Annie Lennox : "Ce serait tellement plus simple si on dédramatisait le test du VIH"

Publié le 1 décembre 2015 à 17h20
Annie Lennox : "Ce serait tellement plus simple si on dédramatisait le test du VIH"

INTERVIEW - Pour la Journée internationale de lutte contre le sida, la chanteuse et militante Annie Lennox nous rappelle le meilleur moyen connu à ce jour pour vaincre la maladie : l’éducation.

En choisissant de porter un t-shirt arborant l’inscription "HIV Positive" (séropositive) à la télé Annie Lennox a remis au premier plan la question du Sida et des ravages qu'il fait dans le monde... et fait naître beaucoup de spéculations quand à son état de santé. 

Non, Annie Lennox n'est pas séropositive. En revanche, elle est militante. Et en portant ce tee-shirt, elle veut aussi porter la cause des malades porteurs du HIV. Pour cette Écossaise de 60 ans, ambassadrice d'UNAIDS, informer la population de ce problème mondial de santé publique est une véritable mission. Elle en parle avec metronews à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre le sida. 

Pourquoi êtes-vous devenue une militante antisida ?
En 2003, Nelson Mandela m’a invitée à prendre part à un grand concert-bénéfice contre le sida en Afrique du Sud. Il avait organisé un spectacle et convié des tas d’artistes, comme Peter Gabriel, Youssou N’Dour, Beyoncé et Bono, à y participer. Le lendemain, il a donné une conférence de presse devant les médias du monde entier pour expliquer que la pandémie de sida était en train de décimer son pays. Cela m’a interpellée en tant que femme et en tant que mère. J’étais stupéfaite de voir que si peu de gens, en Occident, étaient au courant de ce qui se passait en Afrique. Et encore aujourd’hui, à l’échelle de la planète, le sida est la première cause de mortalité des femmes en âge d’avoir des enfants.

Beaucoup d’idées fausses circulent toujours à propos du sida ?
Sans l’ombre d’un doute. Les gens connaissent très mal la maladie. Non, le virus ne se transmet pas par des contacts superficiels comme prendre dans ses bras une personne atteinte, de l’embrasser ou de boire dans le même verre qu’elle! Il faut vraiment s’attaquer à la peur que cause le sida et à la stigmatisation des victimes, et c’est par l’éducation qu’on peut y arriver. On doit en parler publiquement, mais c’est délicat à cause de la nature même de la maladie : les gens tendent à être discrets sur leurs comportements sexuels à risque.

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Selon vous, faut-il des déclarations controversées pour relancer le débat sur cette question ?
Parfois, un geste spectaculaire, comme le fait qu’un acteur hollywoodien révèle qu’il est séropositif, peut relancer le dialogue sur la question. Et c’est important, parce que si on cesse d’en parler, le sida est relégué à l’arrière-plan dans les médias. Or, c’est un problème de société majeur, qui est loin d’avoir disparu et qui nous concerne tous. Magic Johnson, la superstar du basketball, a eu le courage d’affronter le tabou et de dire qu’il était séropositif il y a des années de ça. C’est toujours une bonne chose d’en parler publiquement, mais pas si on y est obligé, comme ç’a été le cas de Charlie Sheen. J’aimerais croire que, quand une personnalité laisse savoir qu’elle est séropositive, elle le fait par choix, et qu’elle profitera de cette occasion pour dire aux gens de protéger leur santé en utilisant des préservatifs.

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Vous avez probablement des amis ou des connaissances, dans le milieu du showbiz, qui ont le VIH-sida. Que faites-vous pour les soutenir ?
Vous savez, bien des gens ont des amis séropositifs et ne le savent même pas. De façon générale, les personnes qui vivent avec cette maladie et qui le cachent se sentent très isolées. Elles ont peur. J’ai l’impression de répéter toujours la même chose, comme un mantra, mais ça reste vrai : toute personne active sexuellement devrait subir un test de dépistage du sida.

Ce test est facile à faire. Pourquoi n’est-il pas inclus dans les examens médicaux de routine ?
C’est une très bonne question ! J’ai moi-même dû subir récemment un examen médical complet, à des fins d’assurance. On m’a fait une prise de sang, mais on a fait une telle histoire à propos du secret lié aux tests de dépistage du sida que j’en ai été scandalisée. Ce serait TELLEMENT plus simple si on dédramatisait ce test et qu’on l’incluait dans les examens de routine !

En Russie, le VIH-sida fait de véritables ravages, et pourtant peu est fait pour endiguer l’épidémie, notamment à cause des tabous liés là-bas à l’homosexualité et à l’usage de drogues. Comment peut-on aborder la question en tenant compte des différents contextes culturels?
Pour faire évoluer les mentalités, il faut du temps et beaucoup de travail. Je crains qu’il faille des années pour sensibiliser les Russes à la question du sida. L'ignorance crasse sévit à la tête même des États : ainsi, en Afrique du Sud, le président Jacob Zuma a dit que prendre une douche pouvait minimiser les risques d’attraper la maladie… Il faut commencer par éduquer les gens qui sont censés être des leaders, ceux qui sont responsables des politiques de santé publique.

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| ÉVÉNEMENT |
Annie Lennox tient une vente aux enchères spéciale en ligne, appelée Books I have loved (les livres que j’ai aimés), jusqu’au 8 décembre, afin d’amasser des fonds pour les femmes et les enfants dont la vie est affectée par le VIH-sida. La chanteuse a choisi elle-même 10 livres qu’elle a ensuite annotés et qu’elle dédicacera de manière personnalisée à chacun des chanceux. Plus de détails : www.annielennox.com


La rédaction de TF1info

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