Des centaines de bonbons contiennent du E171, un additif suspecté d'être cancérigène

Johanna Amselem
Publié le 28 octobre 2016 à 11h20, mis à jour le 10 mars 2017 à 15h54
Des centaines de bonbons contiennent du E171, un additif suspecté d'être cancérigène

NANOPARTICULES - Une centaine de sucreries contiennent des additifs et des nanoparticules, dont du dioxyde de titane (E171). Un constat inquiétant fait par l'association Agir pour l'environnement qui détaille la liste des sucreries concernées.

Après les substances cancérigènes dans les couches Pampers et l’arsenic dans les aliments pour bébés, ce sont maintenant les bonbons qui sont pointés du doigt. A quelques jours d’Halloween, l’association Agir pour l’Environnement a cherché à évaluer la dangerosité de ceux qui seront la star du 31 octobre.... et les meilleurs amis des enfants.

Et les résultats font froid dans le dos. D’après cette enquête, de nombreuses confiseries contiennent du dioxyde de titane. Un additif qui pourrait être cancérigène.

Quels bonbons sont concernés ?

Agir pour l'environnement

D’après Agir pour l’Environnement, plus de 100 sucreries différentes contiendraient des nanoparticules. Parmi eux : "des bonbons Têtes brulées, Elodie, Fizzy, chewing-gum Airwaves, Hollywood, Freedent, Malabar, confiseries M&M’s, Skittles, gâteaux LU, chocolats Milka, décorations gâteaux Vahiné", etc.

Quel est le problème ?

L’enquête a révélé la présence de nanoparticules dans ces bonbons disponibles dans une quinzaine d’enseignes de la grande distribution. Plus précisément, c’est un colorant alimentaire à base de dioxyde de titane qui est montré du doigt, un additif baptisé E171.

Qu’est-ce que le dioxyde de titane ?

Le dioxyde de titane n’est pas utilisé que dans l’alimentation mais également dans les filtres UV des crèmes solaires, dans les dentifrices, les comprimés, la peinture blanche ou encore le revêtement des routes. Dans l’alimentation, cet additif est utilisé pour rendre les aliments plus blancs ou plus brillants.

Que dit la réglementation ?

Agir pour l’Environnement rappelle que le dioxyde de titane a été classé comme cancérigène possible pour l’homme lorsqu’il est inhalé. De son côté, l’Anses a également proposé à l’agence européenne des produits chimiques de le classer comme "cancérogène 1B par inhalation". De plus, en mai 2014, l’Anses avait souhaité un classement des nanoparticules de dioxyde de titane comme une substance dangereuse. Une préconisation qui permet de mettre en place "des mesures de restrictions d’usage voire d’interdiction de l’utilisation de certaines applications au grand public", rappelle l’association.

Mais actuellement, il existe peu d’études qui mettent en avant la toxicité du dioxyde de titane lors de son ingestion. Agir pour l’environnement dénonce certains signes de toxicité dont un important caractère inflammatoire et un lien avec l’augmentation du stress oxydatif.

Et l’exposition des enfants serait particulièrement préoccupante. Comme le rappelle l’association, une récente étude révélait que les plus jeunes consommaient deux à quatre fois plus de titane que les adultes. En cause notamment l’ingestion des sucreries. Cette exposition précoce n’est certainement pas sans conséquence et c’est bien ce qui alerte l’association. Elle rappelle que la période d’exposition est capitale pour évaluer la toxicité et s’inquiète donc d’exposer les enfants dont l’organisme est encore en développement. 

Et pour l'avenir ?

Le gouvernement a décidé de se saisir de ces interrogations. Le ministère de l'Environnement et celui de la Santé ont décidé de se référer à l'Agence nationale de sécurité de l'alimentation afin qu'elle mène une expertise indépendante. C'est maintenant à elle de déterminer si le consommateur se met en danger.

Les industriels se défendent.  Citée par Le Parisien, l'Association nationale des industriels alimentaires tient à rappeller que la présence de ces nanoparticules "n'est pas interdite par les réglementations française et européenne". De plus, elle se réfère à l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui souligne même que le dioxyde de titane n'est pas "considéré comme un nanomatériau".

Quelles sont les alternatives ? Là encore, Agir pour l’environnement a une solution : "Il est tout fait possible de se passer de dioxyde de titane : soit il est substitué par un autre additif colorant soit il est tout simplement supprimé". Et de préciser que certains industriels, comme Lutti, ont déjà annoncé la fin de l'utilisation du dioxyde de titane dès le mois prochain.


Johanna Amselem

Tout
TF1 Info