La pornodépendance, une véritable maladie ?

Publié le 20 juillet 2015 à 17h25
La pornodépendance, une véritable maladie ?

PORNODÉPENDANCE - La dépendance à la pornographie n'est pas reconnue comme une addiction, au même titre que l'alcool, la drogue ou les jeux d'argent. Dans la pratique, le nombre de consultations dans les cabinets des sexologues ne cessent d'augmenter. Metronews fait le point sur cette pathologie encore controversée avec la psychologue Michelle Boiron.

En raison de sa large diffusion sur le web, la dépendance à la pornographie touche aujourd'hui de plus en plus d'hommes. Au moins 6% des internautes seraient accros au porno en ligne. Mais peut-on vraiment parler d'addiction ? Des neuroscientifiques américains de l'Université de Californie se sont penchés sur la question récemment.

Les résultats de leurs travaux, parus dans la revue Biological Psychology , montrent que l'addiction à la pornographie n'en serait pas vraiment une. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont constaté que le cerveau des personnes souffrant de dépendance à la pornographie ne réagissait pas de la même manière que ceux qui ont une addiction à l'alcool, au drogue ou aux jeux d'argent.

La dépendance à la pornographie peut toucher tout le monde

"C'est un faux débat", tranche d'emblée Michelle Boiron, psychologue clinicienne. Dans son cabinet, elle reçoit régulièrement des hommes en détresse, devenus les otages de leur dépendance à la pornographie. Comme cet homme de 71 ans qui ne touche plus sa femme depuis dix ans à cause de son addiction. Ou bien encore, cet adolescent de 20 ans, incapable d'avoir une érection lorsqu'il se retrouve avec sa petite amie.

"La dépendance à la pornographie, comme l'addiction à l'alcool ou aux jeux d'argent, peut toucher tout le monde, souligne la psychologue. Elle est liée à un dérèglement du circuit de la récompense dans le cerveau. Celui en réclame toujours plus pour retrouver le niveau d'excitation ressenti lors premières expériences. Ce qui pousse l'individu à consommer de plus en plus d'images à caractère sexuel".

Ce n'est pas une fatalité, des solutions existent

Et les conséquences sur la vie des personnes sont bien réelles, aussi bien au niveau de la libido que du portefeuille. "La personne est passive lorsqu'elle regarde des images sexuelles, alors que dans la réalité l'homme (comme la femme) doit être actif, souligne Michelle Boiron. De plus, à force de s’habituer à regarder des images violentes, ils n'arrivent plus à ressentir une excitation suffisante pour satisfaire leur conjoint(e). L'autre souci, c'est l'argent.

Mais ce n'est pas une fatalité, des solutions existent. "Si une personne est incapable de s'abstenir sur une période de 5 jours, il faut consulter un sexologue pour mettre en place une thérapie comportementaliste, recommande la psychologue. Il y a des médicaments, des techniques comme l' EMDR (pour eye movement desensitization and reprocessing) ont fait leurs preuves dans le traitement des addictions. En cas de désocialisation, une psychanalyse doit être envisagée en parallèle. 

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Matthieu DELACHARLERY

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