Vers une abstention record pour les élections régionales et départementales ?

Publié le 2 juin 2021 à 14h53

Source : JT 20h WE

SCRUTIN DES 20 ET 27 JUIN - Plusieurs indicateurs laissent penser que les élections régionales et départementales de juin 2021 pourraient battre des records d'abstention. Un phénomène structurel, en particulier chez les jeunes, qui dépasse largement la crise sanitaire, analyse le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi.

Alors que les indicateurs de l'épidémie repassent dans le vert, un autre indicateur, démocratique celui-là, plonge dans le rouge. L'abstention, phénomène déjà ancien en France, pourrait battre de nouveaux records historiques à l'occasion des élections régionales et départementales des 20 et 27 juin 2021. 

Plusieurs indices laissent envisager ce scénario. Certes, on pourrait considérer que les élections législatives partielles dont le premier tour a été organisé le week-end dernier à Paris, dans l'Oise et dans le Pas-de-Calais, et qui ont fait flamber l'abstention - entre 73 et 84% -, sont des scrutins peu comparables à celui des régionales. Mais le présage n'est pas très bon. 

Surtout, la lecture de plusieurs sondages fait apparaître une très faible intention de vote. En témoigne notre dernière étude Ifop Fiducial pour LCI et Le Figaro du 1er juin, consacrée aux régionales en Paca. Dans cette région où le RN part favori au premier tour, l'abstention possible lors du scrutin est estimée à 57%, avec un pic chez les 25-34 ans (78%). 

Idem en Occitanie où, nous indique un autre sondage Ifop pour La Tribune et Europe 1, l'abstention atteindrait 59%, et jusqu'à 71% chez les moins de 35 ans. 

"L'abstention s'annonce massive"

"Le Covid-19 n'explique pas tout", nous indique le directeur général adjoint de l'Ifop, Frédéric Dabi, alors que les précédents élections, les municipales de 2020, avaient battu des records en pleine crise sanitaire. "On est sur un cycle de montée de l'abstention depuis 2007, qui s'est accéléré depuis 2017."

Lors des élections régionales, l'abstention au premier tour a augmenté de manière chronique, passant de 31,4% en 1992 à 54% en 2010, pour se stabiliser à 50,1% en 2015. Il faut dire qu'à l'époque, le scrutin avait connu un rebond de participation qui avait été attribué à une forme de sursaut démocratique en réaction aux attentats qui avaient endeuillé la France. 

Les sondages actuels anticipent une participation "inférieure de dix points" à celle des élections régionales de 2015, relève le politologue. "L'abstention s'annonce massive, et cela concerne presque toutes les catégories d'électeurs", précise Frédéric Dabi à LCI. "On voit, dans toutes nos enquêtes, monter le sentiment d'une 'vanité du vote'. Les électeurs les plus mobilisés sont ceux du RN et les soutiens des présidents de région sortants, mais à un tel niveau d'abstention, celle-ci ne profitera à personne."

Le beau temps, la liberté retrouvée, l'Euro de football ou encore l'approche des vacances d'été n'aident pas beaucoup, ajoute le responsable de l'Ifop. Le nouveau record d'abstention qui s'annonce est bien le produit d'un phénomène ancien, désormais ancré dans la réalité politique du pays, et à ce titre particulièrement inquiétant. 


Vincent MICHELON

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