Bisexualité : "Les gens veulent absolument que tu choisisses un camp"

par Julie BERNICHAN
Publié le 26 septembre 2016 à 18h49, mis à jour le 31 août 2017 à 15h59
Bisexualité : "Les gens veulent absolument que tu choisisses un camp"
Source : SIPA

SEXUALITÉ – Confrontés au déni ou au mépris de leur orientation sexuelle, les bisexuels veulent se faire une place à part entière dans la société. A l’occasion de la journée internationale de la bisexualité, ils ont marché dans les rues de Paris pour revendiquer leur identité et lutter contre les préjugés.

"La bisexualité existe, exprimons-la. La biphobie aussi, combattons-la !". Le ton de la 2ème grande Marche française consacrée à la cause bisexuelle est donné sur la place du colonel Fabien à Paris. Organisée en marge de la Techno Parade ce samedi 24 septembre par l’association Bi’Cause, le cortège aura tout de même rassemblé près de deux cents personnes selon les organisateurs. Parmi les défenseurs de "la liberté d’aimer", Caroline* et Eléonore, deux étudiantes à Sciences Po engagées dans des associations LGBT.

Bi Cause

"Au départ, je pensais que j’étais hétérosexuelle comme tout le monde, explique Eléonore à LCI. Et puis en première, je suis tombée amoureuse de ma meilleure amie. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à chercher des informations sur les sites LGBT pour voir si ça me concernait. J’ai d’abord pensé que j’étais lesbienne et puis un an plus tard j’ai rencontré un garçon dont je suis tombée amoureuse. A partir de ce moment-là, j’ai su que j’étais bisexuelle ou polysexuelle plus exactement."

Pour bien comprendre, la bisexualité est le fait d’éprouver de l’attirance sexuelle, émotionnelle et/ou sentimentale pour les personnes de tous sexes et de tous genres. Mais il existe des termes encore plus pointus.  Eléonore par exemple se définit comme polysexuelle, c’est-à-dire qu’elle rejette la notion binaire garçon/fille. "Différents genres peuvent être un facteur d’attraction pour moi", résume-t-elle. 

A l’instar de la chanteuse Christine and the Queens, son amie Caroline est quant à elle pansexuelle. "Je peux être attirée par des personnes qui ne se définissent ni comme un homme ni comme une femme", précise la jeune femme. Des personnes transgenres donc.

La bisexualité est une orientation sexuelle comme les autres
Vincent-Viktoria Strobel

Mais peu importe la dénomination donnée, le combat reste le même : sortir la bisexualité - dans son sens le plus large - de l’invisibilité. "Parce qu’elle est traitée à la légère et moins ancrée que l’hétérosexualité ou que l’homosexualité, la bisexualité peut être difficile à assumer et à vivre au quotidien", déplore Vincent-Viktoria Strobel, président de Bi’Cause, une association qui défend le droit des bisexuels.

 

Un sentiment partagé par Caroline : "Quand tu sors avec un garçon, on veut que tu sois hétéro et quand c’est avec une fille, on te définit comme lesbienne. En fait, les gens veulent absolument que tu choisisses un camp parce qu’ils considèrent que tu ne peux pas être les deux. Mais mon camp, c’est la bisexualité."

"Il est important de rappeler que la bisexualité est une orientation sexuelle comme les autres et même le Conseil de l’Europe le dit." Le président de l’association des bisexuels fait ainsi référence à un texte adopté le 29 avril 2010 : "l’Assemblée parlementaire rappelle que l’orientation sexuelle est une fraction profonde de l’identité de chaque être humain et qu’elle englobe l’hétérosexualité, la bisexualité et l’homosexualité."

Libertin, polygame…les clichés ont la vie dure

Outre la remise en question de son existence même, la bisexualité est victime de nombreux clichés. "C’est essentiellement ça la biphobie", précise Vincent-Viktoria Strobel."La bisexualité offre une potentialité de relations mais ça ne veut pas dire qu’on est en couple avec plusieurs personnes en même temps", précise par exemple Eléonore. "Ou qu’on est plus libertin ou infidèle que les autres", renchérit Caroline.

 

Malgré tout, Catherine Deschamps, socio-anthropologue et co-auteure de l’ouvrage la Bisexualité : le dernier tabou (Ed.Calman-Levy) constate 'une démocratisation de la parole'. En effet, "les études montrent que le nombre de bisexuels reste sensiblement  le même mais qu’ils l’affirment davantage." Selon la spécialiste, "l’adoption du PACS ou de la loi du mariage pour tous ont probablement aidé mais c’est aussi grâce aux revendications des artistes." Cœur de Pirate est la dernière en date à l’avoir fait, suite à l’attentat homophobe d’Orlondo qui a fait 49 victimes.

*Le prénom a été modifié.


Julie BERNICHAN

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