Dans la Meuse, un village tranquille repaire de néonazis

Anaïs Condomines
Publié le 22 juin 2015 à 19h35
Dans la Meuse, un village tranquille repaire de néonazis

SKINHEADS - Dans un tranquille village de Lorraine, un groupuscule nazi a mis la main sur un hangar agricole pour y organiser ses soirées. Rebaptisé "La Taverne de Thor", il est devenu depuis le mois de mai un haut-lieu de réunion pour les Hammerskins. Une pétition réclame leur départ : elle comptabilise déjà plus de 26.000 signatures.

Combres-sous-les-Côtes, c'est 117 âmes, un monument aux morts et un paisible clocher. C'est aussi, depuis peu, un repaire de nazis. Cette bourgade de la Meuse (Lorraine) habituellement si tranquille se retrouve désormais au cœur d'une polémique alors qu'en bordure du village, un groupe de skinheads a investi un vulgaire hangar agricole. Rebaptisé "La taverne de Thor" par un acheteur privé vivant dans une commune voisine, le lieu est destiné à accueillir les sympathisants du mouvement xénophobe lors de soirées arrosées.

Et pas question pour les autres de jouer les curieux : un sympathique écriteau fixé au grillage, devant l'entrée, indique : "No trespassing : violators will be fucked." (les intrus seront n***) Sur la devanture beige, trois lettres en style gothique  : LHS, pour "League of HammerSkins". Suprémacistes blancs à l'idéologie raciste, les Hammerskins sont connus pour être un des groupuscules nazis les plus violents et les mieux organisés au monde. Leur symbole : deux marteaux croisés rouge, blanc et noir.

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Démantelée une première fois à Toul en 2013, la Taverne de Thor renaît de ses cendres. Le 9 mai, une pendaison de crémaillère est même organisée pour fêter "l'inauguration du nouveau club-house". Annoncée sur la page Facebook du groupuscule (une page depuis supprimée), elle s'accompagne d'une affiche sur laquelle figurent deux bras tatoués, croisés, et tenant chacun une pinte de bière. En haut à gauche de l'affiche, le chiffre 38. Ce dernier correspond à la crew38, branche française des Hammerskins. Selon l'Est républicain , une centaine de personnes ont participé à cette réunion.


L'affiche annonçant l'inauguration des lieux présente des similitudes avec le logo des Hammerskins et ses deux marteaux croisés
L'affiche annonçant l'inauguration des lieux présente des similitudes avec le logo des Hammerskins et ses deux marteaux croisés - Capture d'écran Facebook

Dans la région, l'événement ne laisse pas indifférent. Laure Hebrard (nom d'emprunt) vit en Lorraine et décide d'agir. Elle lance une pétition sur Change.org dès le 18 mai, adressée à la maire de la petite commune pour réclamer le départ du groupuscule nazi. En l'espace d'un mois, elle recueille plus de 26.000 signatures. Contactée par metronews, elle précise sa démarche : "Aucun doute n'est permis, il s'agit bien là d'une organisation nazie. Je pense qu'elle est venue s'installer ici, dans ce minuscule village, pour être tranquille. Leur précédent local, à Toul, a pu accueillir jusqu'à 2000 nazis venus de toute l'Europe. Nous demandons aux autorités d'empêcher ces rassemblements."

Pas vu, pas pris

Mais du côté de la préfecture de la Meuse, ce n'est pas aussi simple. Le cabinet du sous-préfet affirme auprès de metronews "son extrême vigilance" et assure "veiller à ce que l'ordre public soit respecté". Seulement voilà, les autorités n'ont guère de prise sur ces ripailles néonazies qui se déroulent dans un cercle privé.

"Nous ne pouvons rien faire tant qu'il n'y a pas de débordement sur la voie publique. Les propos incitant à la provocation, à la haine, à la discrimination ou faisant l'apologie de crimes contre l'humanité tenus dans un cadre public constituent des infractions pénales et seraient, bien entendu, relevées" ajoute la préfecture qui, prévenue en amont, avait déployé une présence policière autour du hangar lors de la soirée du 9 mai. "Ils étaient au courant avant et ils ont laissé faire, c'est encore pire", estime Laure Hebrard. En attendant, les skinheads peuvent toujours poursuivre avec les forces de l'ordre leur petit jeu du "pas vu, pas pris".

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