Transports en commun : quels scénarios pour faire circuler les voyageurs à partir du 11 mai ?

Publié le 16 avril 2020 à 14h23, mis à jour le 17 avril 2020 à 14h30

Source : JT 20h Semaine

DECONFINEMENT - Port du masque, horaires décalés... Alors qu'une partie des Français pourrait reprendre le travail à partir du 11 mai, les opérateurs de transports et les autorités se posent l'épineuse question de la gestion d'importants flux de voyageurs en période de crise sanitaire.

Le déconfinement progressif prévu à partir du 11 mai en France devrait s'accompagner du retour de millions de salariés dans les transports en commun. Dans un contexte de crise sanitaire, la possibilité que de tels flux reprennent d'ici trois semaines mobilise les autorités et les opérateurs de transports. Comment faire voyager autant de monde sans prendre le risque d'une reprise des contaminations ? Telles sont les questions posées, avec pour l'heure quelques pistes ébauchées. 

Des masques obligatoires dans les transports ?

Le port de masque, non seulement pour les agents, mais aussi pour les voyageurs, pourrait être une condition sine qua non de la reprise d'un trafic soutenu en mai. C'est ce qu'a expliqué le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, mercredi lors d'une audition au Sénat. 

Pour ce dernier, le port obligatoire du masque pour l'ensemble des passagers permettrait "de lever à bord des trains des règles de distanciation qui paraissent très compliquées à aborder", a-t-il expliqué. Le patron de la SNCF a pris l'exemple de l'Ile-de-France, où la mise en place d'une distance obligatoire de 1 à 1,5 mètre entre chaque passager ne permettrait de transporter que 20% des voyageurs quotidiens. Le masque permettrait, à ses yeux, de contourner cette distanciation qui semble impossible à mettre en place, surtout aux heures de pointe.

L'idée de rendre obligatoire le port du masque dans les transports est partagée par la Région Ile-de-France, où 5 millions de personnes empruntent chaque jour les transports en commun, ainsi que par la maire de Paris, Anne Hidalgo. Vendredi, le conseil d'administration d'Ile-de-France Mobilités, qui pilote les transports dans la région, a demandé à l'Etat "d’imposer le port du masque obligatoire pour les voyageurs, contrôlé par les forces de l’ordre avec verbalisation des contrevenants", avec "un contrôle rigoureux à l'entrée des gares et des stations". Il a également réclamé la possibilité pour les agents se sécurité des opérateurs de transports de pouvoir verbaliser. "L'Etat doit fournir à chaque Francilien des masques", a également demandé l'autorité régionale des transports. 

Le maintien d'un trafic réduit

Depuis le début du confinement, les transports publics sont au ralenti, avec une offre de service particulièrement réduite. Ce trafic ne reprendra pas totalement dès le 11 mai. 

Dans les scénarios actuellement envisagés à la SNCF, et précisés mercredi par son patron, l'offre pourrait passer de 6 à 15% seulement sur les grandes lignes dans les premières semaines. Il faudrait ensuite s'attendre à "un TGV sur deux" en juin, puis 100% des TGV au début de l'été. Idem sur les lignes de TER et de Transilien, qui passeraient de 15 à 50% du trafic dans un premier temps, pour évoluer ensuite en fonction des besoins. 

A ce dispositif s'ajouterait un nettoyage renforcé des trains, un possible filtrage des passagers, mais aussi la mise à disposition de gel hydroalcoolique dans les TGV et dans les gares. 

Décaler les horaires de travail et d'école

La présidente du conseil régional d'Ile-de-France Valérie Pécresse a alerté sur le risque d'un "goulet d'étranglement" dans les transports après le 11 mai. Une situation qui oblige, selon la patronne de cet exécutif, à envisager un retour progressif des personnes sur le lieu du travail et dans les écoles. 

"Je pense qu'on télétravaillera encore énormément après le 11 mai, ce sera souhaitable, parce qu'il faudra limiter les déplacements", a-t-elle fait valoir mercredi sur France Inter. Valérie Pécresse préconise ainsi un retour différencié et progressif, avec des horaires d'école différenciés selon les âges des élèves, "par exemple les petits entre 8 et 9 heures, les collégiens entre 9 et 10 heures, les lycéens entre 10 et 11 heures".

A ce titre, le gouvernement n'a pas encore précisé les modalités exactes du retour des élèves dans les écoles. Ce retour devrait être également progressif, et différencié selon les établissements. 

Promouvoir le recours au vélo

Pour les salariés qui le peuvent, le vélo pourrait constituer une solution alternative pour tenter de désengorger les transports en commun. A ce titre, la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne a confié cette semaine à Pierre Serne, élu écologiste et ancien vice-président de la région Ile-de-France chargé des transports, une mission pour promouvoir le recours au vélo durant cette période. 

A Paris, la municipalité a d'ores et déjà indiqué, par l'entremise du premier adjoint Emmanuel Grégoire, qu'elle envisageait de convertir des boulevards urbains en larges pistes cyclables afin de permettre aux habitants de la capitale de recourir plus massivement au deux-roues pour se rendre au travail. Des initiatives ont également été lancées à Montpellier et à Grenoble, a indiqué Pierre Serne sur France Inter. 


La rédaction de TF1info

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