L’étude santé du jour : le cancer est bien souvent le fruit du hasard

Publié le 2 janvier 2015 à 18h37
L’étude santé du jour : le cancer est bien souvent le fruit du hasard

ONCOLOGIE - Selon des chercheurs américains, la maladie serait simplement due à de la "malchance" à la suite de mutations aléatoires dans la division des cellules. Bien plus qu’à des causes génétiques, un environnement défavorable ou des mauvaises habitudes.

Tenir nos résolutions à la lettre pour mettre fin à nos mauvaises habitudes afin d’éviter tout cancer sera-t-il toujours d’actualité d’ici les prochaines années ? Une étude américaine publiée vendredi 2 janvier dans la revue Science vient en tout cas faire date dans la recherche contre le cancer – ne serait-ce que par la thèse qu’elle défend. Son postulat : le rôle du hasard dans le développement de tumeurs cancéreuses malignes, bien plus important que les facteurs de risque classiques (tabac, alcool, pollution, etc) ou génétiques.

Pour réaliser leur recherche, Cristian Tomasetti, biomathématicien et Bert Vogelstein, oncologue à l’université Johns Hopkins de Baltimore, ont choisi d’étudier le nombre de divisions des cellules souches – sachant que plus il y a de divisions, plus les chances de voir une mutation génétique sont importantes – pour le mettre en relation avec le taux de survenue de 31 types de cancers notamment celui de l’intestin grêle ou du colon. Mais pour autant, d’autres chercheurs pointent déjà du doigt les failles dans la méthodologie de l’étude, qui ne prend tout simplement pas en compte les cancers du sein et de la prostate, les deux types de cancer les plus répandus.

Au hasard des mutations génétiques lors de la division cellulaire

Résultats: sur les 31 cancers étudiés 22 (comme le cancer du pancréas ou le cancer du poumon des non-fumeurs) seraient principalement dus au hasard des mutations dans l’ADN lors de la division cellulaire alors que les facteurs de risque classiques ou les susceptibilités génétiques ne seraient responsables du développement de la pathologie dans un tiers des cas. "Quand quelqu'un a un cancer, il cherche aussitôt les raisons. Et dans de nombreux cas, c'est un simple manque de chance, on perd à la loterie" a ainsi observé le Docteur Bert Vogelstein, un des co-auteurs de l’étude.

Interrogé par Le Monde.fr , le cancérologue Fabrice Denis, chercheur associé à l'université de Rouen, n’est pas étonné par les résultats de cette étude novatrice : "Depuis quelques années, il y a beaucoup d'emphase sur les causes exogènes de cancers, comme la pollution, l’alimentation..., commente le médecin, mais ces travaux confirment que ce sont avant tout des maladies des personnes âgées. Ils accréditent aussi l'idée que quand l'espérance de vie progresse rapidement, ce qui a été le cas chez l'humain qui a multiplié la sienne par trois en deux siècles, la biologie ne suit pas".

Le rôle des facteurs exogènes n’est pas remis en question pour autant. Notamment le tabac, facteur de risque impliqué dans 17 types de cancers. Reste qu’"on devrait mobiliser davantage de ressources pour trouver des moyens de détecter ces types de cancers aléatoires à un stade précoce, soignable", conclut Cristian Tomasetti.

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La rédaction de TF1info

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