Record d'impacts de foudre en 2018 : on vous éclaire sur ce phénomène

par Matthieu JUBLIN
Publié le 7 septembre 2018 à 11h15
Record d'impacts de foudre en 2018 : on vous éclaire sur ce phénomène

ORAGES - Selon l'organisme Météorage, l'année 2018 s'annonce comme exceptionnelle en nombre de coups de foudres, deux fois plus d'impacts ayant déjà été enregistrés par rapport à 2017. Comment expliquer ce phénomène météorologique aussi impressionnant que dangereux ? Comment la foudre se crée-t-elle ? Quelles sont les régions les plus risquées ?

Souvent spectaculaire et parfois destructrice, la foudre en est la conséquence la plus impressionnante des orages. Et cette année, elle déchire plus que jamais le ciel de l'Hexagone : selon les calculs de l'organisme Météorage, près de 700.000 impacts de foudre ont déjà été enregistrés en France depuis janvier dernier. C'est plus du double que le nombre qui a touché le sol sur l'année 2017 entière. La journée la plus foudroyée de l'année est pour l'heure celle du 9 août, assure le site de cet opérateur du réseau européen de détection foudre, "avec 41 639 éclairs nuage-sol" comptabilisés.

"L’année 2018 sera donc l’année de tous les records", assure dans Le Parisien le directeur de l'organisme, qui parle d'une succession de "régimes météorologiques" propices aux éclairs pour expliquer cette intensification du phénomène. LCI a donc cherché à en savoir plus sur les conditions de la formation des coups de foudre, et sur leur dangerosité.

Comment ça marche ?

Tout commence avec un nuage : le cumulonimbus. Épais de plusieurs kilomètres, il est divisé entre une partie qui a une charge électrique positive et une autre avec une charge électrique négative. Généralement, c'est la partie basse du nuage, la plus proche du sol, qui est chargée négativement. Tandis que sur le sol, les objets situés en hauteur ont des charges positives.

L'éclair est alors le "chemin" emprunté par l'électricité entre la partie du nuage chargée négativement et la partie du sol chargée positivement (car les charges opposées s'attirent, comme on l'apprend en cours de sciences naturelles). Dans de rares cas, l'éclair relie la partie du nuage chargée positivement à la partie du sol chargée négativement. Ces éclairs là sont plus dangereux et plus longs, car ils partent du haut du nuage. S'ils sont moins fréquents, c'est parce que l'électricité cherche le chemin "le plus court" pour relier deux objets aux charges opposées.

C'est puissant comment ?

La foudre n'a pas toujours la même puissance, mais un éclair peut atteindre 20 gigawatts, avec une différence de charge de 100 millions de volts. Ces chiffres semblent très élevés, mais la durée d'un éclair est si courte qu'il ne pourrait en réalité pas alimenter grand chose. Le blogueur scientifique Cedric Schmetz avait par exemple calculé qu'en captant toute l'énergie de tous les éclairs tombés en Belgique pendant une année, on ne pourrait fournir en électricité 250 foyers pendant cette même période.

Quel est le danger pour l'homme ?

Même si sa puissance est relative, un éclair peut atteindre une température de 30.000 °C. De quoi occasionner quelques brûlures et d'autres dommages au corps humain. Mais, contre toute attente, la majorité des personnes frappées par la foudre ne meurent pas ! Chaque année, la France est touchée par environ 500.000 à 1 million d'éclairs. Sur tous ces éclairs, 100 à 200 en moyenne atteignent une personne, et une dizaine d'entre-elles n'y survit pas. Soit un taux de mortalité de moins de 10%. 

Généralement, les personnes qui meurent à cause de la foudre sont victimes d'un arrêt cardiaque. Ceux qui survivent peuvent souffrir de lésions au cerveau, aux yeux, ou à d'autres parties du corps traversées par l'arc électrique. Beaucoup sont victimes de séquelles psychologiques, allant du stress post-traumatique à la dépression. 

Il existe plusieurs manières d'être foudroyé. Quand la décharge touche directement la victime, on parle de "foudroiement direct". Mais la foudre emprunte parfois d'autres chemins, et peut passer par des objets alentours avant de toucher l'homme. Il s'agit alors de "foudroiement par éclair latéral".  L'éclair peut même passer par le sol avant de toucher les membres inférieurs. Un phénomène de ce type, appelé "foudroiement par tension de pas" a été filmé en 1998, lors d'un match de football en Afrique du Sud. On voit le flash de l'éclair, et plusieurs joueurs s'effondrer sur le sol à divers endroits du terrain.

En plus de ces dommages humains, on estime que la foudre cause chaque année 15.000 incendies environ, tue 20.000 bêtes, surtout parmi les troupeaux de montagne, et a un coût d'environ 1 milliard d'euros. 

Pourquoi ça fait du bruit ?

Le craquement de la foudre (ou le grondement, si l'éclair est plus éloigné) n'est pas causé par l'éclair en lui même, mais par sa température. On a vu que celle-ci pouvait atteindre 30.000 degrés. Une chaleur telle que l'air autour se dilate brutalement. C'est cette dilatation qui produit le tonnerre, audible parfois jusqu'à 25 kilomètres. 

C'est aussi grâce à ce coup de tonnerre que l'ont peut évaluer la distance qui nous sépare d'un éclair. En arrondissant quelque peu, on estime que chaque seconde passée entre le "flash" et le coup de tonnerre représente une distance de 300 mètres. Trois secondes de décalage, celà signifie que l'éclair a frappé à environ 1 kilomètre. 

Quelles sont les zones à risques ?

Les mesures régulières montrent que la région PACA est la plus frappée par la foudre. La Bretagne est, quant à elle, la plus épargnée par les éclairs. Ainsi, Nîmes est quarante fois plus touchée par la foudre que Quimper. À l'échelle mondiale, c'est le centre de l'Afrique qui bat tous les records, comme le montre cette carte de la Nasa représentant la fréquence de la foudre entre 1995 et 2003.

NASA

Dans certaines zones, notamment en République démocratique du Congo, on peut dénombrer plus de 70 éclairs par kilomètre carré et par an. Le Nord de la Colombie et du Vénézuela sont également très touchés, ainsi que le Nord du Pakistan.


Matthieu JUBLIN

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