Forcer les bouches à incendie a causé le gaspillage de l'équivalent de 60 piscines olympiques

Publié le 22 juin 2017 à 21h52, mis à jour le 22 juin 2017 à 21h59
Forcer les bouches à incendie a causé le gaspillage de l'équivalent de 60 piscines olympiques

FLEAU - Les ouvertures sauvages des bouches incendie inquiètent les autorités et les distributeurs d'eau. Le phénomène, baptisé "street pooling", ne cesse de s'amplifier en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France, provoquant un gâchis conséquent.

Un millier d'ouvertures "sauvages" de bouches incendie ont été recensées à Paris et dans les trois départements de Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne depuis l'épisode de canicule dimanche.  En conséquence, la Brigade des sapeurs pompiers de Paris (BSPP), qui a la charge de la capitale Paris et des trois départements de la petite couronne, a enregistré une "embolie" d'appels indus, a expliqué à l'AFP un de ses porte-parole. La fermeture de ces bouches n'est pas du ressort de la BSPP mais des mairies d'arrondissement ou de commune, a-t-il ajouté.

"Ces actes sont un problème pour les services de secours, ça encombre les lignes (téléphoniques) et ça crée une pénurie d'eau pour les interventions incendie. Il y a également un risque électrique en raison des geysers produits (si l'eau touche des lignes ou installations électriques notamment, ndlr) ou en cas d'infiltrations souterraines, et aussi un risque plus élevé d'aquaplanning ou de glissades", souligne-t-il.

L'ampleur du phénomène "devient critique" en Ile-de-France

L'ampleur du phénomène "devient critique" en Ile-de-France, a également déploré jeudi le groupe Veolia, qui distribue l'eau de 150 communes autour de Paris.  "La journée du mercredi 21 juin a vu le phénomène des ouvertures intempestives de bouches et poteaux incendie prendre une ampleur non connue à ce jour, qui devient critique", a affirmé Veolia dans un communiqué.

Sur le territoire du Syndicat des eaux d'Ile-de-France, qui regroupe 150 communes dans sept des huit départements de la région, "le volume d'eau distribué a augmenté de près de 50%", entraînant la perte de 150.000 m3, "soit l'équivalent de 60 piscines olympiques".  Le distributeur constate "l'élargissement géographique de ce phénomène, jusqu'à présent concentré sur certaines communes de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne" et estime qu'"environ 500 appareils" ont été ouverts sur le seule journée de mercredi.

Les Hauts-de-France touchés à leur tour

En quatre semaines, depuis le 26 mai, "600.000 m3 d'eau ont été gaspillés en Ile-de-France", ajoute Veolia, ce qui représente donc 240 piscines olympiques. La région parisienne n'est pas la seule concernée: sur la même période, 600 appareils ont été ouverts dans les Hauts-de-France, provoquant la perte de 100.000 mètres cube d'eau, principalement à Lille, Roubaix et Tourcoing.

Veolia "en appelle au civisme et à la responsabilité des usagers" pour mettre fin aux "ouvertures intempestives". Le maire de Saint-Denis, Laurent Russier, a également condamné "fermement" les nombreuses ouvertures de bouches d'incendie dans sa commune, qualifiées dans un communiqué d'actes "dangereux, inciviques et irresponsables". D'autant plus que cette pratique constitue un délit passible de 5 ans de prison et de 75 000 euros d'amende, fait savoir la Police nationale sur Twitter. 

La maire de la ville voisine d'Aubervilliers, Meriem Derkaoui, a demandé mercredi, avec cinq autres édiles de Seine-Saint-Denis, un "rendez-vous en urgence" au préfet du département de Seine-Saint-Denis. Cette rencontre vise notamment à "sensibiliser les forces de la police nationale à la nécessité d'intervention conjointe et rapide pour fermer les borne ouvertes", selon M. Russier.


La rédaction de TF1info

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