"Je ne sais pas comment Michael Cheika a pu atterir à Castres"

par Antoine HUOT DE SAINT ALBIN
Publié le 30 octobre 2015 à 15h30
"Je ne sais pas comment Michael Cheika a pu atterir à Castres"

Avant de devenir le sélectionneur de l’Australie, Michael Cheika avait posé son baluchon quelques années en France. A Castres et au CASG Paris, où il a joué au début des années 1990, et au Stade Français, vingt ans plus tard, en tant qu’entraîneur. Alain Gaillard, ancien coach de Castres, Jean-Louis Marty, ex-partenaire, et Jérôme Fillol, numéro 9 sous Cheika, nous parlent de ce Wallaby très “déterminé”.

Alain Gaillard, entraîneur de Michael Cheika à Castres de 1989 à 1991

"Michael, on l’a recruté avec Pierre-Yves Revol [président du CO] sur cassettes. Il jouait dans le premier club australien, Randwick où figuraient les plus grands joueurs des Wallabies comme David Campese. Il avait été impressionné par la victoire des Bleus sur l’Australie en demi-finale de la Coupe du monde en 1987. Avec son âme de globe-trotter, il voulait avoir une expérience dans l’hexagone. Quand il est arrivé, il a directement sympathisé avec les joueurs dont Nicolas Combes et n’est pas venu avec une forme d’arrogance. Il parlait plusieurs langues et s’est de suite bien intégré à l’équipe.

Au niveau du terrain, c’était quelqu’un de très déterminé, volontaire, dur au mal. Il est arrivé avec les deux épaules complètement détruites et pourtant il allait dans les rucks avec une envie terrible. Ce n’était pas forcément un grand joueur, il manquait de puissance, de détente mais il était très technique et dur au plaquage. Il s’intéressait déjà au coaching et notamment au nettoyage des rucks. Ce n’est pas étonnant de le retrouver avec Pocock et Hooper en troisième ligne qui sont des spécialistes de cette technique.

Et puis Michael Cheika était un homme d’affaires. S’il est parti au CASG (futur Stade Français) après Castres, c’est parce qu’il voulait développer à Paris son business qu’il avait créé en Australie. C’est quelqu’un de très intelligent."

À LIRE AUSSI >> Un seul changement chez les Wallabies pour affronter la Nouvelle-Zélande

Jean-Louis Marty, pilier, surnommé “Le Cèpe”, coéquipier de Michael Cheika à Castres de 1989 à 1991

"Je ne sais vraiment pas comment un jeune australien comme lui a atterri au Castres Olympique à cette époque. Il était peut-être un vagabond. Michael était un joueur très charmant, foncièrement gentil et s’est mis très rapidement à partager des moments avec nous. Il parlait très bien le français. Au niveau du rugby, c’était un bon troisième ligne, il était très carré, vaillant et montrait une motivation sans faille. Que cela soit aux entraînements ou en match, il était toujours à fond, c’était vraiment un coéquipier modèle. Il était toujours là pour motiver tout le monde, ce qu’il a dû répercuter en tant qu’entraîneur."

"Pas là pour boire des bières à la fin des matchs"

Jérôme Fillol, demi de mêlée entraîné par Michael Cheika au Stade Français (2011/2012)

"C’est un entraîneur qui m’a apporté une expérience supplémentaire, notamment avec un mode de fonctionnement différent dans la manière d’approcher les semaines de matchs, l’organisation, la préparation et la disposition des joueurs sur le terrain. J’ai beaucoup appris avec lui car il était méticuleux et très pointilleux. Après au Stade Français, il a voulu tout changer et cela a été une source de conflit avec les joueurs déjà en place. Il venait également dans un contexte compliqué : un stade temporaire, pas mal d’étrangers, un club en restructuration, des joueurs pas adaptés à son mode de jeu… Cela n’a pas favorisé son adaptation. Sur le plan personnel, c’était un entraîneur plutôt distant, qui ne marchait pas à l’affectif, comme peut l’être un Gonzalo Quesada. Il n’était pas là pour boire des bières à la fin des matchs. Cheika était là pour travailler, pour réussir."

EN SAVOIR + >> Toute l'actualité de la Coupe du monde de rugby sur metronews


Antoine HUOT DE SAINT ALBIN

Tout
TF1 Info