"Paradise Papers" : Bruno Le Maire dénonce "une attaque contre la démocratie", Jean-Luc Mélenchon appelle à agir contre le pillage

Publié le 6 novembre 2017 à 23h00
"Paradise Papers" : Bruno Le Maire dénonce "une attaque contre la démocratie", Jean-Luc Mélenchon appelle à agir contre le pillage

RÉACTION - Suite aux révélations des "Paradise Papers", la classe politique s'est ému de l'ampleur de la fraude fiscale au niveau mondial. Bruno Le Maire a affirmé qu'il ferait des propositions à Bruxelles pour lutter contre le phénomène. De son côté, Jean-Luc Mélenchon a pressé le gouvernement d'agir.

Dimanche 5 novembre, le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dévoilait un nouveau scandale d'optimisation fiscale à l’échelle planétaire, les "Paradise Papers". 18 mois à peine après les "Panama Papers", ces nouvelles révélations permettaient de découvrir que de nombreuses personnalités de premier plan comme la Reine Elizabeth II ou encore le secrétaire au Commerce américain Wilbur Ross et des stars comme le pilote de F1 Lewis Hamilton et Bono avait recours à des montages financiers complexes pour échapper à l’impôt.

Lors d’une séance publique à l’Assemblée nationale ce lundi, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est indigné après la publication de ses révélations.

"Une attaque contre la démocratie"

Visiblement en colère, Bruno Le Maire s’est montré ferme après la publication de ces nouvelles révélations. "L’évasion fiscale, ça n’est pas seulement une attaque contre le Trésor fiscal. C’est une attaque contre la démocratie, contre le consentement à l’impôt", a affirmé le ministre de l'Economie, alors que les sommes dissimulées aux différents systèmes de perception à travers le monde dépasse les centaines de milliards d'euros. "L’évasion fiscale me révolte car elle ruine le consentement à l’impôt chez le contribuable français comme chez tous les contribuables", a-t-il poursuivi.

"Elle me révolte parce que par définition ceux qui font de l’évasion fiscale ne sont pas ceux qui ont les fins de mois les plus difficiles. Elle me révolte parce qu’elle suppose la complicité de certains Etats à qui nous demandons depuis des années des informations, des explications qu’ils ne nous ont pas donné", a continué à critiquer celui qui, dans son budget 2018, a voulu limiter l'imposition des plus riches afin d'éviter qu'ils ne partent à l'étranger. Mais "c’est un combat de longue haleine", poursuit le ministre de l’Économie. C’est pourquoi il fera "dès demain, à Bruxelles, un certain nombre de propositions pour accroître la transparence".

Jean-Luc Mélenchon appelle à agir contre le "pillage" par "la fraude ou l’évasion"

De l'autre côté de l'échiquier politique, le chef de file des députés LFI, Jean-Luc Mélenchon, a appelé le gouvernement à "l'action" contre l'évasion fiscale lors d’une conférence de presse, lundi 6 novembre. "Je pense que nous devons passer de l'indignation à l'action. Le président de la République et le Premier ministre doivent dire combien de temps ils comptent supporter le pillage qui est en cours de notre pays, soit par la fraude, soit par l'évasion", a martelé le député de Marseille. "A quand la suppression du verrou de Bercy ? A quand l'impôt universel ? A quand l'interdiction pour les établissements bancaires d'exercer dans les paradis fiscaux ? A quand la création du délit d'incitation à la fraude fiscale et à l'évasion fiscale ? [...] A quand l'interdiction d'exercer un mandat social pour les dirigeants des sociétés qui ont exercé dans des paradis fiscaux ?" a demandé Jean-Luc Mélenchon.

Le député des Bouches-du-Rhône a rappelé que certaines de ces mesures avaient été rejetées par le gouvernement lors des débats à l'Assemblée, ainsi du verrou de Bercy, qui réserve au ministère des Finances le déclenchement de poursuites pénales en matière fiscale.

Sur Twitter, le PCF a une nouvelle fois appelé à une "COP fiscale mondiale", comme l'Assemblée nationale en a approuvé le principe en février.

Le Parti socialiste a de son côté salué dans un communiqué le "remarquable travail d'enquête" du Consortium. Affirmant que  "c'est sous le quinquennat de François Hollande qu'une véritable politique de lutte contre l'évasion fiscale a été mise en place", il a appelé Emmanuel Macron à ne "pas relâcher l'effort". "Grâce aux mesures prises depuis 2012, tant au niveau international que national, 8 milliards d'euros ont été recouvrés par les services fiscaux", s'est-il félicité.

Par communiqué également, Europe Ecologie-Les Verts a dénoncé "la légalité de ces montages fiscaux", ce qui vient à prouver l'institutionnalisation et l'ancrage profond de ces pratiques, et appelé à ce qu'elles deviennent illégales. Le parti écologiste a souhaité davantage de transparence et que soit "rendue obligatoire la publication des bénéfices réalisés et impôts payés par les maisons mères ainsi que par leurs filiales en France et dans les autres pays".

Le Front national a également dénoncé la pratique, "immorale" à ses yeux.


Antoine LLORCA

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