XV de France : pourquoi le Tournoi des VI Nations va quand même être compliqué pour les Bleus

par Sebastien COCA
Publié le 27 novembre 2016 à 16h39, mis à jour le 26 janvier 2017 à 0h01
XV de France : pourquoi le Tournoi des VI Nations va quand même être compliqué pour les Bleus
Source : Christophe Ena/AP/SIPA

RUGBY - Bien que séduisants, les Bleus viennent de clôturer ces tests-matches de novembre avec un bilan d'une seule victoire (contre les Samoa) pour deux défaites (face à l'Australie et la Nouvelle-Zélande). De quoi assurément les suivre avec beaucoup plus de plaisir qu'avant, mais pas assez pour les imaginer remporter le prochain Tournoi des VI Nations.

Trop d'occasions manquées

Frustration. Voilà le mot d'ordre des hommes de Guy Novès ces deux derniers week-ends, au sortir de rencontres où ils ont montré de belles choses, ont, par séquences, dominé leurs adversaires, mais n'ont pas su conclure. Un manque d'efficacité qui se paie cash au très haut niveau et qui explique ces deux revers d'un rien face à l'Australie (23-25) et la Nouvelle-Zélande (19-24). "C'est vraiment le point noir ce soir (samedi), le réalisme a fait la différence, ne pouvait que constater Brice Dulin. On les a peut-être bien contrôlés, mais pas assez et nous, derrière, on a des occasions et on tombe des ballons ou on ressort de chez eux par des petites fautes trop facilement". De vilains défauts qui, si l'on veut quand même être positif, montrent que les Bleus de Novès sont désormais capables de produire du jeu, ce qui n'était plus vraiment le cas ces dernières années. Optimise toujours, ceux qui ont découvert le très haut niveau lors de ces tests-matches (Gourdon, Serin, Lamerat, Vahaamahina, Baille, Ollivon...) et ont parfois paru un peu fébriles dans les moments-clès, ont pris de la bouteille.

Toujours un souci en charnière

Hésitation. Si l'on constate évidemment une rupture claire dans le jeu et les intentions avec Novès, par rapport au rugby restrictif qui nous avait offert le XV de France de Philippe Saint-André entre 2011 et 2015, reste qu'un regrettable trait d'union fait encore se rejoindre les deux sélectionneurs : l'incapacité d'installer une charnière performante. PSA a cherché en vain pendant 4 ans, pour finalement s'en remettre en dernière minute à la paire Frédéric Michalak/Morgan Parra durant la Coupe du monde (avec le succès que l'on connaît...), et son successeur tâtonne encore, surtout à l'ouverture. François Trinh-Duc (ensuite blessé)/Maxime Machenaud contre les Samoans, Jean-Marc Doussain/Machenaud face aux Wallabies puis Camille Lopez/Machenaud contre les All Blacks, autant de variations qui mettent la pression sur les joueurs testés et qui empêchent les Bleus de franchir un cap. Pire, si Machenaud semble destiner à s'installer en n° 9 (même si Baptiste Serin a fait forte impression en fin de match), en 10, on fait avec les moyens du bord. "Je n'ai rien contre le petit Lopez, mais ça montre que le rugby français n'a pas été capable de former un ouvreur du talent d'un Daniel Carter, d'un Jonny Wilkinson ou d'un Bernard Foley...", nous confiait à raison l'ancien international Olivier Magne (90 sélections) en fin de semaine passée. 

En retard sur la concurrence

Comparaison. Lorsque l'on déroule le fil depuis la prise de fonction de Guy Novès et la première année qui vient de s'écouler sous ses ordres, on ne peut que se réjouir des progrès effectués. Ridicules lors du dernier Mondial, les Bleus font désormais à nouveau peur, mais ils ne sont pas les seuls. Car pendant que l'ancien coach du Stade toulousain s'évertue à reconstruire la maison France, ailleurs en Europe, nos voisins ont aussi lancé des chantiers, mais avec beaucoup moins de travaux à faire... Et là où le XV de France a rivalisé avec des Australiens et des Néo-Zélandais, tout de même à bout de souffle après une saison harassante, l'Irlande, elle, a battu les vice-champions du monde (27-24) et les doubles tenants du titre (40-29). Même chose pour l'Angleterre qui, après l'accident industriel lors de sa Coupe du monde à domicile a fait le Grand Chelem lors du dernier Tournoi des VI Nations (là où la France finissait 5e...) et fait figure de grande favorite à sa propre succession dans quelques mois. Car le XV de la Rose reste sur une impressionnante série de 12 victoires d'affilée cette année et vient notamment de disposer de l'Afrique du Sud (37-21) et de l'Argentine (27-14), un dernier match remporté à 14 contre 15 depuis la 5e minute de jeu ! De quoi quand même pas mal relativiser les espoirs de victoire tricolore lors du prochain Tournoi en février prochain.


Sebastien COCA

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