Les Républicains : l'islam, l'invité qui dérange

Publié le 3 juin 2015 à 18h15
Les Républicains : l'islam, l'invité qui dérange

LIGNE DE CONDUITE - La première réunion thématique des Républicains se tiendra jeudi, avec pour thème l'islam. Une rencontre à huis clos pour éviter d'étaler les divergences massives au sein de la droite sur cette question. Et trouver une ligne de conduite cohérente, ce qui n'est pas gagné.

Lorsque Nicolas Sarkozy l'avait annoncée, en février , il était question d'une ambitieux débat ouvert sur l'islam. A la veille de la première rencontre thématique des Républicains, c'est à peine si l'on évoque une "réunion de travail". Et à huis clos, s'il vous plaît. Le parti de droite s'est fendu, mercredi, d'un communiqué laconique précisant même que "cette journée ne fera l’objet d’aucune communication sur le contenu des échanges, ni sur les enseignements auxquels ils pourraient conduire". La porte ouverte à toutes les fuites, bien sûr, sur un sujet aussi brûlant.

Jeudi donc, une poignée d'élus locaux, de responsables du Conseil français du culte musulman (CFCM), de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et de "spécialistes de la laïcité" sont conviés à un entre-soi à l'objectif ambitieux : accorder des violons dissonants sur la deuxième religion de France. "On va essayer de fixer un cadre où chacun puisse s'y retrouver", nous résumait, prudent, le député Eric Ciotti mardi, dans les couloirs de l'Assemblée nationale. Y a-t-il une chance de faire converger des visions si différentes ? "On va essayer", répétait le secrétaire général adjoint des Républicains.

Nouvelle polémique sur le voile

Car les visions, justement, ne cessent de s'opposer depuis trois mois. Lorsqu'il avait annoncé cette rencontre, Nicolas Sarkozy avait présenté sa nouvelle ligne : l'assimilation plutôt que l'intégration. "La question, disait-il aussi, n'est pas de savoir ce que la République peut faire pour l'islam, mais ce que l'islam peut faire pour devenir l'islam de France". Dans la foulée, le patron de l'ex-UMP s'était prononcé pour la suppression des menus alternatifs au porc dans les cantines scolaires et pour l'interdiction du voile à l'université .

Des prises de position qui ont fortement courroucé à droite. Son concurrent pour la présidentielle 2017, Alain Juppé, avait rétorqué que "l'idée d'assimiler les gens, d'effacer leurs différences, n'a pas de sens." Quant à la fameuse réunion de travail, Nathalie Kosciusko-Morizet, la numéro 2 des Républicains, avait tout simplement jugé que c'était "une mauvaise idée". Elle donnait, disait-elle, le sentiment que "le premier sujet, pour cette formation politique, c'est l'islam". Voilà qui augurait déjà mal de la journée de jeudi.

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D'autant que l'état-major des Républicains attend jeudi un rapport sur le sujet - confidentiel, bien sûr - rédigé l'ex-plume de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, et le député Gérald Darmanin. Un affichage public des divisions sur ces questions serait du plus mauvais effet, cinq jours après le congrès fondateur du parti.

Alors certains adoptent la méthode Coué. "Si le travail a été bien préparé en amont, il sera possible de trouver un terrain d'entente", explique à metronews Hervé Mariton, qui dénonçait il y a peu le manque de "travail de fond de la droite sur l'islam". Seul regret pour le député de la Drôme, qui a dévoilé début mai ses propres propositions  sur le sujet : "J'aurais préféré quelque chose de plus ouvert que ce huis clos", regrette-t-il auprès de metronews. Le prix à payer, sans doute, pour éviter une première querelle dans la famille recomposée des Républicains.


Vincent MICHELON

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