RÉSEAUX SOCIAUX - Ces dernières heures sur les réseaux sociaux, un nouveau hashtag, #IveDoneThat, a fait son apparition. Censé inciter les hommes à prendre la parole sur le harcèlement sexuel, il provoque surtout de nombreuses réactions féminines, choquées que ces derniers puissent avouer leurs crimes en toute impunité.
Après les hashtags #balancetonporc et #metoo ("moi aussi"), au tour des hommes de s’emparer du sujet du harcèlement sexuel et de témoigner avec le mot dièse #IveDoneThat ("j’ai fait ça", en anglais). Ils y parlent de leurs expériences, de leurs silence et parfois des fois où ils ont eux-même été harceleurs et agresseurs.
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Le hashtag #IveDoneThat a pris de l’ampleur mardi 17 octobre, au lendemain d’un message posté sur Twitter par un acteur américain, Amir Talai. "Il est temps pour les hommes d’admettre ce qu'ils ont fait pour que nous prenions nos responsabilités et puissions changer réellement nos comportements" a-t-il écrit sur les réseaux sociaux. Au-dessus de ce message posté sur Twitter, il a ajouté une photo d'un texte publié sur son compte Facebook, dans lequel il raconte comment il a lui-même parfois été un harceleur et un agresseur. "Lorsque j’étais soûl, j’avais les mains baladeuses" avec certaines de ses amies. "Je partais du principe qu’elles me voyaient tel que je me voyais moi-même : comme quelqu’un d’inoffensif, un gentil garçon, qui ne pourrait jamais être un prédateur. Ce qui, évidemment, était une connerie." Estimant que les hommes participent au maintien de la culture du viol, il les a donc poussé à utiliser le mot-clé pour faire bouger les choses.
Women BEEN #MeToo 'ing for too long. It's time for more men to admit #IveDoneThat so we can take responsibility & truly change our behavior. pic.twitter.com/bTf1L6ItQm — Amir Talai (@AmirTalai) 16 octobre 2017
J’ai besoin d’admettre que je l’ai fait et que c’était mal.
Un internaute sur Twitter
Certains sont donc allés dans son sens et ont pris la parole. "J’ai, alors que j’étais soûl, dragué des femmes travaillant dans des bars. Des femmes qui essayaient juste de faire leur travail et ne méritaient pas qu'un idiot bourré fasse de leur vie un enfer. C’est du passé mais je dois admettre que je l’ai fait et que c’était mal, c’était du harcèlement et inexcusable", a tweeté l’un d’eux. "L’admettre ne m’en absout pas ou ne signifie pas que je suis soudainement devenu une personne formidable. Les hommes doivent reconnaître leurs actions", continue-t-il.
...making their lives hell. This was in the past but I still need to acknowledge I did it & it was wrong, it was harassment & inexcusable. — 🎃J D Burroughs🎃 (@_JDBurroughs_) 16 octobre 2017
Un autre a avoué avoir "usé d'un langage misogyne, gardé le silence quand d'autres faisaient des blagues sexistes, été malfaisant et d'aucune aide" pour les femmes victimes.
#IveDoneThat I've used mysogenist language, kept silent when others have made sexist jokes, and been otherwise harmful or unhelpful. — mattboo (@mattinwpg) 17 octobre 2017
Les femmes s'insurgent
Cependant, les témoignages d’hommes tels que ceux-ci sont rares. La plupart des tweets faisant référence à ce hashtag sont en fait écrits par des femmes qui contestent l’initiative, la grande majorité critiquant en effet le fait qu'elle permette aux hommes de se réapproprier la parole et de se replacer au centre des débats.
"Les femmes ont occupé le devant de la scène médiatique pendant presque une journée entière... MAIS QUE PEUT-ON FAIRE ?? - Pas de problème Jean Mich, j'ai la solution !" *plus tard sur Twitter* #ivedonethat — 🦉 Mowso-wl 🦉 (@Mowsolicious) 17 octobre 2017
Le #ivedonethat ça va pas être possible en fait. "mais pourquoi sale féministe?" Eh bien parce que c'est encore ramener le truc à vous — Succube (@_Hysope) 17 octobre 2017
Enfin, beaucoup doutent que le fait de témoigner ainsi sur les réseaux sociaux excusent les hommes de toutes leurs fautes. Elles font également remarquer qu'ils avouent aux yeux de tous leurs crimes, sans risque d'être inquiétés par la justice.
#IveDoneThat mais énorme blague. T’as agressé une nana mais t’es repenti ? Bravo, tu veux un cookie ?! — Lucy 🐙 (@LucyPrs) 18 octobre 2017
Les #IveDoneThat je suis d'avis qu'ils se rendent à la police pour montrer leur soutien au combat féministe — Mariette 🌹 (@murutte) 18 octobre 2017
Confession : je suis pas allée voir sur #IveDoneThat . Pas envie de les voir étaler leur impunité tranquilou. — Marushah (@marushah) 18 octobre 2017
Choses légères sans se faire harceler /menacer, mais des mecs peuvent avouer des délits / crimes tranquille. T'imagines la confiance qu'ils — Alee (@Aleewhale) 18 octobre 2017
sinon @PoliceNationale vous avez littéralement un flion d'aveux de crimes et délits sur #IveDoneThat . vs n'avez qu'à ramasser. Mais on — Marais Salants (@Dr_Bebere) 17 octobre 2017
regardez nous tweeter #metoo avec une honte qui nous suit tous les jours depuis des années, regardez les tweeter #ivedonethat sans honte aucune, sans hésitation aucune, alors que nous sommes les victimes et eux les coupables 🤔 — camille (@showmethewaves_) 17 octobre 2017
Ceux qui tag #IveDoneThat 🚮 Contrairement à ce que vous pensez, faute avouée n'est pas à moitié pardonnée. — Spook-ines 🎃👻 (@bastillemma) 17 octobre 2017
D'autres retournent une remarque qui leur est souvent faite lorsqu'elles racontent la façon dont elles ont été harcelées ou agressées...
#IveDoneThat Eh les gars, vous devriez faire ce que vous avez conseillé aux femmes ces derniers temps : ALLEZ LE DIRE DEVANT LA JUSTICE pic.twitter.com/tAWugpgknB — Véronique Dulac (@LaFeeDuLac) 17 octobre 2017
Si après les révélations dans l'affaire Harvey Weinstein, le silence des hommes et notamment des acteurs hollywoodiens avait été remarqué, les femmes n'attendent pour autant pas d'eux qu'ils déballent leurs états d'âmes ainsi sur les réseaux sociaux.