Perturbateurs endocriniens : ce que dit la loi et comment les éviter

Publié le 20 avril 2017 à 8h30
Perturbateurs endocriniens : ce que dit la loi et comment les éviter

POISON - Des traces de dizaines de perturbateurs endocriniens ont été retrouvées dans les cheveux d'enfants de 10 à 15 ans. Mais que peut-on faire pour se prémunir contre ces substances chimiques soupçonnées d'être toxiques ? Et surtout, que fait la loi pour nous en protéger ?

Une étude publiée ce jeudi 20 avril par le magazine 60 millions de consommateurs révèle que des traces de plusieurs perturbateurs endocriniens sont présentes dans les cheveux d'enfants de 10 à 15 ans. Bisphénol A, phtalates, pesticides...  23 à 54 molécules ont été retrouvées sur les 43 enfants et adolescents testés.

LCI s'est penché sur le sujet pour définir ces produits chimiques, ainsi que les différents produits où ils pouvaient être repérés et aussi ce qu'ils avaient comme conséquence sur une trop longue exposition. Place désormais à ce que le consommateur peut faire pour les éviter, et comment la loi ne l'aide pas vraiment dans cette démarche.

Le risque réduit de 80% grâce au bio et aux écolabels

Face à l'invasion des perturbateurs endocriniens dans tous les pans de l'alimentation, le consommateur est le premier à pouvoir agir. "Ce sont eux qui détiennent le pouvoir de changer les choses en achetant en priorité les produits issus de l'agriculture biologique ou en faisant appel aux filières écolabellisées", assure le Dr Lefèvre, porte-parole de l'association Santé France Environnement. "Un consommateur réduit son risque d'exposition aux perturbateurs endocriniens d'environ 80% s'il achète les produits biologiques suivants : les pommes, poires et fraises ; la plupart des légumes, notamment les salades et les tomates ; les produits laitiers et les oeufs".

 Car du côté des industriels et des lobbies qui servent leurs intérêts, les enjeux financiers sont tels que les mentalités avancent avec peine. "Ils n'ont aucun intérêt à ce que les consommateurs soient au courant de la composition de leur produit", affirme Jean Lefevrequi, pour illustrer son propos le docteur donne l'exemple du Triclosan, un antibactérien que l'on trouve dans les dentifrices. "Ce perturbateur pourrait être facilement retiré du marché. Il est en effet naturel d'avoir des bactéries dans la bouche. D'autant qu'il agit comme un antibiotique et favorise une certaine résistance". 

La résistance aux antibiotiques : un autre scandale sanitaire en vue ? "Il faut savoir que dans les hôpitaux, on sait aujourd'hui que trois germes sont insensibles à tous les antibiotiques connus", révèle-t-il.

"870 perturbateurs endocriniens ont d'ores et déjà été identifiés. Mais leur nombre réel pourrait être beaucoup plus important"
Le toxicologue André Cicolella

Que dit la loi ?

En 2014, une stratégie nationale a été adoptée en France réaffirmant la nécessité de protéger les populations vulnérables de ces substances. La France qui est, pour l'instant, le seul pays européen à avoir interdit le Bisphénol A dans tous les contenants alimentaires depuis 2015. Là ou l’Union européenne ne l’interdit que pour la fabrication des biberons. 

Mais la route est longue. Les substances soupçonnées d’avoir des propriétés de perturbateur endocrinien sont tellement répandues et en si grande quantité, que le risque zéro semble inaccessible. Le toxicologue André Cicolella nous explique ainsi que "870 perturbateurs endocriniens ont d'ores et déjà été identifiés parmi les 143.000 substances chimiques présentes sur le marché aujourd'hui. Mais leur nombre réel pourrait être beaucoup plus important".

"Pourtant, la législation ne bouge pas", regrette François Veillerette, ex-président du Greenpeace et administrateur du Réseau environnement santé. "Dans une tribune publiée le 29 novembre dans le journal Le Monde, une centaine de scientifiques se sont alliés pour dénoncer l'absence de réglement limitant l'exposition aux perturbateurs endocriniens. Ils pointaient alors du doigt les 'marchands de doute', des chercheurs liés aux fabricants, accusés de détourner les données scientifiques." Le 21 février, une étude de l'UFC-Que Choisir allait dans le même sens, regrettant que "mis à part quelques rares produits en infraction avec la loi, la présence de ces composés indésirables est légale, à la faveur d'une réglementation laxiste". Autant de freins supplémentaires qui rendent urgente une définition claire de ce qu'est un perturbateur endocrinien.


Virginie FAUROUX

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