Interdire le salafisme en France ? La réponse prudente de Manuel Valls à la proposition de NKM

Publié le 20 juillet 2016 à 16h31
Interdire le salafisme en France ? La réponse prudente de Manuel Valls à la proposition de NKM

TERRORISME - La députée de l'Essonne Nathalie Kosciusko-Morizet a développé mercredi à l'Assemblée nationale sa proposition visant à rendre la pratique du salafisme illégale en France pour permettre de lutter contre la radicalisation. Tout en partageant le diagnostic, le Premier ministre s'est montré prudent quant à l'usage de la notion de dérive sectaire invoqué par l'élue.

Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate à la primaire Les Républicains pour la présidentielle, en a fait l'une de ses propositions au lendemain de l'attentat de Nice. Lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la députée de l'Essonne a remis sur la table son idée de "rendre le salafisme illégal" sur le territoire français.

Dans une tribune à L'Opinion, l'élue avait défendu une telle mesure au début de la semaine, estimant que "les chefs islamistes manipulent des esprits faibles" et qu'il fallait "mener la guerre sur deux fronts : contre les têtes pensantes et contre la radicalisation qui leur sert de terreau". "Des mosquées sont prises en main par des individus qui prêchent la haine", a poursuivi la députée mercredi à l'Assemblée nationale, qualifiant ce courant de "dérive sectaire de l'islam responsable de la radicalisation" de certains individus. "Déclarer le salafisme hors la loi, c'est donner une base" au combat contre la radicalisation, a-t-elle conclu.

"Une minorité agissante qui gagne des batailles"

L'analyse de la responsable LR ne pouvait que trouver un écho chez le chef du gouvernement. En avril dernier, Manuel Valls avait en effet ciblé le salafisme, estimant que, tout en étant minoritaire, il était " en train de gagner la bataille de l'islam de France ". Ce qu'il a redit mercredi : "Numériquement, le salafisme ne représente pas un courant fort, mais idéologiquement, c’est une minorité agissante qui gagne des batailles [...] C'est un danger pour le monde musulman et pour la France". Il a également évoqué, dans le même raisonnement, l'autre courant des Frères musulmans.

Pour autant, le Premier ministre a modéré la proposition de la députée. Tout en jugeant nécessaire de le combattre, il a estimé "qu'il n'y a pas de notion de secte en droit" et que "la liberté de conscience est fondamentale" et pourrait être invoquée par les associations concernées pour contester une telle mesure. "Je ne crois pas que ce soit le bon outil", a-t-il notamment estimé à propos de la notion de "dérive sectaire" invoquée par la responsable LR. Il n'a toutefois pas fermé la porte à sa proposition, jugeant qu'il faut "approfondir le débat", notamment sur le second argument invoqué par NKM, "l'atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation". Et de conclure : "L'islam de France a tout son rôle à jouer. A lui de mener le combat pour clairement séparer la réalité de l'islam de France de ces idéologies perverses".

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Vincent MICHELON

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