De la vie sur Vénus ? La découverte d'un gaz suscite l'enthousiasme de la Nasa

Publié le 15 septembre 2020 à 6h30, mis à jour le 15 septembre 2020 à 7h07

Source : TF1 Info

DÉCOUVERTE - Des chercheurs ont établi la "présence apparente" dans les couches nuageuses de Vénus d'un gaz qui sur Terre est associé à la vie, la phosphine. L’administrateur de la Nasa dit vouloir maintenant donner la priorité à l’étude de cette planète.

"Il est temps de prioriser Vénus" : le patron de la Nasa a célébré lundi 14 septembre la découverte dans les couches nuageuses de Vénus d'un gaz signalant peut-être la vie, la phosphine. "De la vie sur Vénus ? La découverte de phosphine, produit dérivé de la biologie anaérobie, est l'événement le plus important à ce jour dans la recherche de vie en dehors de la Terre", a tweeté Jim Bridenstine, administrateur de l’agence spatiale américaine.

Une réaction enthousiaste postée après la publication plus tôt dans la journée d’une étude sur cette découverte par la revue Nature Astronomy. C'est la première fois que l'on découvre de la phosphine dans l'une des quatre planètes telluriques de notre système solaire, "la Terre mise à part", a expliqué à l'AFP Jane S. Greaves, professeure d'astronomie à l’Université de Cardiff au Royaume-Uni et autrice principale de l'article.

La phosphine a été détectée par l'observation de l'atmosphère vénusienne à l'aide de deux radiotélescopes. Elle "pourrait provenir de processus inconnus de photochimie ou géochimie, ou, par analogie avec la production biologique de phosphine sur Terre, grâce à la présence de vie", explique l'étude. 

La présence de phosphine, un composé hautement toxique, ne dépareille pas dans l'atmosphère infernale de la deuxième planète la plus proche du soleil. Connue aussi sous le nom d'étoile du Berger, son atmosphère de gaz carbonique, à 97%, baigne dans une température de surface autour de 470°C avec une pression plus de 90 fois plus grande que la nôtre. Mais c'est dans l'épaisse couche de nuages hyper acides, nappant la planète jusque autour de 60 km d'altitude, que l'équipe de Jane Greaves suppose que les molécules de phosphine peuvent se trouver.  "Là, les nuages sont ‘tempérés’ autour de 30 degrés Celsius", selon l'étude, qui n'exclut pas que le gaz se forme à une altitude plus basse et plus chaude avant de s'élever.

"Pas une preuve robuste de vie"

Mais d'où vient-il ? La Pr Greaves "espère avoir pris en compte tous les processus susceptibles d'expliquer sa présence dans l'atmosphère de Vénus". A moins d'en identifier un nouveau, reste l'hypothèse d'une forme de vie. Si c'est le cas, "nous pensons que (cette forme de vie) devrait être de petite taille, pour flotter librement", explique la scientifique, dont l'étude "insiste sur le fait que la détection de phosphine n'est pas une preuve robuste de vie, seulement d'une chimie anormale et inexpliquée"

La phosphine est composée d'un atome de phosphore et de trois d'hydrogène. Le phosphore est un des six éléments chimiques du vivant, mais "même si une planète contenait du phosphore en abondance, il pourrait lui manquer une autre condition nécessaire à la vie, comme d'autres éléments, ou son milieu pourrait être trop chaud, ou trop sec", prévient Jane Greaves.

A priori, l'atmosphère de Vénus, "extrêmement déshydratante et hyper acide", n'est pas propice à la vie. Mais peut-être que sa couche nuageuse pourrait l'être. La Nasa a d'ailleurs découvert il y a une décennie de la vie microbienne dans les couches supérieures de l'atmosphère terrestre. La Pr. Greaves et ses collègues plaident donc pour une observation plus poussée du phénomène. En s'affranchissant idéalement du "filtre" de l'atmosphère terrestre, grâce à un télescope spatial. Et pourquoi pas avec une nouvelle visite, par sonde.

De nouvelles missions vers Vénus ?

Vénus a été explorée dès les années 1960 mais a rapidement été considérée comme moins intéressante scientifiquement que Mars et l'extérieur du système solaire. Le regain d'intérêt pour Vénus est cependant général : deux des quatre missions en concurrence pour le prochain programme d'exploration du système solaire de la Nasa concernent Vénus, a rappelé Thomas Zurbuchen, directeur scientifique de l'agence. La sélection aura lieu l'an prochain.


La rédaction de TF1info

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