Harcèlement sexuel : #IveDoneThat, le hashtag incitant les hommes à admettre leurs fautes qui agace les victimes

Publié le 18 octobre 2017 à 12h17, mis à jour le 18 octobre 2017 à 14h23
Harcèlement sexuel : #IveDoneThat, le hashtag incitant les hommes à admettre leurs fautes qui agace les victimes
Source : Capture d'écran Twitter

RÉSEAUX SOCIAUX - Ces dernières heures sur les réseaux sociaux, un nouveau hashtag, #IveDoneThat, a fait son apparition. Censé inciter les hommes à prendre la parole sur le harcèlement sexuel, il provoque surtout de nombreuses réactions féminines, choquées que ces derniers puissent avouer leurs crimes en toute impunité.

Après les hashtags #balancetonporc et #metoo ("moi aussi"), au tour des hommes de s’emparer du sujet du harcèlement sexuel et de témoigner avec le mot dièse #IveDoneThat ("j’ai fait ça", en anglais). Ils y parlent de leurs expériences, de leurs silence et parfois des fois où ils ont eux-même été harceleurs et agresseurs. 

Le hashtag #IveDoneThat a pris de l’ampleur mardi 17 octobre, au lendemain d’un message posté sur Twitter par un acteur américain, Amir Talai. "Il est temps pour les hommes d’admettre ce qu'ils ont fait pour que nous prenions nos responsabilités et puissions changer réellement nos comportements" a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. Au-dessus de ce message posté sur Twitter, il a ajouté une photo d'un texte publié sur son compte Facebook, dans lequel il raconte comment il a lui-même parfois été un harceleur et un agresseur. "Lorsque j’étais soûl, j’avais les mains baladeuses" avec certaines de ses amies. "Je partais du principe qu’elles me voyaient tel que je me voyais moi-même : comme quelqu’un d’inoffensif, un gentil garçon, qui ne pourrait jamais être un prédateur. Ce qui, évidemment, était une connerie." Estimant que les hommes participent au maintien de la culture du viol, il les a donc poussé à utiliser le mot-clé pour faire bouger les choses.

J’ai besoin d’admettre que je l’ai fait et que c’était mal.
Un internaute sur Twitter

Certains sont donc allés dans son sens et ont pris la parole. "J’ai, alors que j’étais soûl, dragué des femmes travaillant dans des bars. Des femmes qui essayaient juste de faire leur travail et ne méritaient pas qu'un idiot bourré fasse de leur vie un enfer. C’est du passé mais je dois admettre que je l’ai fait et que c’était mal, c’était du harcèlement et inexcusable", a tweeté l’un d’eux. "L’admettre ne m’en absout pas ou ne signifie pas que je suis soudainement devenu une personne formidable. Les hommes doivent reconnaître leurs actions", continue-t-il.

Un autre a avoué avoir "usé d'un langage misogyne, gardé le silence quand d'autres faisaient des blagues sexistes, été malfaisant et d'aucune aide" pour les femmes victimes.

Les femmes s'insurgent

Cependant, les témoignages d’hommes tels que ceux-ci sont rares. La plupart des tweets faisant référence à ce hashtag sont en fait écrits par des femmes qui contestent l’initiative, la grande majorité critiquant en effet le fait qu'elle permette aux hommes de se réapproprier la parole et de se replacer au centre des débats.

Enfin, beaucoup doutent que le fait de témoigner ainsi sur les réseaux sociaux excusent les hommes de toutes leurs fautes. Elles font également remarquer qu'ils avouent aux yeux de tous leurs crimes, sans risque d'être inquiétés par la justice.

D'autres retournent une remarque qui leur est souvent faite lorsqu'elles racontent la façon dont elles ont été harcelées ou agressées... 

Si après les révélations dans l'affaire Harvey Weinstein, le silence des hommes et notamment des acteurs hollywoodiens avait été remarqué, les femmes n'attendent pour autant pas d'eux qu'ils déballent leurs états d'âmes ainsi sur les réseaux sociaux.


Justine FAURE

Tout
TF1 Info