Lait : pourquoi les producteurs lancent la fronde contre Lactalis

Publié le 21 août 2016 à 12h11
Lait : pourquoi les producteurs lancent la fronde contre Lactalis

MOBILISATION - "Étranglés" par des cours très bas, les producteurs de lait ont décidé de faire entendre leur colère à partir de lundi soir, notamment à Laval devant le siège du groupe Lactalis, considéré comme "le plus mauvais payeur" parmi les industriels du secteur. Mais les actions des producteurs de l'Ouest pourraient débuter dès dimanche soir dans plusieurs départements.

La rentrée est amère pour les producteurs de lait, qui s’estiment étranglés par les cours très bas du lait. Alors ils veulent se faire entendre. Et dire leur colère. Pour cela, les producteurs de l'Ouest ont décidé de se réunir lundi soir à Laval, devant le siège de Lactalis, le numéro un mondial des produits laitiers considéré comme "le plus mauvais payeur" parmi les industriels du secteur. 

Dans cette ville de Mayenne, ils ont prévu d'occuper un rond-point proche de l'usine Lactalis et de se relayer chaque jour afin "de tenir dans la durée", selon Franck Guéhennec, de la FDSEA du Morbihan.Objectif  : "faire plier Lactalis", c'est-à-dire obtenir que les négociations reprennent, pour arriver à un juste prix. Dès dimanche soir, des actions pourraient avoir lieu dans d'autres départements

Une crise de surproduction ?

Le groupe Lactalis est accusé de ne pas payer suffisamment les producteurs de lait. Jeudi, le groupe a dénoncé dans un communiqué le "discours irresponsable" du "syndicalisme agricole", et justifie la baisse de ses prix d’achat par "une crise de surproduction". "Il n'y a qu'en France où le syndicalisme agricole refuse la réalité du marché et s'en prend à une entreprise en particulier, avec un discours irresponsable", déplore Lactalis.

Selon le président de la FDSEA de Mayenne, Philippe Jéhan, il faudrait que le prix du lait atteigne 386 euros les 1.000 litres pour qu'un producteur puisse s'accorder un salaire d'un SMIC et demi. "J'espère que Lactalis va revenir à la raison, installer un dialogue avec les représentants laitiers, qu'il écoute les producteurs qui sont à bout", pointe l'agriculteur mayennais qui craint des débordements dans les prochains jours.

"On est dans une situation dramatique"

La colère gronde tout autant en Bretagne : les 256 euros versés par Lactalis ne valorisent pas la production alors que les agriculteurs sont obligés de respecter un lourd cahier des charges, estiment des producteurs de la région de Vitré (Ille-et-Vilaine) qui eux aussi réclament l'anonymat, tant ils craignent une rupture de leur contrat s'ils portent atteinte à l'image du groupe. "Lactalis met en avant le lait français et son savoir-faire dans ses publicités mais on nous paye au prix du laitindien", s'insurge l'un d'eux.

"On est dans une situation dramatique", résume Pascal Clément, président de la section laitière de la FRSEA/Ouest. "Et elle continue de se dégrader", alors que "les groupes laitiers ont fait des résultats en très forte hausse l'an dernier".

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La rédaction de TF1info

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