Lemmy, Pink Floyd, Beyoncé... les scientifiques baptisent leurs découvertes en hommage à la pop-culture

Publié le 9 août 2017 à 19h12
Lemmy, Pink Floyd, Beyoncé... les scientifiques baptisent leurs découvertes en hommage à la pop-culture
Source : AFP

FANTAISIE - Des scientifiques du musée d'Histoire naturelle de Londres ont baptisé un fossile de crocodile préhistorique "Lemmysuchus", en hommage au mythique chanteur du groupe Motörhead , Lemmy. Cet exemple de scientifiques qui baptisent une nouvelle espèce en hommage à un groupe ou à un film est loin d'être exceptionnel.

Lemmy aura un fossile préhistorique à son nom. Si le chanteur de Motörhead (décédé en 2015) n'avait pas besoin de ça pour passer à la postérité, il sera en tout cas désormais là où on ne l'attendait pas : dans les manuels scientifiques. Un groupe de chercheurs du musée d'Histoire naturelle de Londres vient de baptiser un fossile de crocodile "Lemmysuchus", ce qui signifie en latin "le crocodile de Lemmy". 

Ce fossile, trouvé aux alentours de Peterborough (Angleterre), au début du siècle dernier, a été réétudié récemment, car une doctorante en paléontologie rigoureuse s'est rendu compte qu'il n'avait pas été correctement décrit et classifié. Cette créature, qui vivait sous le Jurassique, il y a plus de 164 millions d'années, mesurait 5,8 mètres de long et était l'un des plus grands prédateurs côtiers de l'époque selon le musée.  La conservatrice du musée, Lorna Steel, s'est félicitée de cette découverte et de cette allusion, imaginant que le chanteur de Motörhead  aurait probablement trinqué à cette créature, "l'une des plus méchantes créatures marines qui aient jamais habité sur Terre."

Ce n'est pourtant pas la première fois que Lemmy Kilmister, le légendaire chanteur du groupe de hard-rock mort en décembre 2015, donne son nom à une espèce . Déjà en 2006, un ver de terre avait pris le nom de Kalloprion Kilmisteri.

Ces baptêmes fantaisistes sont loin d'être exceptionnels. Chaque année, sur les 16.000 nouvelles espèces répertoriées, nombreuses sont celles à s'inspirer de la pop-culture pour leur nom. En avril dernier, une crevette munie d'une pince capable d'émettre un son puissant avait été baptisée "Synalpheus pinkfloydi". 

Le plus vieux fossile découvertSource : Sujet JT LCI
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David Bowie aussi a eu le droit à son hommage dans une revue scientifique, avec une araignée découverte en Malaisie et baptisée "heteropoda davidbowie", tout comme Beyoncé, qui a eu le droit à son nom latinisé pour une espèce de mouche à cheval, la "Scaptia Plinthina beyonceae".

Si beaucoup d'espèces ont été nommées en hommage à des groupes, la littérature et les séries y passent aussi, avec une certaine prépondérance pour l'heroic fantaisy et la culture "geek".  L'œuvre de J.R.R. Tolkien, l'auteur du Seigneur des anneaux est ainsi largement représentée dans les revues scientifiques.

Plus récemment, deux espèces de fourmis de Papouasie ont été nommées comme deux des dragons de la série Game of thrones (adaptée de l'univers de George R. R. Martin), Pheidole Drogon et Pheidole Viserion.

Un choix totalement libre

Lorsque des chercheurs font une découverte et décrivent une nouvelle espèce scientifique, le choix du nom est totalement libre, assure Sylvie Crasquin, directrice de recherche au CNRS et spécialiste des grandes crises de la biodiversité au cours des temps géologiques. 

La description paraît dans des revues scientifiques spécialisées et sont validées ensuite par la communauté scientifique mais le nom de l'espèce peut  faire référence à n'importe quoi. Dans leur démarche scientifique, c'est d'ailleurs le seul moment où les chercheurs peuvent faire preuve d'un peu de fantaisie.

"La seule contrainte, c'est de respecter les règles de nomenclature", explique Sylvie Crasquin. Autrement dit, le nom doit être latinisé et le suffixe doit correspondre au genre. La scientifique raconte d'ailleurs qu'elle avait baptisé une nouvelle espèce "capilo-tractum" après avoir passé du temps à s'arracher les cheveux sur ce cas.

Ce baptême peut donc donner lieu à un certain humour potache et à des "private-jokes" au sein de la communauté scientifique.  Le nom peut aussi faire référence à des hommes politiques. C'est le cas de la "Neopalpa donaldtrumpi", une mite baptisée ainsi  en hommage aux cheveux de Donald Trump.


La rédaction de TF1info

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