Frais indus, tirage au sort des bacheliers... les mauvaises pratiques des universités

par Nicolas VANEL
Publié le 16 juillet 2014 à 14h29
Frais indus, tirage au sort des bacheliers... les mauvaises pratiques des universités

ENSEIGNEMENT – Le dernier rapport du syndicat étudiant Unef dénonce mercredi la progression des frais d’inscription indus dans les universités, mais aussi la réduction des capacités d'accueil dans certaines filières. Une pratique qui entraîne parfois le tirage au sort des futurs étudiants.

Combines à la Fac. A quelques semaines de la rentrée universitaire, l'Unef dénonce dans son rapport annuel paru mercredi les pratiques douteuses d'inscription des universités. Qu'il s'agisse de frais illégaux ou de limitation des capacités d'accueil en Licence, le principal syndicat étudiant souligne le manquement de nombreuses facultés au principe de libre accès des bacheliers au premier cycle universitaire.

Frais illégaux
En plus des droits d’inscription, fixés par arrêté ministériel, rappelle l'Unef, plusieurs établissements font payer aux étudiants des frais supplémentaires injustifiés au nom des frais complémentaires régis par le code de l'Education. Accès aux outils informatiques ou polycopiés de cours payants, frais de dossiers de candidatures... Les dépenses indues pouvant grimper jusqu'à 800 euros - dans le cas de l'Institut d'administration des entreprises de Grenoble (IAE) (voir le classement ci-dessous) -, sont régulièrement épinglées par le syndicat étudiant, qui recense cette année encore 14 universités pratiquant des frais d’inscription illégaux.

Une pratique "légale et transparente"
Les universités déjà épinglées par le passé se défendent en faisant valoir que ces frais sont légaux car facultatifs. C'est notamment l'argument opposé par le Directeur de l'IAE de Grenoble. Joint par metronews, Christian Defélix rétorque en effet que la pratique de l'Institut est "légale et transparente", citant le document, publié sur son site, qui présente les "services supplémentaires facultatifs (SSF), gages de confort, d’efficacité et de mise en réseau" présentés par l'IAE. "Les étudiants de l’IAE qui choisissent de ne pas y souscrire poursuivent donc une scolarité normale (…), ils préparent et valident leurs examens dans les mêmes conditions que tous les autres", poursuit le document explicatif cité également par l'Unef dans son rapport. Pour le syndicat, "en pratique, le service 'informatique et multimédia' d’un montant de 800€ est obligatoire pour suivre la formation délivrée par l’IAE." Dans les faits, ces frais, bien que facultatifs, emportent manifestement l'adhésion puisque "chaque année plus de 85% des étudiants choisissent de bénéficier de ces services supplémentaires", note l'Institut.

Capacités d'accueil insuffisantes et sélection des étudiants
Autre pratique pointée du doigt par l'Unef, la limitation des capacités d'accueil dans les formations universitaires pour limiter le nombre d’étudiants. Sont particulièrement concernées les universités rencontrant des difficultés financières. En Ile-de France, zone sous tension, près de la moitié des Licences limite leur accès, selon le rapport (48%, + 4 points par rapport à 2013). Dans le reste de la France, 21 universités ont recours à cette pratique pénalisante.

Des admis tirés au sort
L'Unef alerte spécifiquement sur la filière STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives, qui forme notamment les futurs professeurs d'Education physique), dont l'ensemble des formations ont mis en place des capacités d'accueil. Et le mode de sélection des admissibles interroge. En effet, constate le syndicat, huit facultés présentant la filière STAPS (Montpellier 1, Rodez, Toulouse 3, Orléans, Poitiers, Nouvelle Université de Bordeaux, Nantes, Strasbourg) organisent un tirage au sort pour faire le tri parmi les trop nombreuses candidatures.

1,6 milliard d'euros pour les universités
Consciente que ces pratiques sont la conséquence des problèmes financiers que rencontrent les universités, l'Unef réclame que le gouvernement lance un plan d’investissement de 1,6 milliard d’euros d’ici la fin du quinquennat pour couvrir l'augmentation mécanique des dépenses des universités et accroître le nombre de créations de postes.


Nicolas VANEL

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