Moderna, AstraZeneca... quand les autres vaccins seront-ils disponibles en France ?

Publié le 4 janvier 2021 à 14h01, mis à jour le 4 janvier 2021 à 15h27

Source : JT 20h WE

CALENDRIER - Jugée trop lente, la campagne de vaccination française pourrait bénéficier d'un coup d'accélérateur dans les prochaines semaines, lorsque de nouveaux vaccins seront autorisés. Où en sont-ils ? LCI fait le point.

La campagne de vaccination française peine à se lancer. Selon les dernières données disponibles et datées du 1er janvier, à peine 500 personnes se sont vu administrer une dose de vaccin contre le Covid-19 sur le territoire. Pour l'heure, seul le remède développé par Pfizer/BioNTech est disponible. 500.000 doses doivent arriver en France chaque semaine de janvier, avec pour objectif un million de vaccinés d'ici la fin du mois.

D'autres vaccins pourraient également venir renforcer la campagne française, l'UE ayant précommandé des doses auprès de quatre autres laboratoires : Moderna, AstraZeneca, Janssen et CureVac. 

Moderna : décision imminente

Déjà autorisé aux États-Unis et au Canada, le vaccin développé par la société américaine Moderna pourrait rapidement être autorisé en France. "La commission européenne se réunit cette semaine pour décider", indique à LCI Bruno Pitard, directeur de recherche au CNRS au Centre de cancérologie et d'immunologie Nantes-Angers. Initialement, une réunion sur l'autorisation du vaccin de Moderna aurait dû se tenir mercredi 6 janvier, à Amsterdam, siège de l'Agence européenne du médicament (EMA). Mais le régulateur européen a annoncé ce lundi qu'une réunion à ce sujet se tiendra dès "aujourd'hui" autour du "comité des médicaments à usage humain", à l'issue de laquelle le vaccin pourrait être autorisé.

La France a précommandé 6,9 millions de doses de ce vaccin à ARN messager, qui fonctionne comme celui de Pfizer, mais dont les conditions de conservation "sont moins drastiques", poursuit Bruno Pitard. Il doit être conservé "à -20°C", contre -70°C pour le seul vaccin autorisé, ce qui pourrait faciliter sa mise à disposition auprès de la population.

AstraZeneca : probablement pas d'autorisation en janvier

Autre vaccin particulièrement attendu pour ses conditions de conservation, mais aussi pour son prix (environ 2,70 euros la dose), le remède développé par le laboratoire britannique AstraZeneca attendra, lui, quelques semaines avant d'être homologué. "Suite à une erreur de dosage, des phases 3 ont été relancées", rappelle Bruno Pitard. En effet, "les personnes ayant reçu une demi-dose lors de la première injection puis une dose complète lors de la deuxième bénéficient d'une meilleure protection que celles qui ont reçu une dose entière à chaque fois", précise-t-il. "Cette observation, pas forcément attendue, a permis de relancer les essais de phase 3, afin de regarder plus précisément si l'efficacité est confirmée." Les résultats ne sont pas encore connus, mais devraient arriver "courant janvier".

En ce sens, une autorisation par la Commission européenne n'est pas attendue pour tout de suite. Le Royaume-Uni a toutefois démarré ses injections avec ce vaccin depuis ce lundi, tandis qu'il est désormais autorisé par l'Argentine et l'Inde. Son homologation au sein de l'Union européenne ne devrait cependant pas intervenir en janvier, a affirmé ces derniers jours l'EMA. Les États-Unis, quant à eux, n'envisagent pas de l'approuver avant avril.

"L'Agence anglaise du médicament a peut-être des informations qui lui ont permis de délivrer l'autorisation d'urgence", commente le directeur de recherche. "Peut-être qu'AstraZeneca sera le prochain candidat sur lequel l'Agence européenne va se pencher, mais pour l'instant, rien n'a filtré."

Bruno Pitard redoute toutefois l'acceptation de ce vaccin par la population. "Il y a eu beaucoup de levers de boucliers pour savoir si l'ARN messager (type de vaccin développé notamment par Pfizer et Moderna, ndlr) allait modifier le génome des individus vaccinés. Or, l'ARN messager du vaccin ne va pas dans le noyau, où se situe l'ADN. Malgré cela, il y a eu beaucoup de réticences", rappelle-t-il. Le remède développé par AstraZeneca est "un vaccin à ADN. Lui va vraiment dans le noyau. Mais les interrogations ne semblent pas encore être arrivées, peut-être parce que cette classe de vaccins n'est pas encore autorisée."

Janssen et CureVac : bientôt des résultats de phase 3

La France mise également sur les vaccins développés par Janssen (8,4 millions de doses précommandées) et CureVac (8,3) pour accroître son arsenal vaccinal. Tous deux "sont en phase 3", indique Bruno Pitard, la dernière des essais cliniques. Le vaccin Janssen est "un adénovirus, qui ressemble à celui d'AstraZeneca. Les essais avaient connu un arrêt temporaire l'été dernier suite à un patient qui avait subi une réaction secondaire. Le groupe devrait communiquer des résultats intermédiaires de phase 3 dans le courant du mois", précise-t-il.

"À titre de comparaison, les premiers résultats de Pfizer/BioNTech étaient arrivés en novembre", rappelle le spécialiste, et le vaccin avait été autorisé "un bon mois" plus tard en Europe. "Si nous appliquons le même délai d'investigation et de relecture par l'Agence européenne, nous pouvons dire que nous aurons des nouvelles de ce vaccin en février."

Celui de CureVac, vaccin à ARN messager, pourrait arriver quelques semaines plus tard. "En fin d'année dernière, le groupe avait indiqué que son vaccin avait trois à quatre mois de retard sur celui de Pfizer/BioNTech", assure Bruno Pitard, selon qui aucune autorisation n'est donc à attendre "avant avril."


Idèr NABILI

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