En France, on a du mal à user de notre droit à la déconnexion au travail

Publié le 26 septembre 2017 à 8h53
En France, on a du mal à user de notre droit à la déconnexion au travail

VIE DE BUREAU - Huit mois après son entrée en vigueur au début de l'année, le droit à la déconnexion n'a pas encore fait le plein d'adeptes. Plus d'un Français actif sur trois reste ainsi connecté durant ses congés. Et si on changeait ça ?

Vous êtes un actif français sur trois à lire cet article et à ne pas déconnecter du travail durant vos vacances. C'est le résultat d'une étude menée par le cabinet Eléas, spécialisé dans les risques psychosociaux et publiée ce mardi 29 septembre. 

Huit mois après l'entrée en vigueur du droit à la déconnexion dans la loi, environ un tiers des actifs en emploi (33,5%) restent ainsi connectés à leurs smartphones ou tablettes pendant leurs congés d'été. A l'oppposé, une majorité des actifs occupés ne se connectent pas au travail pendant leurs vacances d'été (66,5%), 21,4% refusant même de se connecter par principe. 

Si cette déconnexon est une question de principe pour certains, 27% le font tout de même car ils "culpabilisent".  Si ce taux reste "contenu", il est en revanche plus prononcé chez les cadres (42,7%) et les actifs les plus jeunes (32,6% des 18-29 ans et 38,1% des 30-39 ans). Les auteurs de l'étude évoquent comme raisons "le poids des responsabilités" pour les premiers et "les enjeux de carrière" pour les seconds.

Mais cette non-déconnexion s'explique aussi par d'autres raisons. En effet, 31,1% des personnes interrogées affirment rester connectées par "obligations professionnelles" et 26,1% d'entre elles expliquent qu'en agissant ainsi, elles "anticipent la charge de travail à leur retour de vacances". Ces justifications sont plus fréquemment observées chez les cadres que chez les employés et les professions intermédiaires où "la connexion rime plus souvent avec des valeurs plus positives comme l'envie, la curiosité ou la solidarité".

Le droit à la déconnexion encadre la charge de travail pour les salariésSource : Sujet JT LCI
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Quid de l'entourage ?

Mais si le droit à la déconnexion durant les vacances est désormais inscrit dans la loi, le fait de se connecter au travail pendant les vacances semble en voie de "normalisation" et d'"acceptation" par l'entourage des personnes concernées. 50,1% des actifs occupés qui se sont connectés n'ont ainsi pas connu de "tensions" avec leur entourage lors de leurs connexions, 18,1% sont restés "prudents" en restant "discrets", et 28,7% ont essuyé des remarques. 

Les tensions sont plus fréquentes chez les employés (36,3%), chez les ménages avec trois enfants et plus, et chez les moins de 30 ans.  Dans le premier cas, "on peut supposer", estiment les auteurs, "que le statut rend illégitime un engagement trop fort dans le travail", symbolisé par le fait de se connecter au travail pendant les congés. Dans le deuxième, "le poids des contraintes" familiales prime certainement sur le temps libéré pour travailler, et dans le troisième cas, "la mise à distance du monde de l'entreprise dont témoignent les jeunes générations peut rendre incompréhensible pour l'entourage l'engagement trop fort de ceux qui ne déconnectent pas du travail pendant leurs vacances". 

Droit à la déconnexion, mode d'emploiSource : Sujet JT LCI
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Cette nouvelle étude n'est pas la seule à évoquer cette tendance. En juillet dernier, un sondage de l'IFOP pour Securex, cabinet prestataire en ressources humaines, affirmait déjà que près de huit cadres sur dix (78%) consultaient leurs communications professionnelles (e-mails, SMS, appels...) pendant leurs week-ends ou leurs vacances, la moitié voyant dans cette possibilité "un facteur de stress supplémentaire". Dans le détail, l'étude expliquait que 37% des personnes interrogées regardaient ces communications "souvent", et 41% "de temps en temps" (les 22% restant déclarant ne "jamais" le faire). 

Mais plus spécifiquement, s'ils peinent à déconnecter, c'est aussi et peut-être un peu la faute des entreprises, selon les actifs interrogés. Un peu plus de la moitié des sondés (52%) affirment que leur entreprise ne s'est pas "engagée dans l'application" de ce droit et seuls 21% déclarent qu'elle a déjà mis en place des mesures concrètes. Plus généralement, 57% pensent que "la qualité de vie au travail ou le mieux vivre au travail" ne sont pas "correctement pris en compte par les entreprises". 


La rédaction de TF1info

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