DANGER - Après avoir fait des ravages en Russie, le Blue Whale Challenge semble gagner du terrain en France. A ce jour, seuls quelques cas isolés d'adolescents participant à ce jeu mortifère ont été recensés et aucun cas mortel n'a été répertorié, mais la police appelle à la plus grande vigilance.
En Russie, le "jeu" est devenu un véritable fléau. Le Blue Whale Challenge, soit le "défi de la baleine bleue", serait responsable de 130 suicides en six mois dans le pays. Depuis quelques semaines, le phénomène viral gagne du terrain en France. Selon le Courrier Picard, il y a eu au moins une tentative de pendaison, dans le Pas-de-Calais, ou quatre adolescentes ont été signalées en danger. L'Éducation nationale est sur le qui-vive. En Picardie par exemple, tous les personnels, ainsi que les parents d’élèves ont été sensibilisés.
50ème et dernier défi : se jeter d'un toit
Inspiré d'une croyance populaire selon laquelle les baleines bleues sont capables de se suicider en s'échouant sur les plages, le Blue Whale Challenge consiste à inciter les participants, via les réseaux sociaux, à accomplir des défis, qui conduisent lentement mais sûrement à la mort.
Au début, il est par exemple demandé de dessiner une baleine sur une feuille ou de se lever la nuit pour écouter de la musique triste. Puis rapidement, les participants sont invités à se scarifier le bras ou la cuisse pour y faire apparaître une baleine, insulter ses parents, se couper les lèvres... Enfin, le 50ème et dernier défi incite à se jeter d'un toit ou sous un train.
Face au danger que représente cette nouvelle mode visant particulièrement les jeunes entre 12 et 15 ans, le ministère de l'Éducation nationale a décidé de contacter par e-mail tous les recteurs de France pour appeler à la vigilance. Tout comme la police nationale qui a montré sur Twitter la photo d'une peau sur laquelle on aurait gravé en lettres de sang #bluewhalechallenge", affirmant "Aucun défi ne mérite de risquer sa vie. En cas d'urgence, appelez le 17".
[ #BlueWhaleChallenge ] Aucun défi ne mérite de risquer sa vie! Jeux dangereux : en parler c'est déjà lutter. #Appel17 https://t.co/Ze1yv959CU pic.twitter.com/i2Pux5EMMe — Police Nationale (@PoliceNationale) 29 mars 2017
Des dizaines d'adolescents déjà pris en charge
Il y a dix jours, dans les Hauts-de-France, deux jeunes filles ont été repérées à temps et prise en charge, selon la Voix du Nord, après être entrées dans l'engrenage infernal du Challenge. L'une d'elle avait atteint le niveau 45 sur 50, quand l'autre présentait des traces de brûlures et de scarification sur le bras. Elles venaient de se confier à une infirmière scolaire. À la suite de cela, la gendarmerie du Pas-de-Calais avait publié sur sa page Facebook un message de mise en garde à l'attention des adolescents et de leurs proches. "SOYEZ VIGILANT - Tout changement de comportement, renfermement sur soi ou scarification doit vous alerter, surtout si la personne concernée a accès aux réseaux sociaux", indique-elle avait de préciser : "La provocation au suicide est punie par la loi [5 ans d'emprisonnement et 75 000€ d'amende]".
En Alsace, neuf collégiens de l'académie de Strasbourg entraînés dans le Blue Whale Challenge ont été signalés ce mois de mars. L'un d'entre eux a été pris en charge par l’association SEPIA (Suicide écoute prévention intervention auprès des adolescents) de Colmar. Une mise en garde a d'autre part été adressée à tous les chefs d'établissements et à l’ensemble des assistantes sociales et infirmières. "C’est inquiétant, car ce challenge relève du même mécanisme d’emprise que pour les phénomènes sectaires ou la radicalisation", commente une proviseure chargée de la vie scolaire au rectorat de Strasbourg interviewée par Les Dernières nouvelles d'Alsace. Selon les informations du Journal du Dimanche, d'autres signalements ont donné lieu à des alertes dans les académies de Lille, Lyon, Orléans-Tours et Versailles.
Mais les signes avant-coureurs ne sont pas toujours repérés à temps. Selon le JDD, un jeune homme de 15 ans serait tombé du septième étage d'un immeuble, vendredi dernier, en voulant relever le défi 22. Un proche de la victime l'a annoncé sur Facebook. Le 15 mars, un adolescent rémois a été retrouvé mort à son domicile à la suite d'une auto-strangulation. Selon les rumeurs circulant sur les réseaux sociaux, son décès serait lié au "jeu". Mais dans les deux cas, la police n'a pas encore établi de lien. Au début du mois, deux jeunes Réunionnais avaient également perdu la vie. Selon des proches, ils avaient commencé à jouer au Blue Whale Challenge.
La riposte s'organise
Contre ce "jeu", l'offensive se met en place. Sur les réseaux sociaux, le #PinkWhaleChallenge a été lancé. Contrairement au challenge de la baleine bleue, il incite les participants à réaliser cinquante défis positifs comme regarder son film préféré, se faire des amis ou encore rendre service à quelqu'un.
avec @95yles on a fait un contre #bluewhalechallenge !! Alors tu veux partager ton expérience sur le # #pinkwhalechallenge t'es bienvenue!! pic.twitter.com/KJ5GG2wOGP — t bo comme un soleil (@whatswrongab) 5 mars 2017
Des internautes ont également pris l'initiative de créer de fausses pages de parrains du Blue Whale Challenge pour attirer les jeunes en souffrance pour tenter d'alerter leurs proches. Certains réseaux sociaux, comme Instagram, ont mis en place un dispositif de prévention. Ainsi, lorsque l'internaute tape "f57" dans la barre de recherche - l'un des noms donnés à la communauté des "joueurs" -, le site lance un avertissement sur le contenu de la requête et propose un lien qui redirige la personne vers une association anglophone venant en aide aux personnes suicidaires.