Cinq choses à savoir sur les somnifères

Publié le 31 juillet 2014 à 14h11
Cinq choses à savoir sur les somnifères

SANTÉ – La France championne du monde de la consommation de somnifères et tranquillisants. L’antienne est connue. Mais savez-vous de quoi on parle vraiment ?

Havlan, Imovane, Mogadon, Noctamide, Nuctalon, Normison et Stilnox, ainsi que leurs génériques, sont dans le collimateur de La Haute autorité de santé. En effet, Un rapport de la Commission de la transparence de la Haute Autorité de Santé (HAS) rendu public jeudi 24 juillet, pointe du doigt le faible effet de ces benzodiazépines hypnotiques et leur prescription abusive. Et proposent d’abaisser le taux de remboursement à 15 % au lieu de 65 %. Trop cher pour la Sécurité sociale et/ou trop néfaste pour la santé ?

1. Dans quel cas avoir recours à des somnifères ?
Selon le Docteur Sylvie Royant-Parola, psychiatre spécialiste du sommeil et présidente du réseau Morphée, interviewée par le quotidien La croix ," il faut d’abord distinguer l’insomnie primaire, c’est-à-dire non liée à des troubles anxio-dépressifs. Très clairement, la volonté d’éviter le recours aux somnifères dans ce type d’insomnie est pertinente. Dans ce cas en effet, leur prise doit être ponctuelle et limitée. Mais il existe aussi des cas d’insomnie "secondaire". Le trouble du sommeil est alors la conséquence de troubles anxio-dépressifs. Dans ce cas, les somnifères restent totalement nécessaires, y compris dans la durée". Vous avez des difficultés d’endormissement ? T estez votre sommeil en ligne sur le site du réseau Morphée.

2. Qu’est-ce que les benzodiazépines ?
Ce sont de "molécules qui agissent sur le système nerveux central et qui possèdent des propriétés anxiolytiques, hypnotiques, myorelaxantes et anticonvulsivantes", rappelle l’ ANSM (l’Agence nationale de sécurité du médicament). Commercialisées depuis les années soixante, les benzodiazépines et apparentées sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central. Ils sont indiqués, selon leur propriété principale, dans le traitement de l’anxiété, des troubles sévères du sommeil, de l’épilepsie ou des contractures musculaires douloureuses. Ces médicaments agissent chimiquement sur le psychisme. Les molécules les plus répandues sont l’alprazolam, le zolpidem et le bromazépam. On les retrouve dans le Xanax, le Lexomil, le Temesta ou encore le Myolastan.

3. Quels sont les risques ?
Démence, Alzheimer, dépendance au produit, somnolence… "Chez le sujet âgé, la consommation de benzodiazépines peut favoriser les chutes et perturber la mémoire. Enfin, certaines études récentes font état du lien potentiel entre ces substances et la survenue d’une démence", précise l’ANSM. Si ces médicaments sont utiles dans la pharmacopée des professionnels de santé, la HAS estime qu’ils sont trop facilement prescrits. Selon l’Agence du médicament,"131 millions de boîtes de médicaments contenant des benzodiazépines ou apparentées ont été vendues en France en 2012", un chiffre en hausse constante depuis 2010, alors que la tendance s’était inversée précédemment. En outre, "environ 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une benzodiazépine en France en 2012". Ils sont en outre consommés trop longtemps. L’ANSM constate "une utilisation annuelle de 4 à 5 mois" alors que la durée maximale de prescription est limitée à 12 semaines pour les anxiolytiques et 4 semaines pour les hypnotiques.

4. Qui sont les consommateurs ?
Les femmes seniors seraient les premières concernées. " Les consommateurs de benzodiazépines âgés en moyenne de 56 ans sont principalement des femmes pour près des 2/3 d’entre eux. Un tiers des femmes de plus de 65 ans consomment une benzodiazépine anxiolytique et près d’une sur cinq (18 %) une benzodiazépine hypnotique", précise un rapport de l’ANSM. Mais chaque année, un français sur cinq consomme au moins une benzodiazépine ou une molécule apparentée.

5. Sont-ils trop chers ?
En 2013, 48,8 millions de boîtes de somnifères ont été vendues en officine. Le seul coût des somnifères s’élèverait à 92 millions d’euros. La Haute Autorité de Santé a ainsi décidé de prendre le problème à bras-le-corps en proposant de réduire le taux de remboursement par la Sécurité sociale de à 15 % au lieu des 65 % actuellement. Et "a positionné au plus bas niveau d'intérêt les benzodiazépines hypnotiques et produits apparentés". Mais il ne s’agit encore que de recommandations. Au Ministère de la Santé désormais de trancher. Sept molécules de somnifères (Havlan, Imovane, Mogadon, Noctamide, Nuctalon, Normison et Stilnox) ainsi que leurs génériques, sont particulièrement dans le collimateur de l'HAS. "C’est toute la classe de médicaments qui a été réévaluée (médicaments recommandés dans les troubles sévères du sommeil)" précise l’HAS.


La rédaction de TF1info

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