Pour Juppé, la déchéance de nationalité est d'une "efficacité faible, voire nulle"

Publié le 3 janvier 2016 à 9h29
Pour Juppé, la déchéance de nationalité est d'une "efficacité faible, voire nulle"

DÉBAT - Chacun a son avis sur la question. Décriée à gauche, saluée à droite, la déchéance de nationalité divise. Pour l'ancien Premier ministre Alain Juppé, la mesure est inutile.

L'ex-Premier ministre Alain Juppé estime que la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français condamnés pour terrorisme n'est "pas une réforme utile". Pourtant, il la voterait, telle qu'elle est présentée par l'exécutif, s'il était député, affirme-t-il dans un entretien au JDD.

"Ce n’est pas une réforme utile. Son efficacité sera faible, voire nulle. Elle ne permettra pas de prévenir de nouveaux actes terroristes, elle ne dissuadera aucun djihadiste de se faire sauter", déclare le candidat à la primaire à droite pour la présidentielle de 2017, qui publiera la semaine prochaine un nouveau livre-programme "Pour un Etat fort".

Contre une réforme constitutionnelle

"C’est un coup politique de François Hollande pour semer de la confusion dans le débat. De ce point de vue, c’est plutôt réussi ! Mais dans un moment où notre pays a besoin d’unité et d’apaisement, c'est un acte de mauvais gouvernement", juge celui qui était Premier ministre quand, après les attentats de 1995 et 1996, a été rendue possible la déchéance de la nationalité française pour terrorisme.

S'il était parlementaire, voterait-il cette mesure ? Oui, "à condition que le texte définitif se limite aux incriminations déjà prévues dans le Code civil pour la déchéance des Français binationaux naturalisés", répond Alain Juppé. C'est le cas dans le projet de loi préparé par l'exécutif, qui nécessite, pour être définitivement voté, une approbation des 3/5e du Parlement réuni en Congrès et donc d'une partie des voix de droite.

"Mais faut-il vraiment une réforme constitutionnelle ?" s'interroge le maire de Bordeaux. "Le plus important pour lutter contre le terrorisme n’est pas là. Il faut un plan d’ensemble visant par exemple à investir dans les nouvelles technologies, la biométrie et la reconnaissance comportementale, à pénaliser la consultation des sites radicaux, à appliquer effectivement les peines prononcées", ajoute Alain Juppé.

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La rédaction de TF1info

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