PAROLES DE CALAISIENS – Au jour J du démantèlement, toutes les caméras sont tournées vers la "jungle" de Calais. Nous avons décidé de changer de direction et de donner la parole aux Calaisiens, pour savoir ce qu’ils pensaient de cette opération. Et les avis sont partagés.
"C’est une bonne chose mais…" C’est à peu de choses près le discours tenu par les Calaisiens sur le sujet du démantèlement de la "jungle" de Calais. Même s’ils sont unanimes pour dire que les choses ne pouvaient rester en l'état, ils craignent un retour des migrants dans quelques mois. Des théories réfutées par le ministère de l’Intérieur et la préfecture du Pas-de-Calais, mais partagées par les associations de terrain.
Corinne est originaire de Calais et elle se réjouit du démantèlement. Même si elle n’en est pas moins inquiète. Cette quadragénaire aux cheveux courts et aux lunettes rectangulaires est particulièrement préoccupée par la situation des mineurs isolés qui ne pourront pas tous rejoindre le Royaume-Uni. "Ils vivaient dans des conditions déplorables dans la "jungle", mais où vont-ils aller ? Les villes où ils doivent se rendre ne sont pas toujours accueillantes. Je ne sais pas si ça va aller mieux pour eux."
Il n’y a pas de raisons qu’ils aient envie de revenir
Frédéric, 62 ans
Cette semaine, les migrants seront transportés dans un des 450 centres d’accueil et d’orientation (CAO) présents en France. "Toutes les régions de France sont concernées ce lundi, sauf l’le-de-France et la Corse", a détaillé à LCI la préfecture. Une bonne chose pour Frédéric, un Calaisien de 62 ans. "Le fait d’éparpiller (sic) les migrants un peu partout dans l'Hexagone dans des structures adaptées leur permettra de s’insérer professionnellement ou d’être transféré à l’étranger si c’est ce qu’ils souhaitent". Avant d’affirmer que, dans ses conditions, "il n’y a pas de raison qu’ils aient envie de revenir".
Thibault ne partage pas son avis. Selon ce jeune Calaisien de 25 ans, le démantèlement est une bonne chose, certes, mais pas sur le long terme. "Les migrants vont revenir, pas forcément au même endroit, mais comme d’habitude à d’autres endroits", estime-t-il. Et d’abonder d’un ton résigné : "C’est un jeu sans fin, mais on s’est habitués à vivre avec". Référence au camp de Sangatte, détruit et évacué en 2002, et aux nombreux démantèlements subis par le camp de Calais avant celui, présenté comme final, débuté ce lundi.
C’est difficile de se prononcer
Florence, 38 ans
Pour Florence, 38 ans, c’est "difficile de se prononcer". "D’un côté on comprend la misère de ces personnes mais de l’autre côté on ne peut pas non plus supporter toute la misère du monde." Elle estime qu’envoyer les migrants dans des CAO n’est pas une solution, "c’est juste étaler le problème un peu partout".
Florence est également préoccupée par ce qu’il va advenir de ceux qui veulent rester. Mais sur ce sujet, Frédéric a un avis bien tranché. "Ils se trompent, lance l’homme d’un ton sec. Et je pense qu’ils vont bien se rendre compte à la longue qu’il n’y a pas d’avenir à s’entêter à vouloir partir en Angleterre." Le message est passé.