CLAP DE FIN - Après 20 ans de bons et loyaux service, les 2.5 tonnes du vaisseau spatial Cassini a donc plongé ce vendredi 15 septembre dans l'atmosphère de Saturne pour s'y vaporiser, bouclant une mission scientifique exceptionnelle qui aura bouleversé la planétologie. Mais pour quelles raisons la Nasa a-t-elle clos cette mission ?
Clap de fin pour la longue aventure spatiale. Le périple de la sonde américaine Cassini s'est s'achevé ce vendredi avec son plongeon entamé vers midi (heure de Paris) dans l'atmosphère de Saturne, où elle s'est désintégrée. Le vaisseau de 2,5 tonnes, lancé en 1997 et qui a commencé à explorer la grande planète gazeuse et 19 de ses lunes en 2004, a, comme prévu, perdu le contact avec la Terre deux minutes après le début de son plongeon à une vitesse de 113.000 km/h.
Mais pourquoi cette mission spatiale, qui a enregistré de nombreux succès, s'est-elle achevée ? À son décollage en 1997, Cassini partait pour un voyage de onze années : sept pour arriver jusqu’à Saturne et quatre autres à tourner autour de la planète aux anneaux et de ses lunes. La sonde a donc déjà eu le droit à neuf années supplémentaires. Pourquoi ? Etant toujours en grande forme et ayant permis des découvertes inattendues, son voyage a été prolongé.
"Les découvertes faites figurent parmi les plus époustouflantes en science planétaire", a jugé mercredi devant la presse Linda Spilker, principale scientifique de la mission. Avec près de 300 orbites autour de Saturne, la sonde a en effet notamment révélé des mers de méthane liquide sur Titan, son plus grand satellite naturel, et un vaste océan d'eau salée sous la surface glacée d'Encelade, une petite lune saturnienne.
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Plus de carburant
Mais Cassini était à bout de carburant, ce qui aurait pu provoquer une perte des commandes de ses moteurs d'attitude, ne permettant ainsi plus d'orienter la sonde. Hors de contrôle, le vaisseau aurait donc pu finir par s'écraser sur les lunes Titan ou Encelade. Or, durant sa mission, Cassini a indiqué par ses explorations que sur ces deux satellites se trouverait une certaine forme de vie, plus exactement des traces organiques.
"En précipitant Cassini dans l'atmosphère de Saturne, on évite tout risque que le vaisseau aille s'écraser sur l'une des lunes où la vie pourrait exister, comme Encelade, les préservant de toute contamination", a expliqué Earl Maize, le responsable du projet Cassini.
En effet, la Nasa souhaitait éviter qu'il y ait des doutes concernant ces traces de vie si la sonde se crashe sur l'un de ces satellites. L'agence spatiale avait fait la même chose en 2003 avec son orbiteur Galiléo, qu'elle avait précipité dans l'atmosphère de Jupiter pour épargner sa lune Europe, également dotée d'un vaste océan d'eau salée sous une épaisse banquise où la vie pourrait exister.
Un ultime plongeon prometteur
Le grand final de Cassini a eu lieu vers 14 heures (heure de paris). La sonde a effectué une chute vertigineuse d'une à deux minutes. Dix de ses instruments ont fonctionné jusqu'au dernier moment, dont le spectromètre destiné à analyser l'atmosphère. Dans un dernier souffle, le vaisseau a donc transmis des informations inédites sur Saturne. La "mission suicide" de Cassini permettra en effet d'obtenir des données sur la composition des gaz et des plasmas de la planète Saturne, ainsi que les températures et les champs magnétiques rencontrés. Des informations qui devraient aider à comprendre la formation et l'évolution de la planète gazeuse.