Œufs contaminés : qu'est-ce que l'amitraze, ce deuxième insecticide interdit utilisé dans les élevages français ?

par Charlotte ANGLADE
Publié le 25 août 2017 à 15h06, mis à jour le 25 août 2017 à 16h57
Œufs contaminés : qu'est-ce que l'amitraze, ce deuxième insecticide interdit utilisé dans les élevages français ?
Source : MARCEL KUSCH / DPA / AFP

SCANDALE - Le ministère de l'Agriculture a annoncé ce vendredi qu'un deuxième insecticide, dont l'utilisation est interdite dans les élevages avicoles, avait été utilisé dans plusieurs élevages de poules pondeuses en France. Le gouvernement néerlandais avait déjà indiqué mercredi que l'amitraze avait aussi été utilisé dans un élevage avicole aux Pays-Bas. LCI vous en dit plus sur la nature de ce produit.

Après le fipronil, l’amitraze. Ce vendredi, le ministère de l'Agriculture a annoncé que certains élevages français de poules pondeuse avait utilisé de l'amitraze. Un insecticide d'une toxicité "modérée", selon les autorités sanitaires françaises (Anses), formellement interdit dans ce type d'exploitation par la législation française et européenne. Le gouvernement assure dès à présent rechercher des résidus de ce produit dans les œufs. Parallèlement, l’Anses a été chargée "d'évaluer le risque sanitaire éventuel que présenterait la présence de tels résidus dans les œufs".

Depuis 2008, l’utilisation en tant que biocide ou agent phytopharmaceutique de l’amitraze est interdite en France, comme en Europe. Contactée par LCI, l'Anses cite cependant quelques exceptions. S'il est totalement exclu des élevages de volatiles, il est autorisé en application directe, sur la peau de l'animal, dans les élevages de bétail. Les ruches peuvent elles aussi être traîtées à l'amitraze, réparti sur des bandelettes, pour protéger les abeilles contre le varroa, un acarien "vampire". "Quelques colliers antiparasites pour chiens comportent de l’amitraze dans leur composition", ajoute l'Anses. Dans tous les cas, la vaporisation du produit est interdite.

Somnolence, hypothermie... Des effets observés en 1984

Selon les données de l'Anses, le seuil maximal au-delà duquel un risque aigu pour la santé n’est pas à exclure s'établi à 0,01 milligrammes par kilo de poids corporel. C'est 0,009 pour le fipronil. Si l'agence affirme ne pas connaître pour le moment les effets sur le long terme de l'ingurgitation d'une faible dose de manière régulière, certaines données permettent déjà de comprendre comment agit l'amitraze. Dans un rapport de l'Organisation mondiale pour la santé (OMS) datant de 1990, le cas de deux volontaires, qui s'étaient vu administrer en 1984 une dose orale d'amitraze bien plus élevée que le seuil maximal conseillé (0,25 mg/kg de poids corporel) est décrit. "L'un d'entre eux a ressenti une somnolence pendant six heures. Ils étaient l'un et l'autre hypothermiques. Les autres manifestations objectives comportaient une bradycardie [ralentissement du rythme cardiaque, ndlr], une hypotension et un assoupissement. Les deux volontaires se sont plaints d'une sècheresse de la bouche et d'une désorientation".

Oeufs contaminés : reportage dans un labo d'analyseSource : Sujet JT LCI
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Depuis début août, les élevages français de poules pondeuses ont déjà été inspectés pour vérifier une éventuelle utilisation de fipronil. "Les services français ont profité des inspections menées pour procéder à un état des lieux des pratiques en matière de traitements vétérinaires antiparasitaires", précise le ministère de l'Agriculture. 

Dans une lettre adressée au Parlement, deux ministres néerlandais avaient révélé mercredi l’utilisation de l'amitraze par Chickfriend, l’entreprise suspectée d’être à l’origine du scandale du fipronil. Il avait été employé dans un élevage bovin et avicole aux Pays-Bas. Pour le moment, le ministère de l'Agriculture français a indiqué ne pas avoir été alerté par les dispositifs de veille de la Commission européenne sur la présence éventuelle d'amitraze dans  les ovoproduits en provenance des Pays-Bas et de Belgique.


Charlotte ANGLADE

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