Michel Rocard contre la guerre d’Algérie : le combat fondateur

Publié le 3 juillet 2016 à 15h27
Michel Rocard contre la guerre d’Algérie : le combat fondateur

CONVICTION - Parmi les nombreux engagements qui ont forgé les convictions de Michel Rocard, mort samedi à l’âge de 85 ans, son opposition farouche à la guerre d’Algérie est sans doute fondateur.

Il aura suffi d’un tweet - et un autre un peu plus tard. Dimanche, Jean-Marie Le Pen est venu rompre l’hommage unanime de la classe politique à Michel Rocard, décédé samedi à l’âge de 85 ans. Sur le réseau social, l’ex-président d’honneur du Front national s’en est pris à l’ancien Premier ministre au sujet d'un épisode aussi douloureux que fondateur dans l'engagement politique du jeune socialiste de l’époque : la guerre d’Algérie, dont Michel Rocard fut un farouche opposant.


Nous sommes en 1956. Alors que les troubles de l’autre côté de la Méditerranée perdurent depuis deux ans - et que l’état d’urgence a été instaurée l’année précédente - Guy Mollet, premier secrétaire de la SFIO (l’ancêtre du Parti socialiste) prend les rênes du gouvernement. Mais celui qui parlait d’une guerre "imbécile et sans issue" abandonne toute idée d’une résolution pacifique du conflit algérien et accentue la répression contre les nationalistes du FLN.

Un rapport accablant

Alors secrétaire national de l’Association des étudiants socialistes, le jeune Michel Rocard s’érige contre la direction de son parti et participe même, deux ans plus tard, à l’aventure du Parti socialiste autonome (PSA), fondé en réaction à la politique "colonialiste" menée en Algérie.

Mais ce n'est pas tout. L’année suivante, alors que le général de Gaulle s’est installé dans le fauteuil de président de la République, Michel Rocard, inspecteur des finances, publie un rapport accablant sur les "camps de regroupement" instaurés dans le plus grand secret dès 1957 afin de soustraire les paysans algériens à l’influence du FLN. Dénonçant les privations et la famine, son travail, révélé par la presse, débouchera sur la fourniture de vivres et de soins pour ces populations exsangues. 

Dans un documentaire réalisé en 2012 *, Michel Rocard reviendra avec amertume sur cet épisode méconnu de la Guerre d’Algérie : "Mon avis, c'est que sont mortes de faim 200.000 personnes et en majorité des enfants", déclarait-il ainsi devant la caméra du réalisateur Ben Salama.

* Une histoire algérienne, de Ben Salama, 2012, France Télévisions/Électron Libre
Production, 52 minutes

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La rédaction de TF1info

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