Que faire du corps de Radouane Lakdim ? Le casse-tête de l’inhumation des terroristes

Publié le 26 mars 2018 à 9h42, mis à jour le 26 mars 2018 à 10h50

Source : JT 20h WE

ÉCLAIRAGE - La question du lieu d'inhumation de Radouane Lakdim, qui a tué quatre personnes vendredi dans l'Aude, provoque de nombreuses réactions. Mais que dit la loi au juste ? LCI fait le point.

Une commune peut-elle refuser l'inhumation d'un djihadiste sur son territoire ? À chaque attentat ou presque, la question est posée. Après la série d'attentats perpétrés vendredi dans l'Aude par Radouane Lakdim, l'ancien maire de Carcassonne Jean-Claude Perez a publiquement pris position contre un possible enterrement du terroriste dans la cité fortifiée. "J’espère que les autorités persuaderont la famille de faire enterrer le corps ailleurs qu’à Carcassonne", a-t-il déclaré dans les colonnes de La Dépêche du Midi. "Il ne faudrait pas que sa tombe devienne un lieu de pèlerinage."

Une prise de position partagée par un habitant de Trèbres, là où s'est produit le dénouement des attaques après la prise d'otage du Super U, qui a lancé une pétition proposant d'"interdire les funérailles du terroriste Radouane Lakdim sur Trèbes ou Carcassonne". Mais que dit la loi ? Les autorités peuvent-elles refuser une inhumation ? Les dépouilles peuvent-elles être envoyées à l'étranger ? LCI fait le point.

Que dit la loi ?

L'article L2223-3 du code général des collectivités territoriales limite les lieux d’inhumation à trois possibilités : soit la personne est enterrée dans la commune où elle est décédée, soit dans celle où elle résidait, soit dans celle où se trouve une sépulture de famille. Dès lors qu’un de ces trois critères existe, une commune ne peut pas, en principe, refuser une inhumation.

L'avocat de la collectivité de Mantes-la-Jolie, Me Benoît Jorion, plaide l'inconstitutionnalité de  cette obligation légale faite aux maires d'inhumer ceux qui résident dans leurs communes. Il pointe qu'elle est établie "sans distinction à raison des circonstances qui ont accompagné sa mort". 

Pourquoi certaines mairies refusent ?

Pour justifier son refus, la commune de Mantes-la-Jolie parle de la crainte d'un risque de "pèlerinage" sur la tombe du djihadiste. Une fausse excuse selon le rapporteur public. Il rappelle que les tombes sont systématiquement anonymes pour éviter ce phénomène. Ou que les municipalités peuvent également avoir recours à des dispositions particulières, comme l’interdiction de rassemblement autour d'une tombe précise.

"Il nous semble que le maire de Mantes-la-Jolie devrait autoriser l'inhumation au titre de la sérénité des institutions", a-t-il martelé lors de l'audience. Il a aussi précisé qu'aucun trouble à l'ordre public n'avait été signalé dans les "cimetières ayant accueillis les frères Kouachi (responsables de l'attaque de Charlie Hebdo), enterrés dans la Marne et les Hauts-de-Seine ou Khaled Kelkal (auteur de l'attentat de Saint-Michel en 1995) dans la métropole lyonnaise".

Les djihadistes peuvent-ils être inhumés à l'étranger ?

En 2012, l'inhumation de Mohamed Merah, l'auteur de l'attentat de Toulouse, avait permis de poser cette question. Sa famille souhaitait en effet que sa dépouille soit transférée en Algérie, dont il était originaire. Mais le pays avait émis un avis défavorable. Il avait finalement été enterré dans la banlieue toulousaine.

Plus récemment, l'inhumation d'Hasna Aït Boulhacen, cousine d'Abdelhamid Abaooud et décédée dans l'assaut de Saint-Denis le 18 novembre dernier, avait de nouveau soulevé ce délicat problème. La famille de la jeune femme avait réclamé que sa dépouille soit transférée au Maroc, sans succès. Elle avait finalement été enterrée dans le carré musulman de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis.

En 2016, Larossi Abballa, l’auteur du meurtre d’un couple de policiers en juin 2016 à Magnanville, avait, lui, été inhumé au Maroc après que son possible enterrement en France avait suscité de vives controverses. Le Conseil d’Etat avait alors été saisi.  


La rédaction de TF1info

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