Intrusion dans la centrale EDF de Cruas-Meysse : 22 militants de Greenpeace évitent la prison ferme

par Mathilde ROCHE
Publié le 28 juin 2018 à 18h06, mis à jour le 29 juin 2018 à 16h25
Intrusion dans la centrale EDF de Cruas-Meysse : 22 militants de Greenpeace évitent la prison ferme

SÉCURITÉ NUCLÉAIRE - La justice a condamné les militants de Greenpeace qui s'étaient introduits dans la centrale de Cruas-Meysse, en Ardèche. Ils voulaient dénoncer le manque de protection des piscines d'entreposage de combustible.

Le  jugement du procès sur la seconde intrusion de centrales EDF par Greenpeace en 2017 a été rendu ce jeudi, au tribunal de grande instance de Privas, en Ardèche. L’organisation Greenpeace France, ainsi que 22 de ses militantes et militants, était poursuivis pour s’être infiltrés dans la centrale de Cruas-Meysse, le 28 novembre dernier. Leur action avait pour objectif de démontrer le manque de protection des piscines d’entreposage de combustible usé des centrales nucléaires d’EDF.

Des peines de sursis et des amendes

19 militantes et militants ont été  condamnés à une peine de quatre mois de prison avec sursis et à une amende de 500 euros. Trois militants - qui avaient déjà du sursis - sont condamnés à quatre mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve de 18 mois, ainsi qu’à une amende de 500 euros également. Greenpeace France est condamnée à une amende de 25 000 euros. Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire de l’organisation, qui était poursuivi pour complicité, a quant à lui été relaxé. Le préjudice moral est fixé à 50 000 euros au profit d’EDF. Le préjudice matériel sera évalué par un expert et sera décidé lors d’une audience en décembre 2018. 

La stratégie d'EDF de réclamer des peines de prison lourde a échoué"
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France

Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, a souligné que “malgré la volonté d’EDF de s’en prendre à nos militants, aucun d’entre eux n’a été condamné à de la prison ferme. La stratégie d'EDF de réclamer des peines de prison plus lourdes et des dommages et intérêts colossaux à Greenpeace pour nous dissuader de dénoncer le risque nucléaire, a donc échoué.” 

Le 26 février dernier, Greenpeace France était déjà jugé à Thionville pour l’intrusion de ses militants dans la centrale nucléaire de Cattenom, en Moselle. Ils y avaient déclenché un feu d’artifice pour alerter sur la forte vulnérabilité de ces bâtiments face à des actes de malveillance. L’ONG a fait appel des décisions prises en première instance et attend désormais la date de la nouvelle audience. 

Yannick Rousselet, contacté par LCI, affirme également que ces procédures judiciaires “ne décourage pas de faire le travail que nous avons toujours fait.” Bien qu’il avoue que l’équipe soit “soulagée” par la décision, “cela ne changera rien à notre stratégie globale qui est de dénoncer les failles de sécurité des centrales nucléaires d’EDF”. 

Quant à EDF, représentés par l'avocat Thibault de Montbrial, contacté par LCI, ils annoncent simplement "prendre acte de la décision sur l’action publique". Concernant l’action civile en revanche, EDF "constate avec satisfaction que la gravité des faits commis par Greenpeace a conduit le tribunal à accorder un montant substantiel de dommages et intérêts". 

Le combat se poursuit au Parlement

Après le combat judiciaire vient désormais le combat au Parlement. Une commission d'enquête de l’Assemblée Nationale sur la sûreté et la sécurité nucléaires remettra son rapport le 5 juillet. Un document très attendu par Greenpeace qui espère que “des mesures concrètes seront imposées à EDF.”


Mathilde ROCHE

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