Après les attentats de Paris, le retour en grâce du drapeau français

par Sibylle LAURENT
Publié le 22 novembre 2015 à 12h50
Après les attentats de Paris, le retour en grâce du drapeau français

IDENTITE NATIONALE - Après les attentats de Paris, les Français redisent leur attachement aux symboles du pays : la devise "liberté, égalité, fraternité", mais aussi le drapeau français.

C’était un geste spontané. Aussitôt après les attentats de Paris, sur les réseaux sociaux, les photos de profil ont largement été relookées en bleu-blanc-rouge, aux couleurs de la France. Un geste simple, pour montrer son attachement à son pays, à ses symboles et ses valeurs. Simple, mais révélateur. Car en ce moment sombre, les Français, d’ordinaires plutôt critiques sur les élans de patriotisme en tout genre, se sont naturellement rassemblés autour de leurs symboles.

"Le symbole qui représente le mieux la France"

C’est ce que confirme un sondage réalisé ce dimanche par l’institut Odoxa pour Le Parisien : 93% des Français indiquent être attachés à leur drapeau, qu’ils soient sympathisants de droite (97%), de gauche (88%), qu’ils soient jeunes (93% des 18-24 ans) ou plus âgés (95% des 65 ans et plus), qu’ils soient des hommes (93%) comme des femmes (92%). 31% des sondés estiment d’ailleurs que c’et le drapeau bleu-blanc-rouge qui est le "symbole qui représente le mieux la France", derrière la devise "Liberté, égalité, fraternité", à 41%.

Odoxa


Si ce drapeau est tellement apprécié, c’est qu’il "véhicule bien les grandes valeurs de notre pays", relève Odoxa. "Les Français l’associent spontanément à cinq mots : la République (92%), la Révolution française (88%), la liberté (84%) la Résistance (80%) et la fierté (76%)". Au final, le drapeau "englobe plus qu’il ne sépare les Français", note l’institut. "Il n’est associé spontanément ni à la gauche (24%), ni à la droite (32%), ni même au FN (30%)", parti qui use pourtant de ce symbole plus que tout autre. Les Français aiment donc leur étendard… A tel point qu’ils voudraient le voir davantage : 61% des sondés estiment que ce serait une bonne idée de faire comme font déjà les Américains, à savoir déployer la bannière sur les façades, ou dans les jardins.

Odoxa


Tous drapés dans le drapeau, donc. Et les quelques critiques qui ont pu émerger après cette vague de bleu-blanc-rouge sur les réseaux sociaux "n’existent pas, ou à peine, dans l’opinion", indique Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa. "Comme en janvier dernier, ceux qui brocardent les manifestations spontanées de solidarité et d’union apparaissent bien isolés."

Pourtant, ordinairement, les Français, s’ils aiment leur pays, sont mal à l’aise avec leurs symboles nationaux, toujours soupçonnés de véhiculer des valeurs d’impérialisme ou de nationalisme. "Les symboles hérités de la Révolution française et de la République sont aujourd’hui associés au nationalisme xénophobe de l’extrême droite, héritière de la Contre-Révolution et du régime de Vichy", notait Joshua Adel, consultant politique de gauche, dans une tribune publiée sur le site de l’Obs, en 2014 et intitulée "Le drapeau bleu-blanc-rouge réservé au FN ? Comment le patriotisme a été galvaudé".

"Les Français se considèrent comme un peuple"

L’utilisation des drapeaux français a en effet quasiment disparu chez EELV ou le Front de gauche, est souvent associée au drapeau européen chez les Républicains et au PS, et est par contre… omniprésente chez le FN. En 2007 pourtant, on s’en souvient, la candidate à la présidentielle Ségolène Royal avait invité les Français à se réapproprier leurs symboles. "Je pense que tous les Français devraient avoir chez eux le drapeau tricolore", expliquait-elle notamment. Un vibrant appel au patriotisme qui avait fait ricaner à droite, gêné dans son propre parti, tant il était éloigné de la culture politique socialiste.

Mais toutes ces crispations semblent aujourd’hui oubliées.  "Dans les moments sombres, et on l'avait déjà constaté en janvier après Charlie, les Français se considèrent comme un peuple. Ils veulent se réunir et ont besoin de symboles pour y parvenir", analyse Céline Bracq, dans Le Parisien.

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