Paris : Anne Hidalgo demande l'interdiction d'un festival en partie "interdit aux blancs"

par Youen TANGUY
Publié le 28 mai 2017 à 13h56, mis à jour le 28 mai 2017 à 14h28
Paris : Anne Hidalgo demande l'interdiction d'un festival en partie "interdit aux blancs"

POLÉMIQUE - Anne Hidalgo a condamné avec fermeté ce dimanche l'organisation à Paris du festival "Nyansapo", en partie "interdit aux blancs", dont elle demande l'interdiction. Contacté par LCI, le président de la Licra a "salué le courage" de la maire.

La réaction ne s'est pas fait attendre. Quelques jours après le début de la polémique autour de la tenue à Paris d'un festival en partie "interdit aux blancs", la maire de Paris Anne Hidalgo a condamné "avec fermeté l'organisation de cet évènement" sur Twitter. Elle demande l'interdiction de ce festival et annonce qu'elle va saisir le préfet de police en ce sens. La maire se réserve également la possibilité "de poursuivre les initiateurs de ce festival pour discrimination". 

Contactée par LCI mardi, la Ville avait rappelé son attachement "à la possibilité pour tous d’avoir accès aux évènements culturels et condamne les critères discriminants d’accès à un festival quels qu’ils soient".

Le "Nyansapo Fest", c'est le nom de l'évènement, doit se dérouler du 28 au 30 juillet prochain dans l'ancienne sous-station électrique Voltaire, 14 avenue parmentier dans le XIe arrondissement. Selon la description de la manifestation sur le site officiel, il s’agit d’un festival "afroféministe militant" qui se divisera en plusieurs espaces : un espace décrit comme "non mixte - femmes noires (80% du festival)" ; un espace "non mixte - personnes noires" ; un espace "non mixte - femmes racisées" et un "espace ouvert à tous". 

A Paris, des associations antiracistes et certains partis politiques s'étaient rapidement emparé de la polémique naissante.  Wallerand de Saint-Just, le secrétaire départemental du FN à Paris a publié un communiqué de presse ce vendredi dans lequel il dénonce la tenue d’un "festival interdit aux 'Blancs' dans les locaux publics'. Ce dimanche, il s'est réjouit de cette interdiction sur Twitter.

La Licra salue "le courage d'Anne Hidalgo"

Le président de la Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme (Licra) Alain Jakubowicz, contacté par LCI ce dimanche, a "salué le courage d'Anne Hidalgo". "Il faut être volontariste sur ce type de sujet", explique-t-il avant de conclure : "Je ne suis pas certain que la prohibition soit la solution. Je crois davantage à la pédagogie".

Vendredi, il avait déjà fermement condamné cet évènement "terrifiant et désespérant" où "des gens qui se sentent victimes de racisme ou de discrimination ne trouvent pas d’autres issue que l’entre soi". "Rosa Parks doit se retourner dans sa tombe", avait-il abondé.

Sur Twitter, le le directeur général de l'association France terre d'asile a dénoncé un évènement qui "repose sur une discrimination et un concept de séparation insupportable".

Capture d'écran du site officiel de Nyansapofest.org

L’an dernier, l’ancienne sous-station électrique Voltaire avait fait l’objet d’un "appel à projets urbains innovants" dans le cadre de l’édition 2016 du concours "Réinventer Paris". C’est David Henochsberg, le PDG d’Etoile Cinémas, qui avait remporté l’appel d’offres pour son projet de "cinéma art et essai", comme l'indique un article du Monde publié en 2016. 

Mais en attendant le début des travaux dans le bâtiment, c’est donc l’association la générale Nord-est qui occupe actuellement les lieux. La "coopérative artistique, politique et sociale", comme elle se décrit, s’est installée dans les locaux du XIe arrondissement en 2008. Depuis, elle accueille régulièrement des évènements, dont, en juillet prochain, la première édition du festival "Nyansapo Fest", organisé par le collectif Mwasi. 

Contacté par LCI, ce dernier nous a indiqué qu’il ne "communiquerait pas sur le festival et ne répondrait pas aux interviews". L'association la général Nord-est a quant à elle estimé auprès de LCI être "la cible d'une campagne de désinformation et de fake news orchestrée par l'extrême-droite". "La Générale est historiquement un lieu de débats féministes et antiracistes, et non un lieu d'idéologies, nous précise l'association. Dans ce cadre nous avons été amenés plusieurs fois à travailler avec le collectif Mwasi, toujours de manière très enrichissante."  En soulignant que les groupes de discussions féministes n'ont pas attiré les mêmes réactions, La Générale ajoute : "Il s'agit d'un méthode de travail classique, dont l'utilité a été démontrée, pour que la parole puisse émerger librement et pour qu'une réflexion ouverte puisse prendre place sereinement."

Une polémique qui rappelle celle du "camp d'été décolonial"

C'est une polémique qui rappelle celle du "camp d'été décolonial" de l'an dernier. Organisé du 25 au 28 août 2016, l'évènement se présentait comme "un séminaire de formation à l'antiracisme politique" et était réservé "uniquement aux personnes subissant à titre personnel le racisme d'Etat en contexte français".

Interrogées par Vice en décembre 2016 sur l'intérêt de la non-mixité, les deux organisatrices, Fania Noël, d'ailleurs membre du collectif Mwasi et Sihame Assbague avaient à l'époque justifié vouloir "créer des espaces où lmes sujets politiques concernés peuvent parler ensemble". La ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem avait de son côté dénoncé "des initiatives qui confortent une vision racisée et raciste de la société".


Youen TANGUY

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