Démantèlement de la "Jungle" de Calais : les migrants ne veulent pas forcément partir

Barbara Azaïs
Publié le 2 septembre 2016 à 7h46, mis à jour le 2 septembre 2016 à 13h12
Démantèlement de la "Jungle" de Calais : les migrants ne veulent pas forcément partir
Source : PHILIPPE HUGUEN / AFP

SURVIE - Bernard Cazeneuve a annoncé la poursuite du démantèlement de la "Jungle" de Calais et la création de 8000 places d'hébergement partout en France. Mais les migrants veulent-ils vraiment quitter Calais ?

La France est-elle à côté de la plaque sur la question des migrants ? Bernard Cazeneuve a annoncé jeudi que le gouvernement allait "poursuivre avec la plus grande détermination" le démantèlement "par étapes" du camp de migrants installé à Calais depuis le printemps 2015. Le gouvernement a annoncé d’ici la fin de l’année, la création de "2000 nouvelles places d’hébergement en Centre d’accueil et d'orientation (CAO)" et "6000 places en Centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA)", soit 8000 places d'hébergement pour 6900 personnes, selon Bernard Cazeneuve. 

Si l’initiative semble légitime, elle a perdu tout son sens lorsque le ministre de l'Intérieur a précisé que cela devait se faire "par étapes, en commençant par créer davantage de places d’hébergement en France pour désengorger Calais".  Comment imaginer que ces personnes qui ont mis des semaines, voire des mois, à arriver jusqu’à Calais parfois au péril de leur vie, veuillent s’en éloigner ? Comme le précisait un correspondant du Figaro basé à Londres, les migrants de Calais n’y sont pas installés par amour de la région, mais par stratégie. "Au prix parfois de leur vie, des milliers de réfugiés et de migrants cherchent à traverser la Manche, dans l'espoir d'une nouvelle vie au Royaume-Uni". 

Jungle de Calais : des containers pour loger les migrants Source : JT 20h Semaine
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"On ne veut juste pas partir"

En outre, qu’importe les décisions de l’Etat, les migrants de Calais ne souhaitent pas rester en France et cherchent chaque jour à rejoindre l’eldorado britannique. "On les connaît, les solutions, mais on ne veut juste pas partir", explique Abou, 32 ans, cité par France 3 Nord Pas-de-Calais. Dans le quartier soudanais du bidonville, Djamal, 26 ans, affirme également qu’il ne partira pas. "Nous allons dormir dans une autre partie. Nous ne voulons pas nous éloigner de notre objectif, alors nous n'allons pas quitter Calais, on ne reculera pas maintenant".

Si l’exécutif souhaite désengorger le bidonville, les migrants eux, veulent rester, en dépit des conditions de précarité, de la pauvreté et de la saleté. Ahmid, 33 ans, résigné à rester à Calais jusqu’à ce qu’il parvienne à rejoindre l’Angleterre, racontait en janvier lors de l’annonce du démantèlement : "C'est la vie, je vais quitter ma cabane, mais j'irai dans l'autre partie de la jungle, puis après j'irai ailleurs à Calais, dans un champ, un squat ou sous un pont". 

Le Brexit, la solution pour les migrants de Calais ?

Mais le Brexit pourrait changer la donne. Comme en avait averti Emmanuel Macron dans le Financial Times, l’émancipation du Royaume-Uni pourrait saborder les accords du Touquet signés le 4 février 2003 entre la France, le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord. Ceci signifiant, comme l’expliquait également l’ancien ministre britannique David Cameron en février, que "les contrôles aux frontières seraient supprimés à Calais et qu’il n’y aurait rien qui empêcherait des milliers de personnes de traverser la Manche du jour au lendemain". 


Barbara Azaïs

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