"Jungle" de Calais : évacuation en suspens, la Belgique ferme sa frontière

Publié le 23 février 2016 à 16h45
"Jungle" de Calais : évacuation en suspens, la Belgique ferme sa frontière

MIGRANTS - Le tribunal administratif de Lille ne statuera pas avant mercredi sur le référé introduit pour tenter d'obtenir un report de l'évacuation. Les migrants campant dans la partie sud de la "jungle" de Calais ont ainsi gagné un peu de répit. Dans le même temps, la Belgique, elle, a annoncé sa volonté de déroger aux accords de Schengen et de fermer sa frontière avec la France.

► Que s’est-il passé ce mardi ?
Dans la matinée, la juge Quemener s'est rendue au camp de la Lande, visitant notamment une église et la Centre d'accueil provisoire (CAP), où sont hébergés 1.200 migrants dans des conteneurs chauffés. Elle a ensuite planché sur le recours suspensif, déposé par 250 migrants et dix associations afin de réclamer la suspension de l'arrêté préfectoral. Ce dernier, pris vendredi, ordonne aux occupants de la zone sud du bidonville de quitter les lieux d'ici mardi soir 20h00. La décision "ne sera pas aujourd'hui", a-t-on appris auprès du tribunal, qui n'avait jamais dit que la juge statuerait immédiatement après la fin de l'audience. La juge doit rendre une ordonnance motivée, ce qui suppose du temps pour la rédiger. Elle devrait être connue mercredi, voire jeudi. Le référé étant suspensif, l'Etat ne peut commencer à faire évacuer le camp.


► Que souhaite le gouvernement ?
L'Etat souhaite réduire à terme la population de la "jungle" à 2000 personnes, contre 3700 selon elle aujourd'hui. Le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas, interrogé mardi matin par Europe 1, a dit souhaiter appliquer "avec humanité" la protection des personnes. Elles "sont en situation de danger aujourd'hui et donc il faut les sortir de cette boue. Vous avez vu ces images, c'est indigne d'un Etat comme le nôtre". Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait lui aussi tenté de temporiser lundi : cette évacuation, qu'il qualifie de "mise à l'abri", se fera "bien entendu en procédant de façon progressive et en privilégiant à chaque instant le dialogue, la persuasion et l'information des migrants". Il s'est dit prêt à "prendre le temps qu'il faut" pour mener à bien cette "étape humanitaire". La préfecture du Pas-de-Calais s'était montrée plus ferme vendredi dans l'arrêté "d'expulsion d'office" d'ici au plus tard mardi 20h00, où elle avait évoqué les "exactions" de migrants et indiqué que "passé ce délai" et "à défaut d'avoir quitté les lieux, il sera procédé à l'évacuation (...) si nécessaire avec le concours de la force publique".

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► La Belgique sur la défensive
La Belgique a annoncé mardi le rétablissement temporaire de contrôles à sa frontière avec la France, pour faire face à un éventuel afflux de migrants quittant la "jungle" de Calais. "On a informé la Commission européenne qu'on va temporairement déroger à Schengen", a indiqué lors d'une conférence de presse le ministre belge de l'Intérieur, Jan Jambon, en référence aux règles de l'espace Schengen de libre-circulation. Depuis plusieurs semaines, les autorités belges craignent un afflux de migrants aux abords du grand port de Zeebruges, d'où partent des ferrys pour la Grande-Bretagne. "On veut éviter à tout prix des camps de tentes "à la Calais" en Belgique. C'est une question de maintien de l'ordre", a déclaré le ministre.

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La rédaction de TF1info

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