Attentats de Paris : "En portant plainte contre la Belgique, nous voulons provoquer un sursaut"

Publié le 24 mai 2016 à 18h30
Attentats de Paris : "En portant plainte contre la Belgique, nous voulons provoquer un sursaut"

TERRORISME - Dix sept familles de victimes des attentats de Paris ont décidé d'attaquer l'Etat belge pour négligences dans la surveillance de Brahim et Salah Abdeslam. Contactée par Metronews, leur avocate Me Maktouf nous explique que des élements non exploités par la police avant le 13 novembre, auraient peut-être pu éviter le carnage.

Dix-sept familles de victimes des attentats du 13 novembre vont déposer plainte contre l’Etat belge. Ensemble, elles dénoncent des défaillances graves dans la surveillance des frères Brahim et Salah Abdeslam, alors que les autorités auraient eu en leur possession des éléments capables d’éviter les dernières attaques terroristes de Paris.

Contactée par Metronews, l’avocate des familles, Me Samia Maktouf, pointe de "graves dysfonctionnements". Selon elle, "les autorités belges n’ont pas pris la dangerosité avérée et la radicalisation des deux terroristes au sérieux. On ne devait pas ignorer leur passage à l’acte", affirme-t-elle, avançant que des éléments importants se trouvant entre les mains de la police n’ont pas été exploités avant le 13 novembre.

 Une surveillance "pas prioritaire"

"Le 16 février 2015, explique Me Maktouf, Brahim Abdeslam a été arrêté et placé en garde à vue pour détention de stupéfiants. Lors d’une perquisition à son domicile, les policiers ont saisi son ordinateur et sa clé USB, mais n’en n’ont pas exploité le contenu par manque de temps et de moyens", comme le note le rapport du Comité P (police des polices) que nous cite l’avocate. "L’exploitation de ces éléments aurait pu servir à la police et empêcher les attentats", estime-t-elle. Des communications ou des plans d’action auraient pu être découverts, assure l'avocate, qui relève également que, pour les autorités belges, la surveillance des deux frères était "maintenue, mais pas prioritaire".

En outre, ajoute Me Maktouf, "le 28 février 2015, soit moins de deux semaines après la saisie de ces pièces, Salah Abdeslam se serait rendu au commissariat sur les conseils d’un ami, pour tenter d’expliquer qu’il ne connaissait pas Abdelamid Abaaoud", le cerveau présumé des attaques terroristes. Une information dévoilée récemment par RTBF , qui a pu consulter l'enquête du Comité P.

"Nous voulons provoquer un sursaut des Etats européens"

L'avocate s’indigne enfin du parcours de Salah Abdeslam qui "le 5 août avait passé la frontière grecque, avant d’être contrôlé le 9 septembre en Autriche". "Le 23 octobre, il a posté le drapeau de Daech sur son mur Facebook avant de le retirer, ajoute l’avocate. Comment peut-on laisser un individu connu pour être radicalisé aller et venir, passer les frontières européennes librement pour aller recruter des kamikazes, sans l’arrêter ?"

"Nous voulons à ce titre provoquer un sursaut des Etats européens et faire en sorte que des personnes sous surveillance ne soient plus en mesure de passer les frontières sans être inquiétées". "Et aucun Etat européen ne sera épargner, prévient-elle. J’irai jusqu’au bout. Même si la Commission parlementaire évoque des négligences de la part de l’Etat français".

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La rédaction de TF1info

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