"Le Canard enchaîné" : cent ans de pavés dans la mare

par Nicolas VANEL
Publié le 10 septembre 2015 à 19h00
"Le Canard enchaîné" : cent ans de pavés dans la mare

CENTENAIRE – Le Canard enchaîné fête ce jeudi ses 100 ans. Une longévité exceptionnelle portée par un style unique et des révélations fracassantes que "metronews" retrace à travers cinq affaires marquantes.

► La feuille d'impôts de Chaban-Delmas
En novembre 1971, l'hebdomadaire révèle le montant particulièrement faible de l'impôt sur le revenu dont s'est acquitté le Premier ministre de l'époque, Jacques Chaban-Delmas. L'affaire rebondit quelques semaines plus tard, quand le palmipède révèle que le pensionnaire de Matignon n'a pas payé d'impôts entre 1966 et 1969 grâce à une mesure adoptée en 1965 pour le moins inégale. L'affaire coupe la route de Chaban à la présidentielle de 1974.

► L'affaire des "plombiers" du Canard
Cette fois, les révélations du Canard portnt...e sur le Canard lui-même. C'est par hasard qu'éclate l'affaire au gré d'une ballade nocturne. Le 3 décembre 1973, le dessinateur du journal satirique Escaro passe devant les futurs locaux en travaux du journal au 173 rue Saint-Honoré. Le dessinateur repère une activité suspecte à l'intérieur du bâtiment. Pénétrant dans l'immeuble, il tombe nez à nez avec une équipe de "plombiers" manifestement plus occupés à poser des micros que des robinets. Après avoir titré " Oh ! Marcellin, quelle Watergaffe ! ", du nom du ministre de l'Intérieur de l'époque, l'enquête du quotidien sort un par un le nom des faux plombiers (mais vrais policiers de la DST) soupçonnés d'être impliqués. L'affaire aboutira cependant finalement à un non-lieu.

► L'affaire des diamants de Bokassa
Emblématique des révélations du Canard, l'affaire des diamants de Bokassa éclate le 10 octobre 1979. En une, l'hebdomadaire publie un document tout aussi liminaire qu'édifiant signé du potentat centrafricain fraichement renversé. Il porte sur une plaquette de diamants de 30 carats offerte en 1973 au ministre des Finances de l'époque Valéry Giscard d'Estaing, devenu président de la République. Ces révélations, et sans doute la distance qu'entretient VGE avec le scandale, lui coûte sa réélection en 1981 alors même que des soupçons de manipulations pèsent sur l'affaire.

► Le prêt de Pierre Bérégovoy
Le parcours irréprochable du Premier ministre de François Mitterrand, Pierre Bérégovoy, se fracasse aux premiers jours de février 1993 quand sort la révélation du Canard sur un prêt d'un million de francs (environ 150.000 euros), sans intérêt, octroyé en 1986 au député de la Nièvre par un industriel proche de François Mitterrand, Roger-Patrice Pelat. Cette somme enregistrée chez un notaire a permis à l'élu d'acheter son appartement parisien. Trois mois après l'éclatement de l'affaire qui porte préjudice à la probité du Premier ministre et alors qu'il a quitté Matignon, Pierre Bérégovoy se suicide sur les bords d'un canal de la Nièvre.

► L'affaire Tiberi
En pleine législative de 1997, le Canard se fait l'écho d'une fraude électorale présumée de grande ampleur à Paris, dont le maire est alors le proche de Jacques Chirac, Jean Tiberi. Au terme de 4 mois d'enquête, les journalistes de l'hebdomadaire dévoilent 800 faux inscrits sur les listes parisiennes. L'enquête judiciaire en révélera plus de 3000. En 2013, les époux Tiberi sont condamnés à dix mois de prison avec sursis et trois ans d'inéligibilité.

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Nicolas VANEL

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