Martine Aubry demande une "réorientation de la politique économique"

Publié le 19 octobre 2014 à 8h55
Martine Aubry demande une "réorientation de la politique économique"

POLITIQUE – Dans une interview au Journal du Dimanche, la maire de Lille démonte la politique économique de François Hollande et apporte officiellement son soutien aux "frondeurs" du Parti Socialiste.

Elle s'est faite plutôt discrète depuis le début du quinquennat. Martine Aubry passe à l'offensive en éreintant la politique économique de François Hollande et de Manuel Valls et en se posant clairement en chef de file des députés PS frondeurs. "Je demande qu'on réoriente la politique économique. Il faut emprunter le bon chemin dans les deux ans qui viennent faute de quoi la gauche va échouer", lance-t-elle en direction du chef de l'État, qui l'a battue lors des primaires de 2011 pour la présidentielle. "Je ne me résigne pas à la victoire de la droite en 2017", lâche-t-elle encore.

Dans le JDD, si elle admet que l'exécutif a accompli quelques "bonnes choses" - elle cite en une petite phrase "le retour de la France sur la scène internationale, les moyens complémentaires donnés à la police, à la justice, à l'éducation, la retraite à 60 ans pour les longues carrière"- , tout le reste de l'interview est un réquisitoire contre l'action du tandem Hollande-Valls. "Nous avions prévu qu'à mi-mandat, la croissance serait revenue, le chômage en repli et les déficits réduits en deçà de 3 %. Ce n'est pas le cas. Il nous faut trouver au plus vite le bon réglage des politiques économiques qui permettra de sortir la France de la crise", assène-t-elle à la veille du vote en première lecture de la partie recettes du budget 2015.

Vitesse supérieure

"Regardons la vérité en face. La politique menée depuis deux ans, en France, comme presque partout ailleurs en Europe, s'est faite au détriment de la croissance. Je demande une inflexion de la politique entre la réduction des déficits et la croissance". Si la maire PS de Lille avait déjà donné de la voix ces derniers mois en s'insurgeant contre la réforme territoriale et l'abandon de l'encadrement des loyers, elle semble aujourd'hui être passée à la vitesse supérieure. Elle a d'ailleurs lancé une deuxième salve en publiant dans la nuit sur internet sa contribution aux États généraux du PS, où elle plaide pour "une nouvelle social-démocratie", un projet qui n'est, insiste-t-elle, "ni le libéralisme économique, ni le social-libéralisme".

Un texte signé à ce stade par 34 responsables socialistes: des frondeurs comme Jean-Marc Germain et Christian Paul, des présidents de région (Jacques Auxiette, François Bonneau, Marie-Guite Dufay et René Souchon), les ex-ministres François Lamy et Philippe Martin, des présidents de conseils généraux (Matthieu Klein, André Vezinhet) mais aussi des députés non étiquetés "frondeurs".

Candidate...au débat d'idées

Surtout, si ses amitiés avec certains "frondeurs" -un qualificatif qu'elle rejette- étaient connues, Martine Aubry franchit un pas supplémentaire en disant pour la première fois publiquement "partager leurs propositions" économiques et "regrette" au passage "que le Parlement n'ait pas pu en discuter" dans le cadre du Pacte de responsabilité et de solidarité.

"J'espère que la prise de conscience sera là, que le débat aura lieu. En tout cas, plus on sera nombreux à le dire à gauche -élus nationaux ou locaux, mais aussi dans la société civile- plus on aura une chance d'être entendus", lance-t-elle en guise d'avertissement. Un discours assumé qui pose très clairement Martine Aubry en recours à gauche. Pourtant, promis juré, elle n'est "candidate" à rien d'autre qu'au "débat d'idées".


La rédaction de TF1info

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