L'époustouflant cliché de Jupiter pris par la sonde Juno

Matthieu Delacharlery avec AFP
Publié le 26 mai 2017 à 12h43, mis à jour le 26 mai 2017 à 14h58
L'époustouflant cliché de Jupiter pris par la sonde Juno

DANS LE COSMOS - Jupiter comme vous ne l'avez jamais vue ! La sonde spatiale Juno a livré des observations inédites sur l’atmosphère de la plus grande planète de notre système solaire. Juste un mot : sublime.

Tempête dans le cosmos. La sonde spatiale Juno, en orbite autour de Jupiter depuis juillet 2016, a pu capter pour la première fois la formation de gigantesques ouragans au-dessus des pôles de la géante gazeuse. Des observations inédites sur l'atmosphère et l'intérieur de Jupiter, la plus grande planète de notre système solaire, 317 fois la masse de la Terre, près de 11 fois son rayon, que nous livre l'Agence spatiale américaine dans ce bulletin météorologique de l'univers.

Jupiter apparaît comme "un monde complexe, gigantesque et turbulent", très différent de ce que les scientifiques imaginaient, a expliqué la Nasa en commentant deux des premières études effectuées avec les données transmises par Juno et publiées jeudi dans la revue américaine Science. "Il se passe tellement de choses que nous ne pensions pas que nous aurions à repenser entièrement notre façon de voir Jupiter", a résumé Scott Bolton, le responsable scientifique de la mission destinée à percer ses mystères de la planète gelée au coeur de pierre.

Des ouragans de 1400 kilomètres de diamètre

En plus de ces deux études, 44 autres recherches à partir des données recueillies par Juno paraissent dans le Geophysical Research Letters. L'orbite elliptique de la sonde a permis aux scientifiques de faire des observations totalement nouvelles. Juno a pu survoler les pôles de Jupiter et s'approcher à moins de 5.000 kilomètres au-dessus de la couche nuageuse de sa haute atmosphère. "Les images des régions polaires de Jupiter, jamais vues auparavant, montrent des masses brillantes de forme ovale qui sont notamment très différentes de ce qu'on a pu observer aux pôles de Saturne", une autre planète géante gazeuse, écrivent les scientifiques. En fait, il s'agit d'ouragans géants d'un diamètre pouvant atteindre 1.400 kilomètres.

En s'approchant de la couche nuageuse, Juno, qui est équipée de neuf instruments scientifiques, a pu mesurer l'activité thermale dans les profondeurs de l'atmosphère jovienne. Les données recueillies révèlent des structures inattendues que les scientifiques ont interprétées comme des indications de masses d'ammoniaque provenant des profondeurs de l'atmosphère et formant des systèmes météorologiques. Une analyse du champ magnétique de Jupiter a aussi révélé qu'il était beaucoup plus intense à proximité de la planète que ce que les modèles mathématiques prévoyaient. Il est environ dix fois plus puissant que le champ magnétique terrestre.

La sonde Juno a livré des observations inédites sur l'atmosphère et l'intérieur de Jupiter.
La sonde Juno a livré des observations inédites sur l'atmosphère et l'intérieur de Jupiter. - NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Betsy Asher Hall/Gervasio Robles

Le chant de Jupiter enregistré la sonde Juno

La semaine dernière, la Nasa avait mis en ligne le "chant" produit parJupiter qui avait été capté par la sonde spatiale Juno. Comme pour celui de Saturne détecté par Cassini, un humain ne pourrait pas vraiment l'entendre. Mais il représente dans l'esprit des scientifiques a densité de plasma de l'ionosphère de Jupiter. Même l'agence spatiale américaine n'arrive pas, pour l'instant, à comprendre le phénomène exact qui a provoqué les petits bips que l'on entend à la fin de laséquence, relève le site américain Mashable.

De possibles geysers repérés sur Europe, lune de JupiterSource : Sujet JT LCI
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Jupiter, une planète pleine de mystères

Juno a également mesuré le champ gravitationnel jovien pour déterminer si la planète avait un noyau solide comme certains modèles le prédisent. Les résultats "ne sont pas clairs", indiquant qu'il ne s'agit apparemment pas d'un petit noyau solide, sans pouvoir vraiment en définir la nature. Au contraire, selon Scott Bolton, le noyau pourrait être partiellement dissout et nettement plus grand que les prédictions des scientifiques.

J.E.P. Connerney et al., Science (2017)

Au-dessus des pôles de Jupiter, la sonde américaine a détecté des jets d'électrons provenant des vents solaires qui arrosent la haute atmosphère de Jupiter et pourraient alimenter les énormes aurores boréales observées par les caméras en infra-rouge de la sonde de 3.6 tonnes. Ces pluies d'électrons paraissent avoir une distribution différente que celles qui se produisent au-dessus de l'atmosphère terrestre. Cela suggère des interactions de Jupiter avec l'environnement spatial entièrement différentes, selon les chercheurs.

Prochain survol de la planète : le 11 juillet prochain

Le prochain survol rapproché est prévu le 11 juillet. "Nous passerons directement au-dessus du phénomène le plus remarquable de tout le système solaire, que connaissent tous les écoliers, à savoir la grande tache rouge de Jupiter", a indiqué Scott Bolton. Si quelqu'un va expliquer l'énigme de ce qui se trouve sous ce gigantesque tourbillon, c'est Juno et ses instruments capables de pénétrer ces épaisses couches nuageuses."

La planète Jupiter comme vous ne l’avez jamais vueSource : JT 20h WE
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Lancée le 5 août 2011, la sonde, s'est mise en orbite autour de Jupiter le 4 juillet 2016. Juno est passée le 27 août au plus près de la planète, à 4.200 km au-dessus de la couche de nuages. Juno, une mission de 1,1 milliard de dollars, doit rester au total une vingtaine de mois autour de Jupiter dont elle doit effectuer 37 survols, pour la plupart entre 10.000 et 4.667 kilomètres au-dessus des nuages. Les survols de Juno sont beaucoup plus proches que le précédent record de 43.000 kilomètres, établi par la sonde américaine Pioneer 11 en 1974.


Matthieu Delacharlery avec AFP

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