Cancer : ramollir les tumeurs pour les rendre davantage réceptives aux traitements

par Julie BERNICHAN
Publié le 2 janvier 2017 à 16h16, mis à jour le 2 janvier 2017 à 16h33
Cancer : ramollir les tumeurs pour les rendre davantage réceptives aux traitements
Source : Thinkstock

SOIGNER – Des scientifiques français planchent sur une nouvelle méthode capable de guérir les cancers, la nanohyperthermie. L’objectif : chauffer la tumeur concernée pour l’affaiblir et la rendre davantage vulnérable aux séances de chimiothérapie.

Alors que près de huit millions de personnes sont victimes d’un cancer chaque année dans le monde, les scientifiques redoublent d’ingéniosité pour guérir ce "fléau grandissant", selon les termes de la Ligue contre le cancer. La dernière avancée en la matière vient d’une équipe de chercheurs du CNRS, de l’Inserm, de l’Université Paris Descartes et de l’Université Paris Diderot. Dans une étude parue dans la revue scientifique Theranostics, ils expliquent avoir rendu les tumeurs "plus vulnérables aux produits de traitement" grâce à un procédé dit de nanohyperthermie. 

Attaquer la structure même de la cellule

Actuellement, le traitement de référence du cancer reste la chimiothérapie, parfois associée à une radiothérapie ou à une chirurgie. Des médicaments sont alors administrés aux patients afin de détruire ou d’empêcher les cellules cancéreuses de se multiplier. Le dosage, le rythme d’administration et la façon dont on les associe dépend ensuite de la maladie du patient. 

Mais voilà, "la lutte contre le cancer est souvent entravée par les résistances physiques des tumeurs et les dommages collatéraux que causent les traitements", soulignent les auteurs des travaux dans un communiqué. C’est pourquoi ils ont cherché à s’attaquer à la structure même de la tumeur. En effet, lorsque les cellules cancéreuses s’organisent de façon anarchique, elles provoquent une rigidification de la tumeur. Du coup, elles prolifèrent et migrent plus facilement en métastases (elles s’étendent alors à d’autres organes). Cette rigidification complique également la diffusion des agents thérapeutiques dans la tumeur. 

Ne cibler que la tumeur

Toute la difficulté pour les chercheurs était donc d’affaiblir les tumeurs sans affecter les organes sains. Et l’obstacle a été franchi avec succès sur des souris. Comment ? Ils ont injecté des nanotubes de carbone directement dans la tumeur. Et les ont activés grâce à une lumière infrarouge. "Le laser agit alors dans les seules zones d’accumulation des nanotubes, qui vont chauffer sous son action", détaillent les auteurs. 

Ainsi, les souris ont suivi durant deux séances ce procédé appelé nanohyperthermie, à un jour d’intervalle. Leurs tumeurs ont été chauffées à 52°C pendant trois minutes. Résultats : "Elles se sont d'abord rigidifiées, avant de ramollir progressivement dans la dizaine de jours qui suivent le traitement", ont constaté les chercheurs. Si les bienfaits de cette technique sont confirmés à l’échelle humaine, elle pourrait prêter main forte à la chimiothérapie afin de détruire une fois pour toutes les cellules cancéreuses restantes. 

Images infrarouges d'une souris anesthésiée lorsque sa tumeur, injectée de nanotubes, est exposée à un laser.
Images infrarouges d'une souris anesthésiée lorsque sa tumeur, injectée de nanotubes, est exposée à un laser. - © Iris Marangon
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