L'avion "ne doit plus faire partie des rêves d'enfants" : la maire de Poitiers se défend après la polémique

Publié le 3 avril 2021 à 19h14, mis à jour le 6 avril 2021 à 10h13

Source : TF1 Info

ECOLO BASHING ? - L'aérien ne doit "plus faire partie des rêves d'enfants". Les mots de la maire EELV de Poitiers, Léonore Moncond'huy sont conspués à droite comme à gauche. Sur TF1, l'intéressée se défend.

Après les sapins de Noël à Bordeaux puis les plats sans viande à Lyon, voilà que les Verts sont accusés de briser les rêves des plus petits. Un court extrait du conseil municipal du 29 mars à Poitiers, ville gouvernée par Europe Écologie Les Verts, ne cesse d'être conspué depuis plus de 24 heures sur les réseaux sociaux. Dans cette vidéo, on entend la maire Léonore Moncond'huy défendre bec et ongles le choix de la Ville de supprimer une partie des subventions accordées à trois aéroclubs. Parmi ses arguments, elle estime que "l'aérien" ne devrait "plus faire partie des rêves d'enfants aujourd'hui". 

"Elucubrations moribondes" ou "urgence écologique"

La petite phrase a attisé la colère de nombreuses personnalités politiques. À commencer par le pilote de ligne que compte l'exécutif : Jean-Baptiste Djebbari, qui a donné tout son écho à la séquence. Sur Twitter, le ministre des Transports a fustigé vendredi 2 avril des "élucubrations autoritaires et moribondes", citant l'écrivain et pilote Saint-Exupéry. Dans la foulée, des élus de gauche comme de droite ont fustigé la maire. De Jean-Luc Mélenchon, qui a invoqué Icare et son rêve mortifère de voler, à Eric Ciotti en passant par Marine Le Pen, pour qui l'élue s'en prend "aux rêves des enfants", chacun a eu son mot pour défendre ces petits clubs d'aviation locaux et, au-delà, le secteur aérien. La porte-parole de LaRem, Maud Bregeon, originaire de Poitiers, a quant à elle accusé cette position d'être "dogmatique", "cynique", et "triste".

Avant que la vidéo ne devienne virale, partagée notamment par le compte Aerocitoyen, la majorité EELV de Poitiers se défendait déjà de tout dogmatisme. Questionné par des représentants LaREM dans le cadre de la présentation du budget de 2021, c'est d'abord le jeune élu Maxime Pédeboscq qui a plaidé pour cette baisse. Délégué à la politique sportive, il a expliqué avoir fait ces arbitrages en répondant à une triple priorité. "L'urgence écologique, sportive et climatique." Au cours de sa présentation, il a notamment rappelé que "réduire le montant des subventions" de ces aéroclubs répondait à un objectif écologique sans pour autant "porter atteinte à leur fonctionnement".  

Une position ensuite appuyée par la maire, pour qui il existe un "impératif". "Agir" pour l'environnement avec "une gestion de l'argent public qui prend en compte ces urgences". De fait, pour Léonore Moncond'huy, il ne s'agit en aucun cas d'une simple  "position dogmatique", étant donné que la survie des aéroclubs n'est pas, selon elle, menacée, mais simplement d'une "question de responsabilité vis-à-vis de l'argent public". Et cette décision "en fait partie". "C'est un signal que nous souhaitons envoyer et que nous assumons quand bien même c'est parfois difficile à faire."

Je me suis engagée dans l’écologie pour pouvoir offrir aux enfants des rêves désirables et responsables
Léonore Moncond'huy, maire de Poitiers, à TF1

Ce n'est qu'après cette plaidoirie d'une dizaine de minutes que la maire EELV a fini par évoquer "les rêves d'enfants", que l'élue LaREM Isabelle Chedaneau l'accusait de briser en référence à l'association "Rêves de gosses" qui offre notamment à des enfants handicapés des baptêmes de l'air. Si elle concède qu'elle aussi a imaginé plus jeune "prendre l'avion pour aller à l'autre bout du monde", l'édile estime qu'il appartient désormais à la politique de "préserver" les plus jeunes de ces idéaux fondés "sur des ressources épuisables". "Vous avez eu une intervention [], qui vise à me faire entendre que c'est nuire aux enfants que de remettre en question les subventions aux clubs aériens. Je considère au contraire que c'est les protéger", a-t-elle conclu en fin de propos.

De fait, au-delà des considérations locales, la polémique s'inscrit dans un débat plus large. Celui de l'impact de l'aviation sur le climat et les manières d'en réduire les effets. Face à l'urgence climatique, la maire de Poitiers assume vouloir "revoir l'ensemble de [son] logiciel" de fonctionnement. Et de rappeler : "C'est ce pour quoi nous avons été élus." 

Sur LCI, la porte-parole d'EELV, Eva Sas, ne dit pas autre chose : "On s'émeut du dérèglement climatique, mais à chaque fois qu'il faut faire des choix, on les remet à plus tard. Faire de la politique, c'est faire des choix. Ce n'est pas à la puissance publique de subventionner ce type de loisirs" 

Après le Tour de France, les "rêves d'enfants"

Face  à l'ampleur de la polémique, Léonore Moncond'huy a finalement reconnu une maladresse, mais se justifie  : "Je me suis engagée dans l’écologie pour pouvoir offrir aux enfants des rêves responsables et désirables pour l’avenir", explique-t-elle à TF1 (voir la vidéo en tête de cet article). "On ne peut  absolument pas m’accuser de vouloir remettre en question des rêves d’enfants." Quant au secrétaire national du mouvement, Julien Bayou, il n'y voit qu'une polémique "futile". "Tout le monde a le droit de rêver de ce qu’il veut. Ce n’est pas l’enjeu. La transition écologique est porteuse d’un imaginaire extrêmement riche", réagit-il sur TF1, citant notamment l’avion solaire de Bertrand Piccard. "L'enjeu est d'attaquer les écologistes, quoiqu'il en coûte", déclare-t-il encore à nos confrères du Parisien

Alors, "écolo bashing" ou vrai débat sur le rôle de l'avion ? À quelques mois des élections régionales, la polémique sur les "rêves d'enfants"après celle du Tour de France, dont le maire de Lyon avait critiqué le mauvais bilan carbone, reviendra, à coup sûr, en boomerang dans la campagne.

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Felicia SIDERIS

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