La grève des taxis contre UberPOP dégénère : la faute au gouvernement ?

Publié le 25 juin 2015 à 18h37
La grève des taxis contre UberPOP dégénère : la faute au gouvernement ?

DÉBORDEMENTS – L'intersyndicale des taxis rechignait jeudi à se rendre à Matignon pour discuter des mesures prises à l'encontre d'UberPOP, qu'ils accusent de concurrence déloyale. Au même moment, les manifestations dégénéraient dans plusieurs villes de France. Le gouvernement a-t-il su gérer la situation ?

Des chauffeurs de taxi très remontés, des appels au calme inefficaces, une  condamnation tardive des violences  par Manuel Valls et, à l'arrivée, un dialogue bien laborieux. Après les débordements de la manifestation de jeudi, l'intersyndicale des taxis a fini par accepter du bout des lèvres de se rendre au ministère de l’Intérieur après avoir sèchement décliné jeudi une invitation de Matignon. Bernard Cazeneuve aura, lui, tout fait pour déverrouiller une grève explosive (et illimitée), en multipliant les réunions de concertation et, surtout, en promettant à la profession l'interdiction par arrêté du service UberPOP. - lequel sera contesté devant la justice par la société Uber.

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Parmi les rares voix dans l'opposition à dénoncer la gestion de la crise par le gouvernement, le sénateur Roger Karoutchi (Les Républicains) estime ainsi sur Twitter que, "quand on voit ce qui se passe dans notre pays aujourd'hui, on peut se demander s'il y a encore un Etat". D'autres jugent que le gouvernement a laissé "pourrir la situation".

"Le vrai fautif de cette pagaille est le gouvernement, dont le laxisme incompréhensible face à la multinationale Uberpop explique la colère totalement légitime des taxis français", tranche ainsi dans le vif le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), à l'instar de la présidente du FN, Marine Le Pen. Même son de cloche à l'UDI, où le conseiller de Paris Eric Azière accuse le gouvernement, "pompier pyromane", de "jouer le pourrissement de la situation jusqu'à exaspération". En ligne de mire : l'attentisme de l'exécutif rivé à  une décision à venir du Conseil constitutionnel sur UberPOP et des arrêtés d'interdiction annoncés trop tard.

Un "écart" entre les promesses et les actes

"Le gouvernement a une responsabilité forte dans la situation", juge également Yves Weisselberger, fondateur de la société de VTC SnapCar, sollicité par metronews. "Depuis octobre dernier, il fait des déclarations sur l'interdiction d'UberPOP. C'est l'écart entre les promesses et la réalité qui énerve les taxis."

Pour l'heure, le gouvernement doit temporiser en attendant que les Sages du Conseil constitutionnel se prononcent sur une interdiction définitive d'UberPOP. D'ici là, le temps risque de lui paraître très long.


Vincent MICHELON

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