Campagne "Parentàbout" en Belgique : c'est quoi le burn-out parental ?

Publié le 25 octobre 2017 à 18h57, mis à jour le 26 janvier 2018 à 17h11
Campagne "Parentàbout" en Belgique : c'est quoi le burn-out parental ?
Source : Capture "Parentàbout"

PSY - Est-ce le nouveau mal du siècle ? Alors qu'une campagne vient d'être lancée en Belgique, de plus en plus de parents consultent pour dépression parentale. La psychologue clinicienne Aline Nativel Id Hammou en est témoin chaque jour dans son cabinet en région parisienne. Elle nous décrypte ce phénomène et donne des clés pour s'en prémunir.

Le culte de la mère parfaite ne date pas d’hier, mais aujourd’hui, avoir un enfant exemplaire est devenu un devoir social. A l'image d'une grande enseigne de puériculture qui affiche clairement la couleur dans l'un de ses slogans : "Réussir son bébé". Ce qui en d'autres termes pourrait vouloir dire aussi qu'on peut finalement "le rater".

A force de mettre la barre toujours plus haut, comme sur les réseaux sociaux où c'est la foire à la mère ou au père le plus remarquable, il arrive ce qui devait arriver, les parents démunis, dépassés, épuisés, craquent. Quand cet édifice vacille, on parle alors de burn-out parental qu’il convient d’ailleurs d’appeler burn-out familial, car finalement c'est toute la famille qui trébuche. Et ce phénomène, qui touche un parent sur cinq selon la Ligue des familles, dépasse les frontières. Ainsi, en Belgique, une campagne intitulée "Parentàbout" vient d'être lancée pour sensibiliser à cet épuisement parental.

"La pression est grande sur les épaules des parents. Ils doivent assumer à la fois leur vie de parent aimant, leur vie de parent éducateur, leur vie de couple, la tenue du foyer, une vie sociale, une recherche d’équilibre (sport, loisirs, activités), et tout cela, le plus souvent, en travaillant… Et la société est toujours là pour leur dicter ce qu’ils doivent faire et comment, en termes d’éducation, de savoir-être, d’éveil, d’activités. Mais les parents sont avant tout des humains et ils ne peuvent pas être parfaits !", explique la psychologue clinicienne Aline Nativel Id Hammou qui a ouvert à Puteaux (Hauts-de-Seine) un cabinet spécialisé sur ce sujet. Elle nous décrypte ce phénomène...

Le burn-out parental, c’est quoi ?

"C’est un épuisement sévère, généralisé, chronique, mortifère, anxiogène ressenti par les parents sur une durée moyenne de 6 mois au minimum", détaille à LCI Aline Nativel Id Hammou. "L'exposition à un stress répété et à l’excès de sollicitations sociales, physiques, cognitives et émotionnelles aboutit à un épuisement physique et psychologique qui donne toute une série de symptômes. Tous les membres de la famille sont touchés et selon leurs capacités individuelles, ces symptômes vont être plus ou moins intensément ressentis et vécus négativement", poursuit-elle.

Est-ce le même mécanisme que le burn-out au travail qui lui est bien identifié ?

"Il y a des similitudes fortes car c’est le point de référence théorique de ce nouveau phénomène du burn-out parental. La différence nette selon moi est que chez les parents la première cause du burn-out est plutôt psychologique et non physiologique", avance la thérapeute.

"L’hormone déterminante dans le burn-out est le cortisol, qui met l’ensemble du corps en alerte. Face à un stress répété, les alarmes du corps sont sollicitées en permanence ce qui dérégule notre système d’adaptation. En clair, on passe d'un stress normal à un stress chronique. Conséquence, le corps produit du cortisol en continu, de façon anarchique, qui inonde et attaque l’organisme et les organes, analyse-t-elle. C’est un mécanisme qui se met en place lentement. Sa prise de conscience est difficile à cause de la honte et de la culpabilité ressenties, d’où la venue de l’épuisement physique et psychologique."

Le burn-out parental touche-t-il de la même façon les mères et les pères ?

"Au vu de mon expérience professionnelle de terrain, tous les parents peuvent un jour être victime de burn-out parental. Très souvent, la période de l’adolescence est plus complexe à gérer pour les parents ou celle comprise entre 0 et 1 an. Et bien évidemment, les mères et les pères sont touchés de la même façon, souligne la psychologue. Ce qui diffère le plus souvent, c’est l’expression du mal-être et les actions menées pour y faire face. Les mères ont tendance à forcer le trait de la mère parfaite et les pères, eux, vont fuir face à ce sentiment d’échec parental en compensant par le travail." 

"Il y a aussi des profils plus à risque que d'autres : ainsi les couples ayant eu des difficultés à avoir un enfant vont s'investir davantage, tout comme ceux qui ont une histoire familiale complexe (mauvaises relations en tant qu’enfant avec sa mère, placement, abandon familial…). Il y a aussi le parent qui manque de maîtrise de soi, celui qui est déjà en burn-out professionnel, ou encore celui qui aura des exigences démesurées vis-à-vis de son enfant."

Comment éviter d’en arriver là ?

"Il y a plusieurs règles à respecter", prévient Aline Nativel Id Hammou. 

En voici une liste non exhaustive :

° Il faut respecter le rôle et les fonctions de chacun dans la famille.

° Faire des activités ludiques séparées de l’aspect éducatif.

° Mettre en place un emploi du temps équilibré, varié et adapté à tous.

° Ecouter les besoins, les choix et les désirs de chaque membre de la famille.

° Régler les  non-dits, les silences pesants, les conflits et les secrets de famille.

° Entamer pour les adultes de la famille un travail sur soi, son rôle de parent et son désir d’enfant. 

° Mettre en place des règles familiales claires, connues et acceptées par tous.

° Accepter de se faire aider et/ou accompagner par des professionnels extérieurs.  


Virginie FAUROUX

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