Air France, emploi, conférence sociale : la CGT durcit le ton

par Nicolas VANEL
Publié le 18 octobre 2015 à 16h46
Air France, emploi, conférence sociale : la CGT durcit le ton

SYNDICAT - La CGT boycotte lundi la conférence sociale du gouvernement. En plein conflit Air France et à quelques mois du congrès de la centrale, le leader cégétiste Philippe Martinez dénonce la politique sociale de François Hollande.

Le gouvernement dans le viseur de la CGT. En plein conflit social chez Air France, le numéro un du syndicat, Philippe Martinez, boycottera lundi la conférence sociale du gouvernement, consacrée cette année au climat et la COP-21, à la transformation numérique du travail et au Compte personnel d'activité (CPA). "L’objectif pour nous est que nous soyons entendus et là, les conditions ne sont pas réunies", a notamment déclaré le syndicaliste qui fait de l’augmentation des salaires et de la réduction du temps de travail les leviers de la relance économique du pays.

Le secrétaire général de la CGT sera en revanche bien devant l’Assemblée nationale jeudi pour réclamer la fin des poursuites engagées contre les salariés d'Air France soupçonnés d'avoir violenté des dirigeants de la compagnie, le 5 octobre dernier. Mais aussi pour soutenir les emplois au sein de la compagnie, alors qu'un nouveau comité central d'entreprise d'Air France se tiendra au même moment. Et des mobilisations, la centrale en a cochées dans son agenda : manifestation des cheminots fin octobre, rassemblement pour les retraites programmé le 24 novembre et mobilisation des "privés d'emploi", le 5 décembre. Autant de rendez-vous que la CGT espère fédérateurs alors que les derniers rassemblements, à commencer par celui du 8 octobre dernier, n'ont pas été de francs succès.

Le quinquennat de Hollande "dans la continuité" de celui de Sarkozy

Dans ce contexte, le conflit à Air France apparaît comme un espace d'expression et de lutte pour une CGT émoussée, absente de l'accord de principe qui vient d'être signé entre le patronat et trois syndicats (CFE-CGC, CFTC et la CFDT) sur l'avenir des régimes de retraites complémentaires des salariés et des cadres (Agirc et Arcco). La CFDT qui, depuis les dernières élections professionnelles de 2013, conteste d'ailleurs à la CGT la place de premier syndicat de France dans le privé.

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Tout en condamnant les dérapages du 5 octobre dernier, la CGT fustige l'attitude de la direction de la compagnie et le plan de réduction de personnel sur la base duquel porteront les négociations du CCE de jeudi. Mais c'est bien contre le gouvernement que Philippe Martinez se montre aujourd’hui le plus véhément. Dans un entretien accordé au JDD, le responsable syndical juge que "depuis ces événements, le Premier ministre s'entête à ignorer les salariés. Pas un mot pour les 3.000 futurs licenciés. Pas un mot après que cinq salariés ont été réveillés par la police devant leur famille et gardés à vue plus de trente-six heures comme des malfrats de la pire espèce". Et d'estimer que, sur le plan social, le quinquennat de François Hollande s'inscrit "dans la continuité" de celui de Nicolas Sarkozy.

De son côté, le Premier ministre n'avait pas ménagé la centrale à l'annonce de son boycott de la conférence sociale : "Quand on refuse de dialoguer, on ne fait pas avancer la société française", avait-il ainsi déclaré. La rupture semble donc consommée entre l’exécutif et le syndicat, à moins que la ligne dure adoptée par Philippe Martinez ne soit dictée par une ambition plus personnelle à six mois du congrès de la CGT. Interrogé par le JDD sur sa candidature, le leader cégétiste préfère toutefois botter en touche : "cette question n'est pas en débat pour l'instant", se contente-t-il de répondre.

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Nicolas VANEL

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