"Le happy slapping, c’est la banalisation de la violence"

Anaïs Condomines
Publié le 15 septembre 2015 à 19h43
 "Le happy slapping, c’est la banalisation de la violence"

TROIS QUESTIONS A - A l’occasion de la sortie du livre-témoignage "Mon fils victime de happy slapping", ce phénomène revient sur le devant de la scène. Metronews a interrogé Christian Papilloud, sociologue spécialiste des innovations technologiques à l’université de Halle, en Allemagne.

Y a-t-il une définition au happy slapping ?
C’est un acte de violence qui a beaucoup évolué depuis le début du phénomène, qu’on situe vers la fin des années 1990. Il s’agissait alors davantage d’un geste de provocation, de déstabilisation, que de violence grave. Puis, le happy slapping connait un pic dans les années 2004, en montrant des images beaucoup plus violentes, voire criminelles. Certaines vont jusqu’au viol. A chaque fois, ces films sont diffusés sur internet, sur des forums publics ou des réseaux sociaux.

Est-ce l’apanage des ados dans la cour de récréation ?
Non, des adultes sont aussi victimes et acteurs du happy slapping. Seulement, le phénomène devient extrêmement médiatisé en France et en Angleterre à partir du moment où il s’illustre dans les cours d’école. Même s’il reste très marginal (d’ailleurs, aucune statistique n’existe sur le sujet, ndlr) le happy slapping sert à renforcer les discours sécuritaires autour de l’école et de l’utilisation du smartphone.

Aujourd’hui, on parle moins du happy slapping. C’est passé de mode ?
Selon moi, le happy slapping n’est pas une mode. C’est plutôt le signe plus profond d’une banalisation de la violence dans notre société. Parce que certains cas ont été très médiatisés, le phénomène est devenu viral. En réalité, il est et devrait rester sporadique. Pour autant, certaines nouvelles méthodes s’inscrivent aujourd’hui dans la continuité de cette forme de brutalité, comme le "revenge porn" ou encore le cyber harcèlement. Le but : ternir la réputation des internautes à grande vitesse, via les réseaux sociaux.

EN SAVOIR + >> Happy slapping : "Mon fils a vécu l'enfer"


Anaïs Condomines

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