EXPLICATIONS - Invité sur le plateau d'Audrey Crespo-Mara dans LCI Matin vendredi, le philosophe Luc Ferry s'est expliqué à la suite de la polémique engendrée par son tweet sur Philippe Poutou, lors du débat à onze mardi soir. Il évoque les "valeurs de politesse" dans la classe ouvrière.
La représentation de la classe ouvrière ? Pour Luc Ferry, le candidat à l'élection présidentielle Philippe Poutou a tout faux. Mardi soir, le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) faisait le buzz lors du débat des 11 sur CNews et BFMTV.
Le candidat des ouvriers, qui a chargé François Fillon et Marine Le Pen sur les affaires en cours les concernant, s'était présenté face aux Français dans une tenue qui a fait réagir le philosophe. "Avec Philippe Poutou débraillé en Marcel pour représenter les ouvriers, pas étonnant qu'ils aillent massivement chez Le Pen #LeGrandDebat", avait-il déclaré sur les réseaux sociaux. Une remarque que certains internautes ont jugé déplacée, à tel point que l'essayiste français explique avoir reçu des "menaces de mort en pagaille".
Interrogé à propos de la polémique par Audrey Crespo-Mara dans LCI Matin vendredi, Luc Ferry a longuement dénoncé l'attitude de Philippe Poutou. "C'est dans la classe ouvrière que les valeurs de politesse sont aujourd'hui les plus présentes, a-t-il argumenté. Croire que le manque de tenue, dans tous les sens du terme, que ce soit la tenue vestimentaire, une manière d'insulter les autres, de refuser de serrer la main à ses adversaires, de tourner le dos aux téléspectateurs pendant la moitié de l'émission..., croire que l'on représente la classe ouvrière parce qu'on est impoli est une erreur totale."
Lire aussi
"Le seul qui soit capable de rassembler, c'est Alain Juppé" estime Luc Ferry sur LCI
Lire aussi
"Il les a remis à leur place" : les collègues d'usine de Philippe Poutou ont trouvé "formidable" sa prestation lors du débat
Lire aussi
Présidentielle : cinq choses que vous ignorez sur Philippe Poutou, la star du débat
Les ouvriers ? "Ils ne sont pas chez Poutou"
L'ancien ministre de la Jeunesse, de l'Éducation nationale et de la Recherche ajoute : "Ce n'est pas parce qu'on se conduit comme un gamin qu'on est un grand révolutionnaire. Pas étonnant dans ce cas-là qu'on se traîne à 1% (ndlr : Philippe Poutou avait recueilli 1,15% des voix lors de l'élection présidentielle de 2012)." Selon lui, c'est justement vers Marine Le Pen que se tourne la classe ouvrière : "Il y a 50% d'ouvriers dans le vote Front national. Ce n'est pas chez Poutou qu'ils sont."
Luc Ferry rappelle que la "politesse et la civilité" sont extrêmement importantes dans le débat public. A ses détracteurs, il affirme ne pas avoir de leçons à recevoir, évoquant sa propre histoire. "Mon père, qui a commencé à travailler à 12 ans, me disait 'Tiens-toi, la tenue ça compte !', raconte-t-il. Ce n'est pas en étant impoli qu'on représente la classe ouvrière : c'est justement l'inverse."