Prime au mérite pour les fonctionnaires : au PS, l'équilibre est fragile

Publié le 10 novembre 2015 à 18h05
Prime au mérite pour les fonctionnaires : au PS, l'équilibre est fragile

TOTEM - Les déclarations du ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, en faveur d'une prime au mérite des fonctionnaires, n'a pas suscité le tollé attendu au PS. Le mot d'ordre dans la majorité : dire qu'il n'y a pas de cafouillage. Sauf au sein de l'aile gauche du parti...

On aurait pu s'attendre à une levée de boucliers en règle chez les socialistes, comme lorsqu'Emmanuel Macron avait violemment attaqué le statut des fonctionnaires en septembre. Mais non. Mardi, après les propos du ministre de l'Economie en faveur d'une rémunération "au mérite" des fonctionnaires, les responsables socialistes contestaient qu'il y ait eu le moindre cafouillage ou dérapage.

Une question ancienne

Pour éteindre un potentiel incendie à gauche, où les sorties tapageuses du ministre de l'Economie font des ravages, la ministre de la Fonction publique, Marylise Lebranchu, s'est exprimée une nouvelle fois sur le sujet, dans les couloirs de l'Assemblée nationale. "Rien de neuf", clame la ministre. Pour elle, cette histoire de rémunération "au mérite" est une question ancienne.

"Elle existe déjà, nous l'avons encadrée par les textes au début de l'année lorsque nous avons simplifié le régime indemnitaire des fonctionnaires. Nous avons donné une place à la carrière de l'agent, à sa valeur professionnelle. Tout employeur public peut désormais en discuter avec ses agents sur la base d'un dialogue avec les organisations syndicales." Tout en assurant qu'elle est en accord "total" avec Emmanuel Macron, Marylise Lebranchu prévient cependant : "Ce qui serait plus difficile, ce serait de mettre en place une prime individuelle au mérite. Le grand danger serait une rémunération à la tête du client."

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"Une vieille lubie de la droite"

Entre les deux versions, Macron et Lebranchu, la nuance est plus ou moins subtile. En tout cas, le mot d'ordre est globalement respecté à l'Assemblée. "Emmanuel Macron est sur la position du gouvernement", assure aussi Bruno Le Roux, le patron des députés PS. "Sa position est la même que celle de Marylise Lebranchu. Le député PS ("frondeur") d'Indre-et-Loire, Laurent Baumel, va un peu plus loin et prévient : "Si c'est encore l'occasion pour Emmanuel Macron de faire un coup de com', en faisant mine de s'attaquer aux totems de la gauche, ça n'a aucun intérêt. Par contre, si c'est pour engager une réflexion sérieuse sur les modes de rémunération des fonctionnaires, dans le respect de l'égalité devant le service public, c'est intéressant. Cela ne se traite pas à coups de petites phrases."

A l'aile gauche du PS, d'autres ont en revanche une interprétation beaucoup plus méfiante des propos du ministre de l'Economie. "Les primes existent déjà", explique le député parisien Pascal Cherki. Cette histoire de rémunération au mérite, c'est une vieille lubie de la droite. Les salaires des fonctionnaires sont gelés depuis 7 ans et ils perdent du pouvoir d'achat. Si on veut poser la question des rémunérations, commençons pas là." Pas sûr, toutefois, que le gouvernement ait envie de poser cette question-là.

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Vincent MICHELON

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