant un PS qui "s'est droitisé, social-libéralisé" , ayant "basculé du mauvais côté de la force". "La fierté que je ressentais ce 17 juin 2012 s’est transformée d’abord en désenchantement, puis, je dois l’avouer, en un peu de honte", avait-il écrit pour enfoncer le clou.
C'est le mot de Christophe Perny, l'ancien président socialiste du département du Jura, qui a quitté le navire PS en mars 2015 , après sa défaite aux élections départementales. Il n'hésitait pas à comparer le Premier ministre "à un pilote d'avion enfermé dans son cockpit", qui "nous mène à un suicide collectif. Il concluait : "il faut qu'il sorte de cette cabine pour arrêter de donner tous les pouvoirs à la droite".
Les socialistes sont divers et ils doivent le rester. #E1matin — Jean-Chr. Cambadélis (@jccambadelis) 2 mars 2016